Par MARY
YAZBECK AZOURY.
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LES TÉLÉPHONES ONT DES OREILLES
«Igor, Ivan ou Youry»... Tous les diplomates et correspondants
de presse dans l’ex-URSS, connaissent cela. Ce sont les surnoms des écoutes
téléphoniques ou autres installées un peu partout
dans les résidences ou les bureaux des étrangers mais, aussi,
de nombre de citoyens soviétiques. «Attends un moment, je
vais voir si Igor est là...» Et le correspondant téléphonique
ou le visiteur comprend immédiatement qu’il doit faire attention.
C’est le KGB qui avait la mission de mettre sur écoutes les lignes
téléphoniques des ambassades, ainsi que des installations
dans les lustres (de préférence) à tout autre endroit
les micros destinés à espionner, tant les étrangers
que les visiteurs et les nationaux. Tout le corps diplomatique comprenait
que le contrôle obligatoire imposé par le «Bureau du
service diplomatique» ou «UPDK» pour «vérifier»
le bon état de toutes les installations électriques (lustres,
chandeliers, etc...) avait pour but de vérifier la bonne marche
de ces écoutes. Mots de passe entre étrangers: Yvan, Igor,
Sacha et Youry. Mais le KGB savait, aussi, que nombre de grands pays occidentaux,
surtout les Américains, avaient le moyen de neutraliser ces écoutes.
D’ailleurs, l’ambassade des USA à Moscou avait plusieurs experts
en la matière et les Américains les «prêtaient»
volontiers aux petits pays amis pour contrôler la sécurité
de leurs murs.
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L’AMBASSADE DES USA À MOSCOU, DEUX FOIS
RECONSTRUITE
En fait, connaissant la rapidité avec laquelle les Américains
neutralisent leurs services d’écoutes avec des gadgets supersophistiqués,
les Soviétiques ont eu recours aux grands moyens. Les Etats-Unis
ont commencé la construction de leur nouvelle ambassade et alors
qu’elle est presque en voie de finition, ils font effectuer un contrôle
très minutieux sur l’infrastructure pour savoir si tout va bien.
Et quelle n’est leur surprise de constater que presque tous les murs de
l’ambassade, construite par une majorité d’ouvriers soviétiques,
sont criblés d’écoutes modernes installées dans les
murs. Aussitôt, ils détruisent tout ce qui a été
construit et insistent pour faire venir des ouvriers sûrs, de chez
eux, conformément à l’accord de réciprocité
qui a autorisé les Soviétiques à faire venir à
Washington leur main-d’œuvre pour construire leur célèbre
ambassade dans la capitale fédérale. Les pourparlers durent
longtemps, les Américains se fâchent. C’est la période
brejnevienne. Enfin, l’Oncle Sam obtient gain de cause. Les Américains
recommencent à construire leur nouvelle ambassade. Contrôle
régulier suivi, pour dépister toute interférence étrangère.
Quelle n’est leur surprise de constater que les écoutes sont là,
plus rares, mais toujours réelles. Cette fois-ci, elles sont installées
dans le béton coulé. Force leur est de constater qu’il y
a des taupes parmi les ouvriers. Une nouvelle fois, l’ambassade est mise
à terre. La troisième fois s’avère être la bonne:
pas une brique, pas une pierre, pas une coulée de béton,
pas une colonne qui ne soit vérifiée au fur et à mesure
de la construction. D’ailleurs, les Américains ont perfectionné
leurs systèmes de détection et tout se passe bien. La construction
est terminée. Les Américains s’installent dans leur nouvel
immeuble. Ils savent que tout n’est pas terminé pour autant, car
il y a des moyens d’écoutes mobiles installés dans des vans
ou des voitures, mais ceux-là sont facilement détectables
et neutralisables... Et c’est ainsi que, jusqu’à la chute des communisme,
les USA et l’URSS ont continué à jouer au chat et à
la souris.
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CHIRAC... ET CHURCHILL
Si Chirac avait fait confiance à... Churchill, il n’en
serait pas là aujourd’hui. Car Churchill, grand stratège
et très fin politicien, savait l’importance qu’il fallait accorder
aux statistiques et aux sondages. Il se plaisait à dire: il y a
“trois sortes de mensonges, par action, par omissions et par statistiques”...
Aujourd’hui il aurait ajouté par sondages. Or, tous les sondages
donnaient la droite en France gagnante à une très large majorité.
Le danger du sondage est de faire dormir sur leurs lauriers, les supposés
gagnants et de mobiliser les supposés perdants... C’est seulement
au Liban que les sondages peuvent s’avérer exacts, car ils ont lieu
après la consultation populaire ou les élections et les résultats
sont souvent connus avant le scrutin. Car le Liban, pays de miracles, continue
à en voir tous les jours: les morts ressuscitent pour aller voter,
des urnes disparaissent, d’autres surgissent. Tout est possible au Liban
et les gouvernants savent que “Ça ira, ça ira, ça
ira... jusqu’au jour où tout basculera.
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CAPITALISME SAUVAGE ET PAYS CIVILISÉS
Suite à l’information dans ces colonnes intitulée:
“Capitalisme sauvage”, nous donnons les précisions suivantes. Dans
un pays civilisé, prenons comme exemple la France, qui est le pays
le plus connu des Libanais; voilà comment cela se passe en cas de
factures non-payées. - Pas de coupure du téléphone,
conciliation avec le service consommateur. Non paiement pour la première
fois: pas de coupure, mais service restreint en attendant la conciliation.
(c’est-à-dire on maintient les services locaux, mais pas d’international
ou d’interurbains). Bon payeur d’habitude, mais en retard depuis UN AN,
si on dépasse les quinze jours prévus pour le paiement et
le rappel écrit au bout de vingt-trois jours, on accorde un sursis
supplémentaire, on ne coupe pas la ligne téléphonique
et on maintient le service restreint. - Pour l’électricité,
en cas de non paiement de la facture, on restreint aussi le service de
manière à permettre au client de faire fonctionner quelques
lampes, la télévision, le lave-linge, etc... On ne coupe
jamais totalement l’électricité à une personne ayant
un domicile fixe, jusqu’après la conciliation et souvent l’échelonnement
du paiement. - On ne coupe jamais l’eau. Quel que soit le cas. - On ne
peut expulser les personnes âgées de plus de 65 ans, la famille
qui a un malade, un impotent, etc... On n’expulse jamais entre novembre
et mars. On s’adresse à différentes associations pour être
relogé avant de quitter les lieux. Le cas des sans domiciles fixes
est différent (les SDF) et les émigrés illégaux
sont aussi différents. Il en est de même en Italie, en Suède,
en Finlande, etc... On ne coupe jamais l’électricité, le
téléphone ou l’eau à une personne âgée
vivant seule, quels que soient les retards dans le paiement des factures.
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HONG KONG, DIX-SEPT JOURS AVANT LE RETOUR À
LA CHINE
Du 20 juin au 4 juillet 1997, tous les hôtels de Hong
Kong retenus depuis des années affichent complets. Des feux d’artifice
exceptionnels sont prévus pour la nuit du 30 juin où personne
à Hong Kong ne dormira. Américaine ou chinoise? On a l’habitude
de dire “Hong Kong est la plus américaine des villes chinoises”
ou “la plus chinoise des villes américaines”. Le 30 juin 1997 à
minuit, la plus belle baie du monde redeviendra officiellement chinoise.
Mais Hong Kong gardera son statut social et économique 50 ans après
1997, grâce au dernier accord signé par Margaret Thatcher
en 1984 à Pékin. Selon le principe cher à Teng Siao-P’ing
(Deng Xiao-Ping): “Un pays, deux systèmes”, Hong Kong deviendra
une “province spéciale de la Chine”.