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APRÈS L’EXHORTATION APOSTOLIQUE...

Après la signature et la publication à Beyrouth par S.S. Jean-Paul II de l’exhortation apostolique couronnant le synode pour le Liban, une controverse a été amorcée, laissant entendre deux sons de cloche. Fait à signaler: après avoir émis des réflexions quelque peu acerbes dimanche soir après le départ du Souverain Pontife, l’imam Mohamed Mahdi Chamseddine, président du Conseil supérieur chiite, a atténué lundi ses critiques, relevant dans le document papal des éléments positifs.

L’exhortation apostolique dont les grandes lignes vont dans le sens du communiqué final du synode pour le Liban, prouve que S.S. Jean-Paul II est bien informé de nos problèmes nationaux dans tous les domaines, autant que de la situation des Eglises d’Orient qu’il s’emploie à rapprocher. Le document papal ravive l’espoir en un avenir meilleur des Libanais, lesquels ne se sont pas complètement relevés de la sale guerre, dont ils n’ont pas encore effacé toutes les séquelles. Le Saint-Père a mis le doigt sur les maux à guérir, les blessures à panser pour en hâter la cicatrisation, les énumérant par ordre d’importance: l’occupation israélienne du Sud et de la Békaa ouest, la crise économico-sociale, le cas d’une fraction de notre peuple frustrée de ses droits, la présence de forces non-libanaises sur notre territoire, etc... Aussi, a-t-il insisté sur l’importance du dialogue intercommunautaire. Le communiqué final du synode avait fait état de la “présence de troupes syriennes” dans nos murs, ce qui avait suscité des réactions hostiles dans certains milieux, on sait lesquels, pour avoir mal interprété ce passage, pourtant clair, du texte synodal et celui ayant trait au pluralisme culturel... L’exhortation apostolique s’abstient de citer, nommément, ces troupes, s’en tenant à l’expression “présence de forces non libanaises”. Le Souverain Pontife a, également, mis l’accent sur la “nécessité de sauvegarder les droits du citoyen et de les respecter sur base de la justice”. Invité à émettre son opinion à propos de ce point de l’exhortation apostolique, un responsable (libanais) s’est contenté de répondre; “Nous approuvons la déclaration de Sa Sainteté, d’autant qu’il engage les Libanais au dialogue, à raffermir la vie en commun et l’unité nationale, sans dresser entre eux de nouvelles barrières, mais à tourner le regard vers l’avenir... D’ailleurs, telle est notre tendance sur le plan officiel” (sic). Sans commentaire! Pour en revenir au passage du document papal relatif à la présence de “forces non-libanaises”, il n’a pas manqué, comme nous le craignions, de relancer la controverse au plan national. En effet, dès le départ du Saint-Père, deux personnalités ont fait entendre deux sons de cloche différents, donnant ainsi le point de départ d’une polémique qui risque d’aller crescendo et de s’amplifier, s’il n’y est pas mis un terme. Ainsi, l’imam Mohamed Mahdi Chamseddine, président du Conseil supérieur chiite, a émis ces réflexions significatives: “Nous n’avons d’observations négatives à formuler que sur le passage de l’exhortation apostolique ayant trait à la présence de forces non - libanaises.... Il s’agit, naturellement, d’une allusion à l’armée syrienne. “Nous avons, à ce sujet, un point de vue différent: nous estimons que la présence militaire syrienne ne constitue pas un élément négatif dans l’édification de l’Etat de droit et de la société civile au Liban. Nous considérons, au contraire, que cette présence a aidé et aidera toujours les Libanais à la réalisation de leur projet national.” Quant à M. Dory Chamoun, leader du PNL, il relève que “l’exhortation apostolique dit la même chose (que l’opposition chrétienne) mais avec un langage différent.” Et d’enchaîner: “Nous sommes d’accord sur la nécessité de mettre fin à l’occupation israélienne, mais le Saint-Père aurait dû s’exprimer d’une manière directe et dire, clairement, que les forces syriennes stationnées au Liban auraient dû se retirer depuis longtemps, en vertu de l’accord de Taëf.” L’important, à présent, est que les paroles du chef de la Catholicité ne tombent pas dans des oreilles (officielles) sourdes. Reste à savoir si les gouvernants ont la volonté et, surtout, la possibilité de donner le coup de barre salutaire, sans lequel le Liban continuera à s’enliser dans les sables mouvants où il patauge depuis la fin de la guerre...


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