UN ENJEU DÉTERMINANT DANS L’ESPRIT DE L’EXHORTATION APOSTOLIQUE
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Dimanche 6 juillet, la Ligue maronite est appelée à renouveler son bureau exécutif formé de quinze membres, dont un président et un vice-président qui seront élus directement par la base, c’est-à-dire par l’assemblée générale. Ces élections revêtent, aujourd’hui, une importance toute particulière, au lendemain de la visite historique du Saint-Père au Liban et de la publica-tion de l’exhortation apostolique post-synodale, celle-ci étant appelée à donner une nouvelle impulsion au rôle des chrétiens au sein d’une société conviviale. C’est dans cet esprit “d’une espérance nouvelle pour le Liban”, que doivent se dérouler ces élections. Les fils de la communauté maronite qui suivent avec un intérêt évident les préparatifs fébriles de ce scrutin, réalisent désormais la nécessité d’avoir à la tête de la Ligue maronite un président et un bureau exécutif capables de contribuer, efficacement, à ce renouveau auquel invite Jean-Paul II. La désaffection antérieure qui caractérisait l’attitude des maronites vis-à-vis de leur ligue, pour maintes raisons, doit céder la place à un nouvel état d’esprit s’inspirant des résolutions du synode.
UN CORPS ÉLECTORAL IMPORTANT
Quant aux membres de la ligue, ils ont progressivement pris conscience,
au fil de ces dernières semaines, de l’enjeu réel de cette
élection, étant donné la nécessité d’un
véritable renouveau des structures même de leur institution,
de ses modalités d’action, de son rôle au sein de l’entité
maronite, tant au niveau chrétien qu’à l’échelle nationale.
La première preuve de cet intérêt aura été
le taux élevé des membres ayant acquitté leurs cotisations
dans le délai prescrit par les statuts. Ainsi, sur un total de 1.300
inscrits à la ligue (dont les membres décédés,
les absents et les expatriés) 943 personnes ont payé leur
cotisation pour pouvoir participer au vote. Ce fait exceptionnel s’explique,
aussi, par la présence de quatre à cinq candidats en lice
briguant la présidence et d’un grand nombre de membres désireux
de faire partie du bureau exécutif. Est-ce un signe de vitalité,
de libre jeu démocratique et non de querelles intestines, tel que
d’aucuns cherchent à le qualifier?
FONDÉE LE 21 AOÛT 1952
Les Libanais entendent parler de la Ligue maronite sans, peut-être,
savoir au juste ce qu’elle représente, ni qui elle regroupe. Créée
le 21 août 1952 en vertu de l’autorisation (NÞ 2647) signée
par le président Sami Solh, elle a eu commes membres de son premier
bureau exécutif: Charles Hélou, Farid Kozma, Jean Tyan, Charles
Tyan, Raïf Abillama, Edouard Noun et Albert Gaspard. Son objectif
prioritaire étant de rassembler les fils de la communauté
maronite, d’unifier leurs efforts, de maintenir les liens de fraternité
et de coopération entre eux, d’œuvrer dans leur intérêt
et celui de la nation. La Ligue regroupe de facto les anciens présidents
de la République, les ministres, députés, juges, directeurs
généraux actifs ou à la retraite, les présidents
de municipalités, de la CGTL, des O.N.G. caritatives ou socio-culturelles,
les propriétaires et rédacteurs en chef de publications médiatiques,
des officiers retraités, des chefs de partis, des médecins,
des avo-cats, des ingénieurs, des professeurs d’université,
etc... l’affiliation étant définie par les statuts. Dans
la présente liste de membres, ayant droit de vote le 6 juillet,
on relève les noms de 179 officiers retraités, 104 juges,
68 députés et ministres actifs ou anciens, 20 ambassadeurs,
74 avocats, 44 mé-decins, 40 présidents de municipalités
et 410 membes entre directeurs généraux syndicalistes, professeurs
d’université, etc...
BATAILLE DÉMOCRATIQUE
Cinq listes sont pour l’heure en lice présidées, respectivement,
par MM. Pierre Hélou, ancien ministre et député qui
jouit d’un réel prestige au sein de la communauté et à
l’échelle nationale; Me Neemtallah Abi-Nasr, secrétaire général
sortant; Me Antoine Akl, l’ex-ambassadeur Joy Tabet et M. Hareth Chéhab.
Les cinq candidats sont unanimes à refuser de parler de “bataille
conflic-tuelle”, affirmant d’un commun accord que le fait de briguer la
présidence de la Ligue est un devoir, voire une mission et que la
multiplicité des candidatures est un signe de vitalité démocratique.
Par ailleurs, chaque candidat est conscient de la multitude des dossiers
et sujets à traiter (réformes constitu-tionnelles, loi électorale,
naturalisa-tions, implantation, retour des dépla-cés, appropriation
des non Libanais, etc) de la tâche énorme qui l’attend; de
l’espoir que devraient fonder, désor-mais, les maronites en particulier,
les chrétiens et les Libanais, en général, sur cette
ligue pour ramener les choses dans le droit chemin.
PIERRE HÉLOU: UNE CANDIDATURE QUI TRANCHE
Avec tout le respect et l’estime que l’on porte à chacun
des candidats pour leurs qualités personnelles, morales, intellectuelles
et leur action, on se doit de reconnaître que la candidature de Pierre
Hélou tranche sur les autres, vu sa remarquable personnalité,
le pres-tige national dont il jouit, son appro-che ouverte franche et authentique
de tout problème et ses prises de position fermes. S’il l’avait
voulu, on le sait, il aurait été président de la République.
Pourquoi a-t-il choisi de briguer la présidence de la Ligue maronite?
A cette question, il répond à sa manière, toujours
franche et directe: “Pour la première fois, les Libanais, en général,
les chrétiens et les maronites, en particulier, ont entre leurs
mains un projet complet et global: l’exhortation apostolique. Il est, dès
lors, indispen-sable que les chrétiens libanais par-ticipent par
tous leurs moyens à la réussite de ce projet; nul n’a le
droit de ne pas se sentir concerné par cet appel grandiose et ses
perspectives, pleines de promesses. A côté des institutions
religieuses et des organisations carita-tives, la Ligue maronite peut être
un instrument déterminant dans la réussite de ce projet”.
“C’est à ce titre, ajoute Pierre Hélou, que je me suis présenté
à la présidence de la Ligue maronite avec un comité
homogène susceptible, à mon avis, d’accomplir le travail
nécessaire. Il y aura, évidemment, des commissions auxquelles
devront participer de très nombreux volontaires, en vue d’étudier
tous les sujets brûlants d’actualité qui préoccupent
l’opinion chrétienne. Cette opinion est, aujourd’hui, marginalisée.
Il s’agit de la remettre au travail et de lui redonner confiance en l’avenir.
“Le choix des électeurs le diman-che 6 juillet en faveur de tel
ou tel candidat, conclut-il, dépendra de la crédibilité
de chacun.”
N.H.