MAHMOUD ABDEL-AZIZ
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ENTRETIEN AVEC LE PRÉSIDENT
DE L’UNION DES BANQUES ARABES
MAHMOUD ABDEL-AZIZ:
“La tendance est en faveur
de l’unification des marchés financiers... ... et de la création
d’une Bourse arabe unique avant l’an 2.000”
Il ne fait pas de doute que les change-ments économiques au double
niveau régional et international exigent du secteur bancaire arabe
d’adopter la politique globale de change, car c’est l’unique procédé
de faire face à de tels changements. “Ceci suppose des entités
bancaires arabes fortes, capables de tenir tête aux blocs économiques
internationaux actuels”, c’est ce qu’affirme M. Mahmoud Abdel-Aziz, président
de l’Union des banques arabes. Il observe, à ce propos, que les
change-ments économiques ont imposé un rôle plus grand
aux banques commerciales. “Aussi, ajoute-t-il, l’U.B.A. déploie
de sérieux efforts à l’effet de rénover, en la moderni-sant,
l’action bancaire dans le monde arabe.” M. Abdel-Aziz fait état,
tout d’abord, des défis auxquels les banques arabes sont confrontées.
“Ces défis sont représentés par les blocs économiques
internationaux, de même que par la tendance vers l’économie
de marché et les transformations structurel-les dans l’économie
mondiale. “L’industrie financière internationale, est la branche
de l’économie internationale la plus exposée à l’évolution
et au changement, ce qui exige des institutions bancaires capables de suivre
cette évolution.
VERS L’UNIFICATION DES MARCHÉS FINANCIERS
ARABES
“C’est pourquoi, enchaîne M. Abdel-Aziz, l’U.B.A. se soucie
d’escorter tous les changements dans ce domaine, une tendance se dessinant
en faveur de l’unification des marchés financiers arabes et de la
création d’une bourse arabe unique d’ici à l’an 2.000. Les
dispositions nécessaires seront prises pour atteindre cet objectif.
“Le fait pour bien des Etats membres de la Ligue d’élaborer des
programmes en vue de la réforme économique, aidera l’U.B.A.
dans ce secteur, car ces programmes pré-voient des réformes
bancaires et financières globales, dont l’augmentation du capital
des banques pour qu’elles puissent jouer leur nouveau rôle, à
l’ombre des changements actuels. “Naturellement, en accordant une plus
large place au secteur privé, afin qu’il joue un rôle plus
actif au plan de l’exécution des plans du développement économique,
on contribue à renforcer la position des banques, à travers
les prêts et les facilités qu’elles sont à même
d’octroyer à ce secteur. “Les banques joueront, également,
un plus grand rôle dans l’étape future, en procédant
au financement des projets et d’entreprises que les banques n’étaient
pas habilitées jusqu’ici à prendre en charge, tels les routes,
les aéroports, les stations d’assainissement de l’eau et de production
de l’électricité. “Il ne fait pas de doute, affirme le président
de l’U.B.A., que les banques se sont transformées du rôle
de bailleurs de fonds à celui de partenaires dans tous les domaines
économiques. Leur rôle ne consiste plus, uniquement, à
recevoir les dépôts; il est en passe de devenir celui d’un
associé efficace dans les divers secteurs productifs.”
LE RÔLE DU SECTEUR PRIVÉ
M. Abdel-Aziz aborde, ensuite, en détail, le rôle
du secteur privé en ce qui concerne sa participation à l’opération
du développe-ment citant, à titre d’exemple, ce qui a lieu
en Egypte: “La part du secteur privé, précise-t-il, est passée
de 39% au début des années 80, à 55% durant l’année
financière 1996-97. De plus, sa contribution au produit national
atteint, actuellement, une propor-tion non inférieure à 67%,
alors que sa participation aux investissements se monte à près
de 75 pour cent. “L’accroissement du rôle du secteur privé
dans les programmes du développement arabe n’est que la conséquence
naturelle des programmes de la réforme économique. Il est
appelé à croître d’une manière substantielle
à la suite de l’évolution de la politique globale des banques.
Et d’ajouter: “Les programmes de la ré-forme économique se
sont traduits par de grands succès dans la plupart des Etats arabes
qui les ont élaborés. Ainsi, en Egypte, les cours des devises
étrangères se sont stabilisés, par rapport à
la livre égyptienne. Cette stabilité s’est perpétuée
durant plusieurs années consécutives alors que, précédemment,
les fluctuations des cours empêchaient les investisseurs de se faire
une idée exacte de la rentabilité des projets qu’ils se proposaient
d’exécuter. “Parallèlement à la stabilité des
cours des devises, la moyenne de l’inflation a régressé jusqu’à
7%, après avoir atteint plus de 20%. De plus, le volume des réserves
des devises étrangères a totalisé près de 20
milliards à la Banque centrale.”
... ET DU SECTEUR BANCAIRE
M. Abdel-Aziz signale d’autres résultats positifs de
la réforme économique en Egypte. “De fait, le déficit
du budget a baissé de un pour cent (1%) et le marché financier
chez nous est devenu prometteur, le volume des échanges du papier-monnaie
s’étant intensifié d’une manière frappante. Tout cela,
a eu pour conséquence de renforcer le rôle du secteur bancaire
sur les bords du Nil. “Ce qui se dit sur l’Egypte, poursuit-il, s’applique
aux autres pays arabes, en ce sens que le rôle du secteur bancaire
dans ces pays ne cesse de prendre de l’ampleur et plus d’importance. Aussi,
nécessite-t-il des entités bancaires fortes capables de jouer
un nouveau rôle. “Ce dernier ne se limite pas à attirer les
dépôts et à accorder des prêts; il s’étend
à différents domaines, toutes les entreprises nouvellement
constituées ne pouvant opérer à l’insu du secteur
bancaire et sans sa coopération. “Aussi, le rôle fondamental
de ce secteur dans l’étape présente, constitue-t-il l’appui
réel des programmes de réforme et de développement
dans les Etats arabes.”
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