Il est le premier "premier ministre" français à se rendre au Canada, après Jacques Chirac en 1987. C'est d'une France qui gagne qu'Alain Juppé est venu parler aux Canadiens, lors d'une visite de trois jours consacrée à célébrer l'amitié franco-canadienne - mais axée majoritairement sur le plan économique. "Chez vous comme chez nous, la France souhaite développer considérablement d'ici l'an 2000, sa présence sur marché". D'où l'aréopage de chefs d'entreprises français qui font partie du voyage. A Ottawa première étape - politique de bons procédés oblige - Alain Juppé a dû adapter son discours au public de la capitale administrative du pays qui vit sous le régime d'un bilinguisme sourcilleux.

Du reste, le gouvernement et son administration, esentiellement anglophones, donnent à Ottawa son cachet. Sans se laisser impressionner par ces signes manifestes d'assimilation au grand voisin nord-américain. Alain a voulu convaincre ses hôtes que la France constitue spécialement pour eux "la meilleure porte d'entrée en Europe". Pour convaincre, Alain Juppé bénéficiait de quelques atouts, au 1er rang desquels, son rôle majeur dans le réglement de la crise yougoslave. Ce qui lui a valu, du reste, la distinction suprême de l'université d'Ottawa, la plus grande université bilingue du pays. Cérémonie durant laquelle prévalurent la chaleur amicale et la bonne humeur, auxquelles la réception initiale de son homologue canadien. Jean Chrétien avait pavé la voie. Au Québec, bien entendu, neuf mois après le "non" au référendum sur l'indépendance, Alain Juppé a assuré les habitants enthousiastes de la "Belle Province" que la France, "quel que soit le destin que vous choisirez sera à vos côtés". Donc après l'escale confite de prudence diplomatique à Ottawa, le chef du gouvernement français avait choisi le fief du leader indépendantiste Lucien Bouchard pour rendre hommage aux pionniers et aux batisseurs du Québec. En réponse, celui-ci a souligné que l'actuel chef de l'Etat français et son Premier ministre s'inspirent de l'héritage du fondateur de la 5ème république, un homme qui suscite au Québec le plus profond respect!