Joie belle étincelle divine qui pétille
dans les cieux... “Aujourd’hui je salue le Liban (...) Ces circonstances
me permettent d’être sur votre terre pour la première fois
et de dire l’amour que l’Eglise et le siège apostolique portent
à votre nation, à tous les Libanais.” C’est en ces termes
empreints d’une vive émotion que le Souverain Pontife s’adresse
aux cinq cent mille personnes venues de tous les coins du Liban et même
du monde pour l’écouter, le voir, l’acclamer. Le courant est vite
passé entre Jean-Paul II et les croyants de tous les rites, de toutes
les communautés qui se trouvent sur le terrain de la Place des Martyrs
et de la base navale. C’est la plus grande foule qu’ait jamais connue le
Liban. Ils sont venus du Brésil, de Chypre, de Jordanie, du Canada,
de Syrie, de France, d’Australie, des Etats-Unis pour vivre au Liban les
deux jours historiques de la visite de l’Homme en Blanc. Le message d’espérance
du Saint-Père est parfaitement reçu par la foule.

Jean-Paul II en compagnie des prélats qui ont concélébré
la
messe avec lui. A ses côtés Mgr Boulos Matar, archevêque
maronite de Beyrouth. Plus de 1200 prêtres étaient présents.

L’arrivée triomphale de Sa Sainteté avec
le cardinal Sfeir. La «papamobile» est recouverte de pétales
de roses jaunes et blanches. Le Saint-Père a ouvert les fenêtres
de son véhicule pour pouvoir saluer de plus près la foule.
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Le président du Conseil, M. Rafic Hariri et son
épouse Nazek qui ont suivi avec attention et émotion toute
la cérémonie. Derrière eux M. Elie Ferzli, vice-président
du parlement.
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Le président de la République et Mme Elias
Hraoui au cours de la messe. Une chaleur naturelle ajoutée à
la chaleur de l’ambiance, ont fait «griller» les cœurs et...
les têtes. Derrière eux, le ministre d’Etat M. Michel Eddé.
«Désormais nous ne serons jamais plus les mêmes»,
ont dit les Libanais.
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Le chef du Législatif M. Nabih Berri et son épouse
Randa au cours de la messe.
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“ASSALAM LAKOM”
Le dos tourné aux ruines du centre-ville, le Pape a salué
les fidèles en leur lançant en arabe: “Assalam Lakom”. Après
le mot de bienvenue du cardinal-patriarche Sfeir (publié in extenso
plus loin). Le Pape a demandé aux Libanais de hâter la réconciliation,
de l’achever, d’inaugurer une nouvelle page de l’Histoire du Liban. Jean-Paul
II a, également, souligné que le Liban “pays biblique a eu
le privilège extraordinaire d’avoir eu le Christ comme “premier
évangélisa-teur”, ce pays ayant été pendant
de très nombreuses années un modèle de convivialité
et de co-existence. “Nous voulons dire au monde l’importance du Liban et
l’importance de sa mission au long des siècles.”
JEAN-PAUL II: “LES SOUFFRANCES DES ANNÉES
PASSÉES NE SERONT PAS VAINES”
Sur demande libanaise, Jean-Paul II a fait un ajout dans son
homélie évoquant la question du Liban-Sud et la crise au
Proche-Orient déclarant: “Parlant de Tyr et de Sidon, je ne peux
omettre de mentionner les grandes souffrances que connaissent leurs populations.
Je demande aujourd’hui à Jésus de mettre fin à ces
douleurs. Et même j’implore de lui la grâce d’une paix juste
et permanente au Proche-Orient dans le respect des droits et des aspirations
de tous.” Soulignant que la messe est célébrée dans
les ruines du cœur historique de Beyrouth, le Pape s’est déclaré
convaincu “que les souffrances des années passées ne seront
pas vaines”. “Elles fortifieront votre liberté et votre unité”,
a-t-il dit. A la fin de la messe et avant de remettre le texte de l’exhortation
apostolique aux patriarches, évêques, supérieurs et
supérieures de congrégations religieuses et laïques,
le secrétaire général au Liban, Mgr Cyrille Bustros,
a lu de sa voix forte un texte retraçant les différentes
phases du synode et exhortant les fidèles à se réjouir,
déclenchant un tonnerre d’applaudissements. Le texte de l’exhortation,
relié de cuir rouge, a ensuite été remis à
ses destinataires. La messe est le point culminant, l’apothéose
des 32 heures de la visite du Pape au Liban. Les gens ont les larmes aux
yeux. Nombreux sont ceux qui ne veulent pas quitter la vaste esplanade,
entonnent des chants et des cantiques. On entend souvent l’“Hosanna” du
Dimanche des Rameaux. Au moment où le Pape dit: “Donnez-vous le
salut de la Paix”... tout le monde obéit à cette invite et
on voit pour la première fois des personnes émues qui saluent
d’autres inconnues comme des frères. Ce sont les cœurs qu’a fait
parler Jean-Paul II. Il est difficile devant une telle assemblée
de penser que ces mêmes personnes ou des membres de leurs familles,
de leurs clans se soient entretués au cours des précédentes
années, d’un passé si proche et qui semble pourtant révolu.
NOTRE DAME DU LIBAN, SAINT MARON, SAINT CHARBEL
ET SŒUR RAFKA
A la fin de la messe, Jean-Paul II qui voue une affection filiale à
la Vierge Marie, lui adresse une prière ainsi qu’aux Saints du Liban:
Saint Maron, Saint Charbel et la Bienheureuse Rafka. Jean-Paul II a, également,
annoncé qu’il souhaitait pouvoir très prochainement béatifier
le père Hardini, un moine et prêtre maronite du XIXe siècle,
qui a occupé, entre autres, la fonction de maître de novices,
parmi lesquels se trouvait Saint-Charbel. Il a imploré Notre-Dame
du Liban à protéger les fils et les filles du Liban et demandé
à la Vierge de “réconforter avec son affection maternelle
les plus pauvres, ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur cœur,
les prisonniers et les réfugiés.” “Notre-Dame du Liban veille
sur le peuple tout entier qui vit sur cette terre si éprouvée.
Le successeur de Pierre, venu ici porter à tous un message de foi
et d’espérance, te le confie”. a poursuivi Jean-Paul II, souhaitant
qu’“au seuil du nouveau millénaire, se réalisera la prophétie
d’Isaïe: dans peu de temps, très peu de temps, le Liban se
changera en verger, et le verger sera pareil à une grande forêt.”
“Sainte Vierge, accorde à ce peuple aux antiques racines et pourtant
toujours jeune qu’il reste le digne héritier de son illustre histoire
qu’il bâtisse avec dynamisme son avenir, dans la dialogue entre tous,
le respect mutuel entre les différents groupes, la concorde fraternelle.
Reine de la paix, protège le Liban, Reine de la paix, nous te prions,
écoute-nous.” a conclu le Souverain Pontife.
“LE LIBAN, LA PATRIE JUSTE DE TOUS LES LIBANAIS”
Le compte à rebours a commencé. Il ne reste pour le Saint-Père
que sept heures avant de s’envoler pour Rome. Sept heures qui passent comme
un rêve... Les gens sont nostalgiques. Ils ne quittent pas des yeux
la “papamobile” qui s’éloigne. Ils sont émus, mais la joie
est au cœur. Tous ont compris, ou du moins on l’espère, que “la
coexistence est indispensable pour que le Libanais puisse vivre sa Foi”,
qu’elle soit catholique, chrétienne ou musulmane. Un groupe de jeunes,
parmi eux de nombreux scouts entonnent le chant des adieux, repris par
le dernier carré des fidèles, tous fiers de pouvoir dire:
“J’étais là...” “Oui nous nous reverrons mes frères
ce n’est qu’un au-revoir...” (...) “Car Dieu qui nous voit tous ici saura
nous réunir...”
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