CANNES 97

LE PLUS GRAND PLATEAU DE CINEMA
avec une trentaine de lauréats de la «palme d’or» réunis pour la journée du cinquantenaire


Dolores Chaplin et Julie Depardieu au cocktail de “Stars and Diamonds”.


L’acteur Dennis Hopper et son épouse. .


Le membre du jury Tim Burton et son épouse portant une fourrure de renard rose.

On n’avait jamais vu cela. Autant de «Palmes d’or» réunies sur une même scène, celle du palais des festivals à Cannes pour célébrer le cinquantenaire du Festival international du film: Cela se passait dimanche 11 mai, cinq jours après la cérémonie d’ouverture; un dimanche exceptionnel tout au long duquel, on célébra la «journée du cinquantenaire» et qui se prolongea tard dans la nuit. Ce fut l’apothéose avec la remise de «la palme d’or des palmes d’or».

UNE PREMIERE
avec chirac Une journée dominicale richement programmée qui débuta par l’arrivée du président Jacques Chirac sur la Croisette. Une première, puisque jamais avant lui un président de la République en exercice n’était venu au Festival. Toutefois, François Mitterrand y fut reçu officiellement deux fois: en 1949, comme secrétaire d’Etat à l’Information, et en 56, comme Garde des Sceaux. Si le président Chirac a ainsi innové, il n’a toutefois pas effectué de montée des marches comme prévu à l’origine, alors qu’il devait assister le soir à la cérémonie commémorative du 50ème anniversaire du Festival. La dissolution de l’Assemblée nationale a réduit sa présence à Cannes, à un seul déjeuner avec les membres du jury et les Palmes d’or invitées. Le président avait Isabelle Adjani à sa droite et l’actrice chinoise Gong Li à sa gauche. A la table du président figuraient, également, quelques Palmes d’Or: Mike Leigh (1996), Andrzej Wajda (1981), Costa Gavras (1982), Lakhdar Hamina (1975), Martin Scorsese (1976), Claude Lelouch (1966) et Francis Ford Coppola qui fit rouler la conversation sur le vin californien dont il est aussi producteur. D’autres Palmes d’Or (vingt-huit en tout) occupaient deux autres tables que le président honora un moment de sa présence, selon un usage tournant qui n’est pas seulement réservé à la société politique. Avant de quitter Cannes, le président Chirac a tenu à dire à ses hôtes tout l’intérêt qu’il porte au Septième art et a mis l’accent sur l’importance du cinéma dans «l’image de la France» et dans sa culture, «ce par quoi elle est connue et aimée».


Premier président de la République reçu au Festival,
le président Jacques Chirac est entouré de la présidente du jury
Isabelle Adjani et de l’actrice Gong Li (à droite).

LA FINE FLEUR DU CINEMA
Cette journée commémorative a atteint son apogée avec la brillante soirée de gala qui a réuni à Cannes la fine fleur du cinéma et donné lieu à un impressionnant défilé de vedettes. Les grands noms du Septième art figuraient à tour de rôle: Robert Altman, Jeanne Moreau, Polanski, John Boorman, Scorsese, Coppola, Anjelica Huston, Liv Ullmann, Milos Forman, Bertolucci, Charlton Heston, Kenneth Branagh, Jane Campion, Chen Kaige, Claudia Cardinale (en rouge flamboyant), Isabelle Adjani (en tailleur jaune et noir), Andie McDowell, Gérard Depardieu, Carole Bouquet, Jeremy Irons, Victoria Abril, Sydney Pollack... Le cinéma du monde entier était ainsi représenté par ses figures de proue réunies l’espace d’une soirée! Celle-ci commence avec le ballet de Philippe Decouflé qui, à travers les prouesses de ses danseurs, rend hommage au Septième art, au temps du muet et du noir et blanc aux lumières tremblotantes mais, aussi, avec des jeux sur le regard et le cadre, l’image et le reflet. Moment d’émotion quand Jeanne Moreau, l’incontournable maîtresse de cérémonie, rutilante en tailleur écossais semé de pièces d’or, invite sur scène vingt-neuf cinéastes palme d’or, faisant l’appel en commençant par: «cinéaste français, 1961, «Une aussi longue absence», «palme d’or, André Colpi» jusqu’à «cinéaste anglais, 1996, «Secrets and Lies» (Secrets et mensonges), Mike Leigh». Ils forment tous un plateau impressionnant formidablement ovationné par l’assistance. Autre moment d’émotion, la remise de «la palme d’or des palmes d’or» décernée par ses pairs à Ingmar Bergman et remise (en l’absence du maître) à sa fille Linn Ullmann par sa mère Liv Ullmann, en présence d’une des grandes actrices bergmaniennes Harriet Andersson. En recevant le trophée qui couronne toute l’œuvre du cinéaste suédois, la fille de Bergman, a lu ce message: «Après avoir tant joué avec des images de vie et de mort, la vie m’a rattrapé et je me sens timide et fragile. Je suis très honoré et, avec humilité, je vous dis merci». Une cérémonie sobre, chargée d’émotion et réussie.

DES PRONOSTICS DIFFICILES
Côté projections, après la soirée d’ouverture avec le «Cinquième élément» de Luc Besson, la compétition officielle a été ouverte par Gary Oldman dans sa réalisation «Nil by mouth», et Marco Bellochio avec son «Prince de Hombourg». Ils ont été suivis de «Western», du Français Manuel Poirier et de «Welcome to Sarajevo», du Britannique Michael Winterbottom. Un moment d’émotion a été la projection-hors compétition - de «Voyage au début du monde», du Portugais Manoel de Oliveira, le dernier film tourné par Marcello Mastroianni, décédé en décembre. Egalement hors compétition, «Black Out» de Abel Ferrara a provoqué un élan de curiosité, puisque le top model Claudia Schiffer y fait ses débuts à l’écran aux côtés de Béatrice Dalle, Matthew Modine et Dennis Hopper, également à l’affiche du film. Si «Hamlet» de Kenneth Branagh a été présenté hors compétition, par contre «l’Anguille» marque le retour de Shosei Imamura dans la course à la Palme d’Or, ainsi que «The Ice Storm» de Ang Lee (où Sigourney Weaver est une «femme libérée» et «The End of violence» de Wim Wenders qui part (timidement) en croisade contre la violence à partir de petits épisodes, loin de toute logique. Après cette première série de projections, le 50ème Festival de Cannes a atteint une bonne vitesse de croisière. Toutefois, les pronostics restent encore difficiles en ce qui concerne l’attribution de la «Palme d’Or». Les jeux sont loin d’être faits.

JEAN DIAB


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