Une édition inédite de Roland-Garros cette année et une surprise de taille, un Brésilien inconnu, arborant la tenue de l’équipe brésilienne de foot classé 66ème mondial a inscrit son nom au palmarès du prestigieux tournoi. Il a battu en finale un double vainqueur de l’épreuve, Sergi Bruguera en trois manches 6-3, 6-2, 6-4. La gloire n’est pas montée à la tête du Brésilien, comme le montrent les projets qu’il échafaude concernant le chèque de 600.000 dollars que sa victoire lui permet d’empocher: “Je vais le mettre sur mon compte, car j’ai tout ce dont j’ai besoin. J’ai une bonne maison et la voiture de ma mère - une grosse chevrolet, comme une Jeep - que j’utilise de temps en temps”, a-t-il dit. Il n’avait jamais remporté un tournoi sur le circuit ATP Tour et lors de ses deux précédentes apparitions dans un tournoi du Grand Chelem, à Roland-Garros l’an passé et à l’Open d’Australie cette année, il n’avait gagné qu’un match, contre Mikael Tillström à Melbourne. A son palmarès, six victoires sur sept finales disputées dans des tournois challengers dont la dernière acquise à la veille de son arrivée à Paris, sur ses terres du Brésil, à Curitiba. Rien qui permette de prévoir une telle réussite. Mais ce premier titre et la façon dont il a été acquis laissent entrevoir des lendemains qui chantent. D’ailleurs, Bjorn Borg ne tarissait pas d’éloges sur Gustavo Kuerten après lui avoir remis la Coupe des Mousquetaires. “Il a mérité de gagner; tout ce qu’il a fait, il l’a très bien fait. “J’aime beaucoup la façon dont il joue. Il est très fort physiquement et mentalement et il sera très intéressant à suivre à l’avenir”, a déclaré l’ancien numéro un mondial, six fois vainqueur à Roland-Garros. L’ordinateur de l’ATP Tour saluera, lui aussi, la victoire de Gustavo Kuerten en faisant apparaître son nom au quinzième rang du classement ATP, le lendemain de sa victoire. Inconnu au premier tour, il a créé la surprise au troisième en éliminant le favori Thomas Muster en cinq sets. Du même coup, le tableau masculin s’est trouvé amputé de la plupart de ses têtes de série et la course au titre était ouverte: Sampras éliminé par Magnus Norman; Corretja (un autre favori) sorti par un inconnu classé 111ème mondial Philip Dewulf; Rios battu par le Marocain Hicham Arazi; Muster, puis Medvedev éloignés par Kuerten; Courrier et Ivanisevic sortis prématurément, cela donnait en quarts de finale deux têtes de séries (Bruguera et Kafelnikov) et six outsiders classés entre la 30ème et la 125ème places ATP. Après Muster, le tenant du titre Yevgueni Kafelnikov a succombé face à un Kuerten qui jouait de plus en plus décontracté et avec beaucoup d’efficacité. Mené deux sets à un, Gustavo a ravi les deux dernières manches et gagné son billet pour les demi-finales, qui furent un festival de haut talent. Mené dans la quatrième manche, Dewulf le Belge, fut près de relancer la partie avec une balle de set à 5-4. Mais la classe et toujours la décontraction du Brésilien lui permettait de revenir au score et, finalement, de s’imposer au tie-break en quatre manches. Durant la finale, Kuerten a littéralement débordé l’Espagnol, réussissant des coups impossibles ou des amorties de toute beauté. La première manche à Kuerten (6-3) et à quatre partout dans la seconde, Bruguera réussissait le break et servait pour le second set. En vain, Kuerten égalisait; puis, gagnait la manche et le tournoi. Outre son titre, Kuerten a battu durant son parcours, les trois derniers vainqueurs de l’épreuve.

IVA MAJOLI, LA SURPRISE DU TABLEAU FÉMININ
Le tableau féminin était, lui aussi, plein de surprises. Surtout qu’en général, la hiérarchie féminine est généralement respectée. Ainsi, l’élimination prématurée de Stefi Graf par Amanda Coetzer propulsait Iva Majoli en finale, tandis que, de l’autre côté, Hingis bataillait dur pour venir à bout d’Aranxta Sanchez; puis, de Monica Seles dans une finale avant la lettre. Pendant la finale, la jeune Croate Majoli disposait facilement de Hingis, victime de crampes et déjà éprouvée par ses deux précédentes parties.