IL AVAIT ÉTÉ FERMÉ EN 1985
JEZZINE: LE PASSAGE DE KFARFALOUS ROUVERT AU TRAFIC
BERRI: «CETTE LOCALITÉ SUDISTE RESTERA UN BASTION DE LA LÉGALITÉ»


L’annonce de la réouverture de la voie de passage de Kfarfalous, a provoqué un rush de journalistes et de correspondants de la Presse étrangère.


Vue panoramique de Kfarfalous qui était en «état d’isolement» depuis 1985. (Photos Khaled Abdel-Ghani)



Les remous dont Jezzine et son caza ont été le théâtre au cours de la dernière quinzaine, suscitant de nouvelles appréhensions de ses habitants quant à l’avenir, ont connu mardi une baisse de tension qui, espérons-le, contribuera à dissiper les craintes qui s’étaient emparées des citoyens et, aussi, des gouvernants. Ceux-ci ont réagi - il en était temps - aux démarches entreprises par une délégation de Jezzine ayant à sa tête les députés de la circonscription, auprès des responsables, de Yarzé, de Bkerké et de la nonciature apostolique. De fait, elle a multiplié les contacts et les concertations au triple plan local, régional et international, à l’effet de rechercher une solution à ce problème particulièrement délicat et grave. Cette solution a été trouvée - du moins on le croit - à travers la réouverture du passage de Kfarfalous (à 12 kilomètres de Saïda): cette voie reliant la région de Jezzine à la capitale sudiste avait été fermée il y a douze ans (en 1985), rendant malaisé le déplacement des habitants du caza. Ceux-ci devaient effectuer un long détour nécessitant plus de deux heures de voiture pour se rendre à Saïda et en revenir. Après l’ouverture du passage de Kfarfalous, le déplacement ne prendra pas plus d’une demi-heure; une vingtaine de minutes même sans les embarras du trafic.

DAMAS CONSULTÉ, APPROUVE
A vrai dire, les présidents de la Chambre et du Conseil, sous la pression de la population de Jezzine n’ont épargné aucun effort pour parvenir à ce résultat, non sans avoir consulté, au préalable, Damas qui a donné son accord. Le président Hariri avait eu mardi, sur les bords du Barada, un échange de vues à ce sujet avec M. Abdel-Halim Khaddam, vice-président syrien. Dès son retour, il a informé les chefs de l’Etat et du Législatif de la teneur de son entretien avec le Nº2 baassiste. Aussitôt, a été annoncée la prochaine réouverture du passage de Kfarfalous. Cependant, on devait attendre le dispositif que le commandement de l’Armée libanaise devait mettre en place pour assurer la circulation dans le secteur sans aucun accroc.

BKERKÉ INFORMÉ
Le président Berri qui a joué, à cette occasion comme à son habitude, un rôle actif, a pris contact avec S.Em. le cardinal Sfeir pour le mettre au courant de la décision prise, selon le désir exprimé par les habitants de Jezzine et du caza. Cette décision aura pour conséquence, sans nul doute, d’atténuer la tension aux limites ouest de la région, où la situation redeviendra similaire à celle qui caractérise le secteur auquel on a accès par le passage de Bater. M. Sleiman Kanaan, député de Jezzine, a été chargé par le chef du gouvernement d’informer les Jezzinotes de la décision prise concernant le passage de Kfarfalous, ce qui n’a pas manqué de les rassurer. Après avoir conféré avec le général Emile Lahoud, commandant en chef de l’Armée et reçu pour la seconde fois en deux jours, une délégation de Jezzine, le président Berri a fait la déclaration suivante: “Que personne ne cherche à exploiter l’affaire de Jezzine qui ne doit pas faire l’objet de surenchères ni de compromis à l’instar d’autres régions sudistes dont cette localité est l’un des bastions inexpugnables. “Que nul n’imagine qu’il soit possible de la vider de ses habitants, car au moment où une telle opération séditieuse effleurait l’imagination de certains milieux, Jezzine est restée à la disposition de la patrie en tant que modèle de la légalité. Elle restera le modèle du Liban unique et unifié rejetant les visées israéliennes sur notre terre”.

LAHAD AVAIT PROPOSÉ DE ROUVRIR KFARFALOUS
Fait à signaler: le général Antoine Lahad, commandant de l’Armée du Liban-Sud, avait proposé depuis longtemps, la réouverture de la voie de passage de Kfarfalous, mais les responsables libanais s’y étaient opposés probablement, à la suite d’une réponse négative des “décideurs”... Certains milieux soutiennent que l’ALS entraverait par tous les moyens la normalisation de ce secteur. Mais la “Voix du Sud” a démenti ces allégations et annoncé la rencontre d’une délégation de Jezzine avec le général Mitay qui a déclaré: “Israël ne permet pas que le cordon frontalier et Jezzine se transforment en champ de bataille”. La recrudescence de la tension dans la région, dit-on, serait une riposte israélienne au rejet par le Liban d’une proposition en rapport avec le retrait unilatéral. Aussi, les gouvernants auraient-ils résolu de rouvrir le passage de Kfarfalous à l’effet “de désamorcer la bombe”. Selon certains recoupements, un complot était ourdi visant à pousser les habitants de Jezzine à l’exode; les rumeurs y relatives ont été alimentées par des nouvelles faisant état de l’achat massif de terrains à Damour... Par ailleurs, le général Lahoud a informé le président Berri que les Libanais non natifs de la région, n’auront plus à demander l’auto-risation précédemment requise pour s’y rendre. (Voir, aussi, les “Evénements de la Semaine”).


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