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Les remous dont Jezzine et son caza ont été le théâtre au cours de la dernière quinzaine, suscitant de nouvelles appréhensions de ses habitants quant à l’avenir, ont connu mardi une baisse de tension qui, espérons-le, contribuera à dissiper les craintes qui s’étaient emparées des citoyens et, aussi, des gouvernants. Ceux-ci ont réagi - il en était temps - aux démarches entreprises par une délégation de Jezzine ayant à sa tête les députés de la circonscription, auprès des responsables, de Yarzé, de Bkerké et de la nonciature apostolique. De fait, elle a multiplié les contacts et les concertations au triple plan local, régional et international, à l’effet de rechercher une solution à ce problème particulièrement délicat et grave. Cette solution a été trouvée - du moins on le croit - à travers la réouverture du passage de Kfarfalous (à 12 kilomètres de Saïda): cette voie reliant la région de Jezzine à la capitale sudiste avait été fermée il y a douze ans (en 1985), rendant malaisé le déplacement des habitants du caza. Ceux-ci devaient effectuer un long détour nécessitant plus de deux heures de voiture pour se rendre à Saïda et en revenir. Après l’ouverture du passage de Kfarfalous, le déplacement ne prendra pas plus d’une demi-heure; une vingtaine de minutes même sans les embarras du trafic.
DAMAS CONSULTÉ, APPROUVE
A vrai dire, les présidents de la Chambre et du Conseil,
sous la pression de la population de Jezzine n’ont épargné
aucun effort pour parvenir à ce résultat, non sans avoir
consulté, au préalable, Damas qui a donné son accord.
Le président Hariri avait eu mardi, sur les bords du Barada, un
échange de vues à ce sujet avec M. Abdel-Halim Khaddam, vice-président
syrien. Dès son retour, il a informé les chefs de l’Etat
et du Législatif de la teneur de son entretien avec le Nº2
baassiste. Aussitôt, a été annoncée la prochaine
réouverture du passage de Kfarfalous. Cependant, on devait attendre
le dispositif que le commandement de l’Armée libanaise devait mettre
en place pour assurer la circulation dans le secteur sans aucun accroc.
BKERKÉ INFORMÉ
Le président Berri qui a joué, à cette occasion
comme à son habitude, un rôle actif, a pris contact avec S.Em.
le cardinal Sfeir pour le mettre au courant de la décision prise,
selon le désir exprimé par les habitants de Jezzine et du
caza. Cette décision aura pour conséquence, sans nul doute,
d’atténuer la tension aux limites ouest de la région, où
la situation redeviendra similaire à celle qui caractérise
le secteur auquel on a accès par le passage de Bater. M. Sleiman
Kanaan, député de Jezzine, a été chargé
par le chef du gouvernement d’informer les Jezzinotes de la décision
prise concernant le passage de Kfarfalous, ce qui n’a pas manqué
de les rassurer. Après avoir conféré avec le général
Emile Lahoud, commandant en chef de l’Armée et reçu pour
la seconde fois en deux jours, une délégation de Jezzine,
le président Berri a fait la déclaration suivante: “Que personne
ne cherche à exploiter l’affaire de Jezzine qui ne doit pas faire
l’objet de surenchères ni de compromis à l’instar d’autres
régions sudistes dont cette localité est l’un des bastions
inexpugnables. “Que nul n’imagine qu’il soit possible de la vider de ses
habitants, car au moment où une telle opération séditieuse
effleurait l’imagination de certains milieux, Jezzine est restée
à la disposition de la patrie en tant que modèle de la légalité.
Elle restera le modèle du Liban unique et unifié rejetant
les visées israéliennes sur notre terre”.
LAHAD AVAIT PROPOSÉ DE ROUVRIR KFARFALOUS
Fait à signaler: le général Antoine Lahad,
commandant de l’Armée du Liban-Sud, avait proposé depuis
longtemps, la réouverture de la voie de passage de Kfarfalous, mais
les responsables libanais s’y étaient opposés probablement,
à la suite d’une réponse négative des “décideurs”...
Certains milieux soutiennent que l’ALS entraverait par tous les moyens
la normalisation de ce secteur. Mais la “Voix du Sud” a démenti
ces allégations et annoncé la rencontre d’une délégation
de Jezzine avec le général Mitay qui a déclaré:
“Israël ne permet pas que le cordon frontalier et Jezzine se transforment
en champ de bataille”. La recrudescence de la tension dans la région,
dit-on, serait une riposte israélienne au rejet par le Liban d’une
proposition en rapport avec le retrait unilatéral. Aussi, les gouvernants
auraient-ils résolu de rouvrir le passage de Kfarfalous à
l’effet “de désamorcer la bombe”. Selon certains recoupements, un
complot était ourdi visant à pousser les habitants de Jezzine
à l’exode; les rumeurs y relatives ont été alimentées
par des nouvelles faisant état de l’achat massif de terrains à
Damour... Par ailleurs, le général Lahoud a informé
le président Berri que les Libanais non natifs de la région,
n’auront plus à demander l’auto-risation précédemment
requise pour s’y rendre. (Voir, aussi, les “Evénements de la Semaine”).