L’EXHORTATION APOSTOLIQUE COURONNE LE SYNODE POUR LE LIBAN |
Tout
est mis en place pour réserver au Souverain Pontife un accueil digne
de sa personne, le compte à rebours approchant de son terme. Toute
la République est mobilisée pour garantir le succès
d’une visite présentée comme «un acte de foi dans un
Liban convivial». L’armée libanaise est mise en état
de «mobilisation totale», 20.000 hommes de troupes - sur les
50.000 que compte la Grande Muette - devant assurer la sécurité
du Saint-Père. Le temps fort de son séjour se situera dimanche
matin au moment où il célèbrera une messe solennelle
sur cette esplanade jouxtant la capitainerie du port de Beyrouth (notre
photo).
Il a été beaucoup dit ces dernières semaines et beaucoup d’encre (et de salive) coulera autour de la “visite pastorale à portée humaine et spirituelle” du Souverain Pontife. Précisons, tout d’abord, que le Saint-Père vient dans notre pays, à l’effet de rendre publique “l’exhortation apostolique” devant couronner l’appel du synode pour le Liban. “L’exhortation” et “l’appel” sont, en fait, deux documents complémentaires en ce sens que le premier confirme le second. Tous deux traitent de questions de caractère religieux, social et national, consignées dans cinquante recommandations; ils comportent des appels aux hommes d’Etat et à toutes les fractions du peuple. De plus, les deux documents exposent les résultats du synode et engagent les Libanais à préserver, en le consolidant, le désir de vivre en commun, le pays des cèdres étant considéré par S.S. Jean-Paul II comme un message de coopération fraternelle entre les communautés et un exemple vivant de convivialité entre les religions. Cela dit, il sied de rappeler que certains points du communiqué final du synode avaient suscité des réactions hostiles, conséquence vraisemblable d’une fausse interprétation du texte diffusé au terme des délibérations. Il s’agit du passage où il est question du retrait des troupes syriennes stationnées en territoire libanais et de celui relatif au pluralisme culturel. En ce qui concerne le premier point, il y a lieu de signaler que Mgr Tauran, chef de la diplomatie vaticane, s’est rendu dernièrement à Damas, sans doute afin de placer les responsables syriens dans le climat de la présence du chef de la catholicité dans nos murs, sa visite n’étant nullement dirigée, comme d’aucuns pourraient l’imaginer, contre la Syrie. Au contraire, le Saint-Siège connaît le rôle dont s’acquitte ce pays voisin au Liban; aussi, se propose-t-il de coopérer avec la Syrie aux fins d’aider le nôtre à dépasser sa crise, en commençant par amener les Libanais à s’aider eux-mêmes... Les participants au synode avaient, rappelons-le, développé le point de vue ci-après avant de rédiger le passage du communiqué final concernant la présence syrienne dans nos murs: nul ne peut nier le rôle de l’armée syrienne dans le rétablissement de la sécurité et de la paix civile au Liban. Cependant, les Libanais sont tenus d’assumer eux-mêmes leur responsabilité nationale, en restructurant leur armée de manière qu’elle puisse se déployer sur l’ensemble du territoire national et prendre la relève des troupes syriennes. Quant au pluralisme culturel, il a ravivé certaines susceptibilités, résultant également d’une incompréhension du texte, alors que la diversité des cultures pour un pays comme le nôtre constitue une source de richesse. Naturellement, le pluralisme suscite au sein d’une fraction de notre peuple, on sait laquelle, des appréhensions en rapport avec le confessionnalisme, lequel doit être dissocié de la politique. En réalité, le déséquilibre affectant notre société civile, provient du fait que cette dernière pâtit toujours du “règne des personnes” et il en sera ainsi tant que l’Etat de droit - celui des institutions - ne sera pas instauré. Tout compte fait, l’exhortation apostolique que le Saint-Père rendra publique ce samedi, au cours de sa rencontre avec la jeunesse libanaise à la basilique Notre-Dame à Harissa, dissipera toutes les craintes et toutes les réticences. |