PAR LA FAUTE DES USA, L’ONU RISQUE DE FINIR COMME LA SDNL’épreuve de bras de fer entre Beyrouth et Washington - entre David et Goliath - semble tourner à notre désavantage, en ce qui concerne le projet de résolution soumis à l’Assemblée générale de l’ONU, exigeant d’Israël des dédommagements pour les dégâts causés par le bombardement de Cana en avril 96. Aux dernières nouvelles, une controverse s’est instituée autour des prérogatives de l’Assemblée et du Conseil de Sécurité. Puis, les “Quinze”, la France en tête, ont retiré leur épingle du jeu, à cause de l’impossibilité pour eux d’unifier leur position... La visite, pour le moins étrange, que l’ambassadeur des Etats-Unis a rendue vendredi dernier à 7h.30 du matin, au chef du gouvernement, n’a pas manqué de surprendre et d’intriguer les citoyens. Car il n’est pas courant de voir un diplomate demander à être reçu par un responsable à une heure si matinale. Il y avait, sans doute, anguille sous roche et une raison de force majeure ayant nécessité cette entrevue. On ne tardait pas à la connaître deux jours plus tard, à la suite d’un débat institué à l’assemblée générale des Nations-Unies d’un projet présenté par le Liban, enjoignant à l’Etat hébreu de dédommager les dégâts causés à Cana par le bombardement d’avril 96, soit 1,7 million de dollars. Ce projet examiné en commission, a été aprouvé par cent-sept pays, seuls les Etats-Unis et Israël ayant voté contre. Trois Etats, dont la Russie, se sont abstenus. L’ambassadeur US s’était rendu auprès du président du Conseil à l’effet de lui demander de geler ce projet que l’Assemblée générale de l’ONU devra entériner aujourd’hui, vendredi. Selon certains recoupements, les Américains auraient menacé d’user de représailles, si le Liban n’accédait pas à leur requête. Ils auraient laissé entendre qu’ils pourraient entraver le renouvellement du mandat de la FINUL, stationnée au Liban-Sud, qui intervient chaque semestre... Le chef du palais Bustros a assuré que le gouvernement ne se laissera pas fléchir, si grandes que soient les pressions américaines. Mais en même temps, vraisemblablement afin d’éviter une épreuve de bras de fer avec Washington, il a nié que les Etats-Unis aient menacé d’user de représailles contre notre pays, s’il ne renonçait pas au projet en question. On apprenait, dans le même temps, que le palais Bustros avait demandé au délégué libanais permanent à l’ONU de n’épargner aucun moyen ni effort pour faire adopter le texte mentionné. Il peut se faire, comme certaines sources le rapportent, que la capitale US n’ait pas insinué d’user que de «simples mesures de rétorsion». Rappelons que M. Boutros Ghali, ancien secrétaire général des Nations Unies, a compromis ses chances de se faire réélire pour un second mandat, en présentant un rapport - en dépit d’une demande expresse de Washington d’y renoncer - dont il ressortait que «le bombardement de Cana s’étant soldé par cent-cinq victimes, était «probablement délibéré». Tel-Aviv répliquait, alors, que l’entière responsabilité de ce drame incombait au «Hezbollah» pour avoir installé l’une de ses bases près du camp du contingent fidgien de la FINUL où les populations civiles de la localité avaient cherché refuge pour se prémunir contre le raid de représailles israélien. La prise de position américaine incite à poser une question précise: les Etats-Unis veulent-ils fournir à l’ONU les moyens et la possibilité de s’acquitter de sa mission ou bien lui réserver le même triste sort que la SDN? |