|
|
|
|
|
Messager de paix et d’espoir de l’Union Européenne”, l’ambas-sadeur Miguel Angel Moratinos a rencontré nombre d’intellectuels libanais francophones au campus des Sciences médicales de l’USJ où il a conféré à l’invitation de l’ambassadeur des Pays-Bas sur “L’état actuel du processus de paix au Proche-Orient”, qualifié de mission impossible. “Mais impossible n’est pas français”, a dit M. Moratinos. Se présentant après le bref mot de bienvenue du R.P. recteur, Salim Abou, comme “un diplomate non-conventionnel dans la nouvelle génération qui veut s’engager dans une voie différente de la voie traditionnelle”. M. Moratinos a évoqué le rôle de l’Europe dans le processus de paix: “ma mission est de remettre l’Europe à sa place dans cette région. Désormais, a-t-il dit, nous faisons partie de la réalité quotidienne du Proche-Orient et l’Europe a fait un choix fondamental stratégique, celui d’une paix globale et juste dans la région”. M. Moratinos a estimé qu’il fallait “s’adresser aux acteurs réels au Proche-Orient, ceux de la rue, seuls capables de changer le cours de l’Histoire”.
TROIS CERCLES CONCENTRIQUES
Comparant le processus de paix à trois cercles concentriques,
le premier étant celui de la négociation bilatérale;
le second, celui des relations de l’Union Européenne avec les pays
de la région et, le troisième, celui de la coopération
régionale, l’émissaire européen observe que l’Union
Européenne est présente dans ces trois cercles. Les U.S.A.
sont et resteront les acteurs décisifs du processus de paix dans
la région; ils doivent accepter le rôle complémentaire
de l’Europe dans ce domaine. “Je lance un appel aux amis américains
de ne plus craindre de partager leur action avec les Européens,
les enjeux étant bien plus importants. “Depuis 1996, souligne-t-il,
le processus de paix a connu une stagnation. Pourtant, la paix est plus
nécessaire que jamais. Il est urgent d’agir”. M. Moratinos rappelle
la proposition qu’il avait faite aux parties concernées, à
savoir: “le retrait total contre la sécurité totale”, assurant
que “l’idée faisait son chemin dans les esprits”; que la situation
au Liban-Sud plonge les Israéliens dans l’inquiétude et les
pousse à vouloir réellement s’en sortir.
LE RÔLE DU LIBAN
“L’appel pour la paix lancé à Amsterdam, il y a trois
jours, ajoute-t-il, prouve la tendance constante de l’Union Européenne
à affirmer le droit de tous les Etats et peuples de la région
à vivre en paix et celui du peuple palestinien à décider
de son avenir de même qu’à consacrer le respect des droits
de l’homme et des relations de bon voisinage entre les pays de la région.
“La création d’une entité palestinienne souveraine serait
la meilleure garantie de la sécurité d’Israël.” Sur
la place et le rôle du Liban dans cette “aventure de la paix”. M.
Moratinos a précisé que “le Liban doit être prêt
et rester au cœur de l’équilibre régional. C’est un modèle
de tolérance, d’ouverture et le berceau de la renaissance arabe.
Il se doit d’être celui du processus de paix”, invitant par là
l’intelligentsia arabe et libanaise à sortir de son isolement et
à s’ouvrir sur autrui. “Pourquoi, a-t-il conclu, avez-vous peur
d’affronter les intellectuels israéliens? Ce n’est pas par l’isolement
qu’on fait bouger les choses. Il faut savoir sortir des concepts de 1948-1950
et être à la hauteur des nouveaux défis. La normalisation
ne peut se faire que par des efforts et des concessions de part et d’autre.”
VISITE AU CAMP PALESTINIEN DE AïN EL-HÉLOUÉ
Le lendemain, samedi, M. Moratinos devait visiter le camp de réfugiés
palestiniens de Aïn el-Héloué près de Saïda,
accompagné de l’ambassadeur de Hollande et de M. Daniel Brisson,
directeur de l’office de secours et travaux des Nations Unies pour les
réfugiés palestiniens (UNRWA). L’émissaire européen
devait y rencontrer les représentants des comités populaires
du camp qui lui ont exposé leurs problèmes sanitaires, sociaux,
éducatifs et de la vie quotidienne. Tout comme ils ont insisté
auprès de M. Moratinos sur la nécessité de mettre
à exécution la décision nº194 qui reconnaît
au peuple palestinien le «droit au retour» dans son pays. Le
diplomate a promis l’accroissement de l’aide européenne aux Palestiniens
dans les mois à venir.
NICOLE EL-KAREH