QU’EST DEVENU LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL?CITÉ SPORTIVE: QUI RENIE SON HISTOIRE N’A PAS D’AVENIR Doit-on considérer comme close l’affaire de la Cité sportive Camille Chamoun dès le moment qu’un parlementaire, Rouchaid el-Khazen, député du Kesrouan, a annoncé après son entrevue lundi matin avec le chef du gouvernement: “Le nom de Camille Chamoun restera attaché à la cité”? De plus, il a attribué à des “pêcheurs en eau trouble” la propagation d’une rumeur selon laquelle cette appellation serait modifiée. Enfin, il a dit avoir reçu du président du Conseil l’assurance que la salle portant le nom de Pierre Gemayel gardera le nom du fondateur des Kataëb. Aussitôt, M. Dory Chamoun, leader du PNL, a déclaré “qu’il tournera la page, si M. Hariri considère ce dossier comme définitivement clos”. Cependant, vingt-quatre heures plus tard et en quittant Bkerké après un entretien avec S.Em. le cardinal Sfeir, le chef des Libéraux s’est montré moins rassuré, manifestant quelqu’appréhen-sion, partant du fait que le Premier ministre n’avait pas confirmé, person-nellement, l’annonce de M. el-Khazen... Tout en déplorant la version fournie par ce dernier quant aux conditions conformément auxquelles la résidence (paternelle) de Saadiyate avait été vendue... Cela dit, on constate de plus en plus qu’au lieu des ponts, M. Hariri dresse des murs et sème des mines... Il ne s’agit pas, on l’aura compris, des ponts et murs de la reconstruction, laquelle évolue tant bien que mal, au gré des crédits disponibles. On pourrait, dans ce cas, répéter l’adage connu: “Quand le bâtiment va, tout va”! Il s’agit, plutôt, de l’action et du style du chef du gouvernement qui, pour imposer la “loi de l’uniformité” n’admettant aucune voix discordante, fait persister la “politique du rouleau compresseur”. Ainsi, au lieu de se soucier de stimuler la coexistence et de réaliser l’entente nationale sérieusement compromises, le Premier ministre paraît avoir un insigne plaisir - c’est, en fait, du sadisme - à entretenir la prostration de la fraction chrétienne de notre peuple. Et ce, par des décisions prises, unilatéralement, et des initiatives dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles dénotent un sens poussé de la provocation et du défi. M. Hariri provoque et défie, non seulement les chrétiens, mais l’en-semble des citoyens dans toutes leurs catégories. Il vient de le prouver, une fois de plus, en refusant de reconsidérer les récentes mesures protectionnistes, en dépit de leur rejet quasi-unanime, si on excepte un nombre infime de profiteurs... En agissant de la sorte, il prouve qu’il a déjà oublié la visite papale (et l’exhortation apostolique) dont il a dit, après avoir salué le Saint-Père à son départ que “sa principale importance réside dans le fruit qu’elle portera sur le plan du renforcement de l’unité nationale et de la vie en commun entre les différentes communautés...” Où est-on de tout cela aujourd’hui? Le président du Conseil n’épargne aucun moyen aux fins d’altérer la coexistence et la vie en commun des Libanais. Sa dernière trouvaille, la moins heureuse entre toutes, consiste dans l’intention qu’on lui prête de vouloir changer le nom de la Cité sportive Camille Chamoun. “C’est un acte de piraterie et de provocation politique, ayant pour but de renier l’Histoire et de la falsifier. C’est pourquoi je m’y oppose”, a déclaré le chef du palais Bustros. De même, un parlementaire nordiste, en l’occurrence Issam Farès, pense “qu’une telle décision porte atteinte à l’entente et à notre renom à l’étranger.” Aussi, insiste-t-il pour qu’il soit mis un terme à la controverse autour du changement du nom de la cité sportive, tout en invitant le chef de l’Etat “à boycotter l’inauguration de cette cité, si on persiste à changer son nom”. Puissent ceux qui détiennent les rênes du pouvoir se conformer à l’appel de S.S. Jean-Paul II qui les a exhortés, ainsi que tous les Libanais, “à relever le défi de la réconciliation, de la fraternité, de la liberté et de la solidarité, condition essentielle de la pérennité du Liban”. |