Editorial


Par MELHEM KARAM

I - EUROPE: PLUS D’ENTHOUSIASME ET UNE VISION PLUS CLAIRE

- I - Le sommet de Denver a réalisé de nouvelles positions, la plus impor-tante est que l’économie ne limite pas son action, mais constitue un point de départ pour annihiler le terrorisme et les réseaux mondiaux des stupéfiants. En plus des positions politiques en rapport avec la paix, la sécurité et la levée de l’interdit frappant les Américains désireux de venir au Liban. Cependant, les résolutions d’Amster-dam étaient, elles, la référence. Par la suite, (c’est-à-dire à Denver), les Etats géants sont devenus huit, après l’adhésion de la Russie. Le sommet d’Amsterdam avait débouché sur un échec. Les “Quinze” ne sont pas parvenus à réformer les institutions de l’Union européenne en vue de son élargissement. Cette conférence des “Quinze” ayant démarré il y a un an, a abouti à des réformes timides et modestes du traité de Maastricht. Cela avait tout l’air d’un échec pour l’Union européenne et de son incapacité à assurer son avenir. Les chefs d’Etats et de gouvernement ne se sont pas accordés sur le plus important, à savoir: édifier une Europe politique forte et ferme, ne se diluant pas avec l’extension continue en Orient et ne se transformant pas en une zone de libre-échange. Ainsi, ils ont échoué dans leur tentative de réaliser des réformes dans les institutions de l’Union et d’étendre le champ des résolutions à l’avis de la majorité. Ce qu’on doit dire dans ce domaine est que les ambitions du sommet des “Quinze”, proclamées dès le début, étaient ternes. La plus grande des déceptions enregistrées par ce sommet, réside dans l’absence d’élargissement du vote à partir du principe de la majorité, le rejet de la réforme et la modération lors du vote au sein des conseils. Maints Etats ont refusé un surcroît de contact politique, de peur qu’il affecte les souverainetés nationales. Le sommet d’Amsterdam a faibli devant la réforme des institutions de l’Union européenne. Mais en contre-partie, il a enregistré du progrès au plan des droits de l’homme, de l’emploi et de la question sociale, décision ayant été prise de l’insérer dans le traité. Si Jacques Chirac et Helmut Kohl ont exprimé leur satisfaction quant au compromis logique réalisé autour du pacte de stabilité, les milieux politiques allemands, de même que les syndicats français et européens n’ont pas caché leur déception considérant que les participants ont perdu leurs ambitions. Ainsi, l’Union européenne n’a pu relever deux des plus grands défis de cette fin de siècle: la monnaie unique et l’élargissement de l’Union pour pouvoir s’imposer sur la scène économique et la stratégie mondiale. Ajoutez à cela, les difficultés auxquelles la France et l’Allemagne se sont trouvées en butte, en raison des échéances électorales, de la vente de l’or par la “Bundesbank” et des réformes impopulaires accomplies par Helmut Kohl qui l’ont affaibli. Puis, les Français ont attendu des miracles de Lionel Jospin, sans lui donner le temps d’agir alors qu’il vient juste d’accéder au pouvoir. Ainsi, les deux grands bâtisseurs de l’Europe - la France et l’Allemagne - ont connu des difficultés qui ont neutralisé leur mouvement. En conclusion, le sommet de Denver a concentré ses débats sur quatre problèmes: d’abord, la perpétuation de la démocratie à Hong-Kong et, à cet effet, il s’est adressé à la Chine. Puis, les droits de l’homme, Eltsine ayant été chargé de ce dossier. Ensuite, il a mis l’Iran en garde contre des alliances avec de grandes puissances, l’aide aux terroristes, à la violence dans le monde et le recours aux armes nucléaires. Par ailleurs, il a appelé la Palestine et Israël à opter pour le principe du retour aux négociations, Tel-Aviv ayant été invité à satisfaire les demandes de la Syrie et du Liban. Le président Clinton a dit: “Nous voulons cela d’Israël, en acte et non en parole”. Puis, il s’est dit satisfait de l’élection du nouveau président iranien, Mohamed Khatimi et a invité la Libye et l’Irak à se conformer aux résolutions des Nations Unies. L’accent a été mis, également, au sommet sur la lutte contre la drogue, le sida et le terrorisme. De même, un appel a été lancé en faveur du respect de l’accord d’Oslo, de l’application de ses clauses sur le terrain, sans se contenter de s’en gargariser et de l’attachement aux principes de Madrid, dont celui de “la terre contre la paix”. L’Amérique est partie, certainement, de cette dislocation pour jouer le rôle de champion et dire qu’il manque à l’Europe une version politique commune. Cependant, l’Europe finit toujours par dépasser les difficultés, mais pour y parvenir, elle doit avoir plus d’enthousiasme et une vision plus claire.

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II - POL POT, L’OGRE ET LES DEUX MILLIONS DE CRÂNES

- II - L’exclusion politique de Pol Pot, l’ogre ayant tué deux millions de martyrs, met fin à l’embarras d’un grand homme politique ayant présenté le “frère numéro un” des Khmères rouges au niveau des maîtres de la barbarie et de la sauvagerie au XXème siècle, à l’instar de Staline, de Hitler et de Mao. Cette phase n’a pas encore été fermée de l’Histoire cambodgienne qui a été ouverte en 1975 par les Khmères rouges, lesquels ont chassé les vestiges du régime de Lon Nol, ce dernier ayant été imposé par les Américains en tant qu’adversaire et concurrent du prince Norodom Sihanouk. Cette phase sera clôturée lorsque des réponses seront données à des questions restées depuis longtemps sans réponses. C’est un examen de conscience que les Cambodgiens et la communauté internationale doivent accomplir, à l’exemple des Sud-Africains avec la “comité de vérité” pour éliminer les séquelles de la ségrégation raciale. Les Cambodgiens ont le droit de savoir pourquoi l’élite parmi eux, le prince Sihanouk en tête, exposés à la coercition, ont couvert si longtemps la dictature? Pourquoi l’Occident démocratique a reconnu les auteurs des massacres collectifs contre l’Humanité, ceux-ci ayant été également reconnus par la Chine communiste en tant que représentants officiels du Cambodge, alors que leurs forfaits étaient clairs et flagrants? Pourquoi, aussi, ont-ils été rattachés au traité de paix de Paris en 1991? Et a-t-on amnistié des criminels repentis tel Leng Sari, beau-frère de Pol Pot? Pourquoi, enfin, le prince Anarid, fils du roi et partenaire du Premier ministre, s’attribue-t-il la gloire des derniers événements, après des pourparlers engagés avec Khieu Samphan, chef du gouvernement des Khmères rouges, prenant ainsi le contre-pied de son associé le Premier ministre Hunsen, un ancien Khmère rouge qui avait été imposé par le Vietnam en 1979? Autant de questions qui pourraient avoir des réponses après l’arrestation de Pol Pot. Il reste que seules les élections trancheront la situation et que les bulletins à déposer dans les urnes dans un an, détermi-neront le sort des deux chefs associés du gouvernement.

Photo Melhem Karam


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