Dans le cadre de la commémoration de la fête des martyrs du 6 mai 1916, une double cérémonie a eu lieu successivement à Sin el-Fil et au cimetière de Bachoura, marquée par des dépôts de gerbes et des allocutions de circonstance. Ces deux cérémonies du souvenir étaient organisées par le comité national pour honorer nos martyrs de la première guerre mondiale, victimes des Ottomans, présidé par M. Sami Abdel-Baki, en collaboration avec les familles des martyrs. C’est dans l’enceinte de la maison natale du père Youssef Al-Hayek à Sin el-Fil (aujourd’hui «centre socio-culturel Dr Salim Hayek», fils du martyr) qu’a eu lieu une simple et émouvante cérémonie commémorative. Après avoir déposé une gerbe de fleurs au pied du monument du père Hayek, le président du comité, M. Sami Abdel-Baki a évoqué le souvenir du premier martyr du Liban (dès 1915). A son tour, M. Emile Rami, au nom de la localité de Sin el-Fil, a rendu hommage en termes émouvants à la mémoire et au courage du père Youssef Al-Hayek. Voici comment le journal parisien «Le Temps» du 18 mai 1915 relatait la mort courageuse du père Hayek, pendu sur ordre du représentant de la Sublime Porte, Djemal Pacha, le sanguinaire: «... La potence fut dressée sur la Grand’ Place de Damas où des milliers de soldats s’étaient massés. Le condamné arrive au milieu d’une haie de gendarmes, sabre au clair. et d’un détachement de cavalerie. Le commandant s’approcha de lui et lui demanda d’acclamer le Sultan et les deux empereurs alliés: «Vive la France, l’Angleterre et la Russie», répondit le condamné... On le fit monter sur un escabeau et la corde lui fut passée au cou. De nouveau, le commandant réitéra ses sollicitations. «Que l’iniquité de ma mort retombe sur la tête de ses auteurs!», clama de toutes ses forces le prêtre maronite. «Je meurs fidèle à notre foi et à nos traditions nationales. Vive la France! Vive la France! Vive la France!». Et il repoussa lui-même du pied l’escabeau.» Ainsi meurent les héros. J.D. |