Rome
est le meilleur observatoire du monde. Si tous les chemins y mènent,
tous en partent, également, pour porter au loin le rayonnement de
la plus haute puissance morale de l’Univers. Celle de la papauté.
Dans ce milieu riche de traditions et d’expériences à la
tête d’une chrétienté répandue aux quatre coins
du globe et dont l’influence est considérable en raison de ses 1.060.000.000
(1 milliard 60 millions) de catholiques et ses presque 2.000.000.000 (2
milliards de Chrétiens) avec des moyens d’information uniques, nul
n’est mieux ou plus qualifié que le Pape pour parler de la paix.
Sa Sainteté a l’autorité d’un voyageur qui a bien regardé
et sait à quelles conditions on peut établir cette paix.
Il sait aussi dénoncer les fautes qu’il ne faut pas commettre pour
éviter de la compromettre.

Le Pape , reçu selon la tradition libanaise avec
de l’encens... Pourtant, ces effluves ne montent pas à la tête
du souverain pontife qui demeure un être simple et bon.
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Sa Sainteté a à ses côtés son
secrétaire particulier Mgr Stanislav Dziwisc, qu’il connaît
depuis 40 ans.
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Les bannières qui com-mémorent la visite
historique du pape, avec les dates du 10 et 11 mai 1997.
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Jean-Paul II et le cardinal patriarche Sfeir: presque
jumeaux. Le pape est né le 18 mai 1920 et le cardinal Sfeir le 15
mai 1920.
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LA DIVINE SYMPHONIE
Le peuple libanais qui aime l’allégresse, les cloches, les cérémonies,
les chants et les danses; qui sait applaudir de jeunes “loups” et de vieux
pontifes a acclamé avec frénésie et un enthousiasme
extraordinaires l’arrivée de “l’Homme en Blanc”, venu avec un rameau
d’olivier, ainsi que la délégation qui l’accompagne! Une
nouvelle page s’ouvre pour le Liban. Pour une fois, il ne s’agit pas d’argent,
d’accords économiques et financiers. A chaque étape des heures
libanaises de Jean-Paul II, cela a été la même bousculade,
la même frénésie, le même élan. Jean-Paul
II galvanise, électrise, il suscite des flammes dans les yeux des
jeunes, quant à Lui, il irradie la lumière avec sa chaleur
spontanée, qui lui fait ouvrir les portes du “papamobile” sous les
yeux affolés des membres de la sécurité. Tout est
là... Jean-Paul II court le monde pour aider les chrétiens
qui l’appellent. “Je ne visite pas des régimes... Je vais à
la rencontre de peuples” avait-il répondu à André
Froissard qui “suggérait” qu’il n’était peut-être pas
de bonne politique de visiter des pays dont il n’approuvait pas les régimes.
“Je veille pour raccommoder”, répète inlassablement le Pape.
Il ne suit pas aveuglément la diplomatie traditionnelle et se méfie
de l’audace irréfléchie, mais il ose. Il ose ce qu’aucun
autre chef d’Etat ne pourrait oser. Mais ose avec tact et diplomatie, il
a le don de faire passer les messages. Il a cette maîtrise de soi,
cette discrétion, ce savoir-faire et, surtout, ce sourire et l’art
de communiquer. En fait, tant au Liban qu’ailleurs, le voyage du Pape a
été un voyage triomphal. Jean-Paul II a le sens de l’humour.
Il sait faire naître le meilleur dans l’homme. A tous ceux qui lui
souhaitent “Joyeux anniversaire”, il répond en sotte vocce: “Pas
si vite; ne me vieillissez pas de huit jours...”
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“FAITES TOMBER LES MURS, CONSTRUISEZ DES PONTS”
Cette visite de trente-deux heures a sorti les Libanais de leur apathie
(surtout les chrétiens) de leur état de désespoir
et leur a fait retrouver leur sentiment de dignité. Dire que l’accueil
réservé au Pape a été triomphal, c’est rester
en deçà de la vérité. Jean-Paul II accepte
les hommages comme ne s’adressant pas personnellement à Karol Wojtyla,
mais à Celui qu’il représente sur terre et au Christ à
travers lui. Il a toujours refusé ce qui pouvait être considéré
comme s’adressant à sa personne même. Jean-Paul II superstar?
Si l’on veut. “John-Paul Two We love you” scandent les présents
en chœur. Jean-Paul II sourit. Il comprend, il a compris les Libanais,
les a compris tous. Le voyage de Jean-Paul II au Liban s’est avéré
être le choc qui a transformé les consciences et libéré
les meilleurs réflexes des Libanais. “Le chrétien est joyeux”
écrit Bernanos. Et c’est bien cette joie qui vient du dedans, cet
espoir qui éclaire les cœurs, qui laisse présager un avenir
radieux. Pourvu que les bonnes volontés s’y mettent, pourvu que
les Libanais persévèrent dans cet élan, dans ce message
adressé aux chrétiens et aux musulmans “Aimez-vous les uns
et les autres, comme je vous aime”.
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