Enfin libre! Après plus d’une semaine
de détention et d’interrogatoires serrés qui l’ont conduit
à l’hôpital où il était placé sous bonne
garde, M. Elias Abou-Rizk président contesté de la CGTL a
été relâché. Les examens médicaux que
nécessitait son état de santé ayant pris fin, il a
tenu une conférence de presse au siège de l’Ordre des journalistes
dans laquelle il a commencé par exposer les motifs de son arrestation,
avant de répondre aux questions. Au nom de M. Melhem Karam, président
de l’Ordre, M. Antoine Chidiac a souhaité la bienvenue au leader
syndicaliste et à son avocat, Me Naji Boustany “qui se trouvent
ici, a-t-il dit, dans les locaux mêmes de la Liberté”. M.
Chidiac a exprimé sa joie de retrouver M. Yasser Nehmé, secrétaire
général de la CGTL, “auquel, a-t-il observé, nous
lie une vieille relation journalistique.” Entouré de ses camarades
du conseil exécutif, M. Abou-Rizk a commencé par remercier
la Presse «qui, dit-il, a joué un rôle actif»,
M. Melhem Karam, président de l’Ordre en tête “dont les prises
de position témoignent de ses convictions que nous connaissons,
puisqu’il lutte en faveur des libertés publiques depuis longtemps.”
Le chef de la centrale ouvrière exprime, également, sa gratitude
aux autorités religieuses, aux partis, aux Ordres des professions
libérales, celui des avocats notamment, qui n’ont épargné
aucun effort, ni moyen pour le défendre. Sans oublier, naturellement,
l’équipe médicale de l’hôpital St-Georges “qui a pris
soin de ma santé”.
POURQUOI A-T-IL ÉTÉ ARRÊTÉ?
A la question que chacun se pose et qui lui a été adressée
par les confrères présents: “Pourquoi avez-vous été
arrêté?”, M. Abou-Rizk répond: “Nous savons tous que
le premier Cabinet Hariri a été constitué suite au
mouvement et grèves du 6 mai. Ce mouvement protestataire avait été
mené par la CGTL que le chef du gouvernement a toujours cherché
à neutraliser.” Accusant le pouvoir actuel d’avoir planifié,
à l’avance, sa politique économique insoutenable, il affirme
“Ils (les gouvernants) savaient où ils menaient le pays qu’ils enfonçaient
dans les dettes par leur politique et avaient peur d’un autre 6 mai. Tel
est le motif principal de ma détention: porter atteinte à
la CGTL et à son pouvoir de décision par tous les moyens
possibles, notamment, les arrestations que l’opinion publique libanaise
et internationale a déplorées”. “Ainsi, ajoute Abou-Rizk,
la neutralisation de la CGTL est un objectif stratégique pour le
gouvernement Hariri qui cherche à camoufler son échec, faute
d’avoir réussi à solutionner les problèmes politiques
et économiques”.
NOTRE LUTTE SE POURSUIT AVEC PLUS DE VIGUEUR
Exposant sa position en tant que président de la CGTL, M. Abou-Rizk
affirme: “Nous proclamons que la Centrale légale est la nôtre.
Nous continuerons à défendre les Libanais et à leur
assurer le pain quotidien, jusqu’à obtenir le minimum requis pour
une vie digne”. Faisant allusion aux impôts et taxes de plus en plus
lourds qui pèsent sur les citoyens, M. Abou-Rizk a dit: “Ils ne
peuvent plus persévérer dans la voie qu’ils ont tracée
que par une imposition qui compenserait les dettes publiques. Or, ils voulaient
écarter la CGTL afin de pouvoir agir librement. “Mon message est
clair: Après l’arrestation, nous persistons dans la défense
de la liberté avec plus de vigueur”. Répondant à la
prétention de M. Hariri rapportée par un journaliste, de
n’être pas intervenu dans le domaine de la justice, M. Abou-Rizk,
émet cette réflexion sur un ton ironique: “M. Hariri n’intervient
jamais dans la justice”. A la question de savoir s’il espérait une
issue heureuse pour les procès en cours, il répond: “Nous
nous sommes adressés à la Justice parce que nous avons foi
en elle. Nous avons porté plainte devant les tribunaux civils en
vue d’annuler les élections syndicales et d’abroger l’arrêté
rattachant cinq nouveaux syndicats à la CGTL”. Quant au retrait
éventuel des plaintes déposées, M. Abou-Rizk dit:
“Notre problème est avec l’Etat et non avec les syndicalistes. Une
fois le premier résolu, le second le sera automatiquement. Il faut
donc attendre le verdict des tribunaux”. Et d’ajouter: “Le pouvoir qui
a été instauré suite au mouvement du 6 mai, ne peut
être destitué que par un second 6 mai”.
DÉPART POUR GENÈVE
M. Abou-Rizk devait partir, le soir même, pour Genève
et, de là, pour le Canada (afin d’assister au mariage d’un neveu
dont il est le témoin). Dans la ville suisse, il s’est joint avec
dix jours de retard, aux membres du conseil exécutif de l’OIT dont
il fait partie et qui a inscrit à son ordre du jour le problème
des syndicats au Liban. D’ailleurs, il a observé que “ce n’est pas
par pur hasard”, qu’il a été procédé à
son arrestation préventive, la veille de la session de l’OIT, pour
l’empêcher d’y participer, en même temps que les représentants
syndicalistes de cent-soixante-quinze Etats. Fait à signaler: l’OIT
ne reconnaît, jusqu’ici, que la CGTL dont M. Abou-Rizk assume la
présidence.
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