Une première dans la diplomatie française:
la passation de services entre l’ambassadeur de France sortant, Jean-Pierre
Lafon et le nouvel ambassadeur de France au Liban, Daniel Jouanneau. Pas
d’intérim comme cela est la règle, mais un transfert de pouvoirs
sur place car “pour marquer la très grande importance qu’il attache
au Liban, le président Chirac a tenu à ce que le nouvel ambassadeur
soit accueilli par son prédécesseur”. Les deux ambassadeurs
ont eu un dîner de travail avec l’ensemble des chefs de service de
l’ambassade et le nouvel ambassadeur a accompagné l’ancien, le lendemain
matin, à l’aéroport. Au matin du 22 avril, Daniel Jouanneau
était reçu par le président Chirac. Le soir même,
il débarquait au Liban, pays qu’il avait déjà connu,
à l’occasion de deux visites effectuées en 1974-1976, à
l’époque où il était en poste en Egypte et, tout récemment,
lors des deux voyages présidentiels d’avril et d’octobre 1996 qu’il
était venu préparer en qualité de chef du protocole.
Au matin du 22 avril, le président Chirac recevait
Daniel Jouanneau, prenait cette photo avec lui et la dédicaçait.
Le soir même, le nouvel ambassadeur de France débarquait au
Liban.
Daniel et Odile Jouanneau à la résidence
de Mar Takla.
L’ambassadeur de France et son épouse dans les
jardins de la résidence.
L’ambassadeur Daniel Jouanneau et Evelyne Perucic-Massoud
au cours de l’interview.
“Le Liban a toujours été une constante de
notre politique étrangère”.
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DANIEL JOUANNEAU
AMBASSADEUR DE FRANCE
AU LIBAN:
“LA FRANCE INSCRIT SON
ACTION AU LIBAN DANS LA LONGUE DURÉE”
VINGT-SEPT ANS DE CARRIÈRE
Né il y a cinquante ans à Vendôme, dans
le département du Loir et Cher, “une belle région où
Ronsard, le grand poète de la Renaissance, a vu le jour et où
François 1er a construit le château de Chambord”, Daniel Jouanneau
a suivi le cursus scolaire au lycée Ronsard, s’est rendu à
Paris pour y effectuer ses études de droit et de sciences politiques
et poursuivre sa formation à l’Ecole nationale d’administration.
“Déjà à quinze ans, j’avais envie de devenir diplomate
et j’ai orienté toutes mes études dans cette direction”.
Vingt-sept ans déjà. Une carrière diplomatique consacrée
en grande partie aux questions économiques “et, en particulier,
aux questions européennes dont je me suis occupé à
plusieurs reprises au ministère des Affaires étrangères”.
A l’étranger, “des postes extrêmement variés, ce qui
fait l’intérêt très particulier de la carrière
de diplomate”. Premier poste: premier secrétaire, attaché
de presse à l’ambassade de France au Caire en 1974-1976, suivi de
celui de consul général en Rhodésie après la
levée des sanctions et à la veille de l’indépendance.
Là, comme chargé d’Affaires, il mène “l’expérience
extrêmement intéressante d’établir des relations diplomatiques
avec un Etat neuf, le Zimbabwe qui vient de prendre son indépendance
et avec lequel on démarre un dialogue politique et met en place
une coopération.” En poste à Conakry, après la mort
de Sékou Touré, il relance comme chef de la mission de coopération
et d’action culturelle, la coopération entre la France et la Guinée.
Ce qui lui permet, en outre, un premier contact avec les communautés
libanaises d’Afrique, “très actives et très intégrées”.
Consul général à Québec, il s’occupe beaucoup
de francophonie, particulièrement au sommet francophone tenu en
septembre 1987 dans la ville de Québec où il a accueilli
le président Mitterrand et le Premier ministre Jacques Chirac. Ambassadeur
au Mozambique pendant trois ans “au moment où la guerre civile ravageait
encore le pays”, il vit les années de transition vers l’armistice
et la paix et, là aussi, a la responsabilité d’un important
programme de coopération. “Tous ces postes m’ont extrêmement
intéressé et j’ai chaque fois trouvé un grand intérêt
à exercer des responsabilités sur le terrain”. Daniel Jouanneau
a consigné trois de ses expériences dans des livres: l’un
sur le Gatt, réédité deux fois; l’autre sur le Zimbabwe
et le troisième sur le Mozambique. Dernier poste avant le Liban,
chef du protocole à la fin du deuxième septennat du président
Mitterrand; puis, auprès du président Chirac pendant deux
ans.
“LE NOUVEAU GOUVERNEMENT FRANCAIS TOUT AUSSI
ATTENTIF AU LIBAN QUE LE PRECEDENT"
- Vous voici au Liban, Monsieur l’ambassadeur. Comment avez-vous
accueilli la nouvelle de votre nomination?
“Avec fierté, sachant l’importance que le président de
la République attache à votre pays et ce que le Liban représente
pour la France. J’avais la chance de connaître le Liban avant même
d’y être désigné et grâce aux deux visites présidentielles,
j’avais rencontré les hauts dirigeants libanais.”
- Quelle sera votre approche des réalités libanaises?
“J’avais été frappé il y a vingt ans par l’hospitalité
des Libanais, par la façon exceptionnellement chaleureuse avec laquelle
ils accueillaient les étrangers et par ce besoin de contact permanent
avec l’extérieur.”
- Le Liban est un petit pays enclin à communiquer.
“Je sais que c’est la tradition phénicienne de voyage, d’ouverture,
d’entreprise. Cette impression, je la retrouve intacte malgré tout
ce que vous avez vécu depuis.”
- Toutefois, c’est un Orient compliqué. De Gaulle avait dit:
“Je suis venu dans un Orient compliqué avec des idées simples”.
“ C’est une région dans laquelle il est essentiel d’écouter.
Je suis venu ici sans préjugés avec le désir de voir
tous les représentants, toutes les composantes de la société
libanaise. Pour tout Français, c’est une chance d’habiter le Liban
et pour celui qui représente son pays, c’est un privilège.
“Ma mission est de stimuler, d’encourager, de susciter tout ce qui peut
renforcer encore cette relation franco-libanaise qui est extrêmement
vivante, riche et diversifiée.”
- A l’avènement d’une nouvelle majorité en France,
on a pu craindre un changement de politique, une sorte de désengagement
français à l’égard du Liban.
“Je souhaitais cette question. La nouvelle situation politique en France
ne change rien à notre politique à l’égard du Liban
et aux orientations que le président Chirac a exposées dans
son discours du 4 avril 1996 au parlement libanais. Notre nouveau gouvernement
souhaite le renforcement de nos liens avec le Liban et soutient pleinement
les efforts de reconstruction. Plus que jamais, nous souhaitons que le
Liban soit indépendant, souverain et récupère sa maîtrise
complète de son territoire.”
“NOUS NE VOULONS PAS RESTER LES BRAS CROISÉS
FACE À UNE SITUATION QUI SE DÉTÉRIORE”
- Forte de sa connaissance des constantes historiques et géographiques
du Liban et du Proche-Orient, la France est en mesure d’y jouer un rôle
important. Mais des contraintes américaines limitent sa liberté
de manœuvre et l’empêchent quasiment de soutenir une quelconque initiative.
“Nous ne nous résignons pas à la situation actuelle de
blocage parce qu’à terme, elle est dangereuse. “Au sein de l’Union
européenne, la France mène une politique très active.
L’appel lancé par le Conseil européen d’Amsterdam sur le
Proche-Orient est, à l’origine, une idée française.
Pour reprendre ce que vous avez dit au sujet du changement de majorité,
la France sur le Proche-Orient comme sur les autres sujets, a parlé
à Amsterdam d’une seule voix. “Nous souhaitons que l’Europe soit
très active. Elle l’est déjà sur le plan économique
par une aide substantielle. Sur le plan politique, elle peut jouer un rôle
très utile d’équilibre.”
- N’y aurait-il vraiment aucune rivalité entre la France et
les Etats-Unis?
“Il n’y en a aucune. Nous avons au contraire tout intérêt
à coordonner notre diplomatie bilatérale et notre action
à travers les Quinze avec ceux des Etats-Unis et c’est ce que nous
faisons.”
- La semaine dernière, le président Chirac a cité
cette phrase de Saëb Erakat, négociateur palestinien et ministre
des Collectivités: “L’espoir de la paix est une idée qui
meurt dans l’esprit des gens”. Et il a ajouté: “C’est terrible comme
phrase et ça correspond à une réalité. Et tout
peut arriver si cette idée meurt”.
“En effet, le président Chirac s’est exprimé ainsi après
avoir reçu le président Arafat. Dans la situation actuelle
qui est parfois complètement décourageante, encore une fois,
nous continuons à espérer et nous nous sentons très
proches des Libanais. Vous savez que l’un de mes premiers gestes, après
avoir remis mes lettres de créance au président Hraoui, a
été de me rendre à Cana pour honorer, au nom de la
France, la mémoire des victimes de cette tragédie.”
LA FRANCE À LA TÊTE D’UNE FORCE
MULTINATIONALE?
- Existe-t-il réellement une proposition du ministre israélien
de la Défense Yitzhak Mordehaï reprise par un journal israélien,
mais écartée par la suite par le ministre israélien
des Affaires étrangères, de voir la France conduire une force
multinationale au Liban-Sud en cas de retrait israélien?
“Sur le Liban-Sud, notre position est bien connue et elle ne change
pas d’un iota. Pour nous, un règlement israélo-libanais ne
peut intervenir que sur la base de la mise en œuvre de la résolution
425 qui prône le retrait unilatéral et sans condition d’Israël
du Liban-Sud. En outre, le retrait devrait se faire dans le cadre d’un
règlement global qui peut seul apporter une paix durable dans la
région. “S’agissant de la proposition israélienne, la France
n’a l’intention ni de s’interposer, ni de s’imposer. Je me rappelle ce
que disait le président Chirac aux députés libanais:
“La France est disposée, si les deux parties le lui demandent, à
participer à titre intérimaire à la garantie de la
frontière israélo-libanaise. Nous sommes toujours disponibles
pour apporter une contribution à la garantie d’un accord israélo-libanais,
dans le cadre d’un règlement global et avec l’accord de toutes les
parties.”
- Existe-t-il quelque espoir - si ténu soit-il - de sauver
le processus de paix? “
Oui, et en tout cas, nous sommes très actifs. Mais nous travaillons
à la paix avec ceux qui veulent la paix dans la région et
ils sont nombreux, avec toutes les parties concernées, avec les
autres Européens, avec les Etats-Unis. Nous soutenons les efforts
du président Moubarak qui, lui aussi, consacre énormément
d’énergie à la recherche inlassable de la paix au Proche-Orient.”
L’EURO AVEC LE DOLLAR ET LE YEN, L’UNE DES
TROIS GRANDES MONNAIES DU MONDE
- L’euro est l’une des grandes échéances de l’Europe.
La France sera-t-elle prête à l’intégrer en réduisant
à 3% le déficit de son PIB, lors de son entrée en
vigueur le 1er janvier 1999?
“Le Premier ministre, M. Jospin, déclarait dernièrement:
Nous voulons faire la monnaie unique, non pas par contrainte, mais parce
que nous pensons que c’est utile et nécessaire pour affirmer la
force économique de l’Europe face au dollar, pour éviter
la spéculation sur les monnaies à l’intérieur des
Quinze. Nous le voulons.”
- L’Europe en voie de constitution rencontre diverses embûches.
Par-delà ses réussites économiques, l’Europe parviendra-t-elle
à s’imposer comme une force politique? Les résultats mitigés
du sommet d’Amsterdam n’ont pas permis la révision des institutions
souhaitée, ni la mise sur pied d’un organisme de défense.
“Il est normal que les progrès de la construction européenne
soient lents et difficiles. Nous sommes passés de six Etats membres
à neuf; puis, à dix et douze. Aujourd’hui, nous sommes Quinze.
Onze pays souhaitent entrer dans l’Union européenne. “Les progrès
de la construction européenne depuis ses débuts ont été
considérables. Les économies des pays de l’Union se sont
fortement développées grâce au Marché commun,
à la liberté complète des échanges à
l’intérieur des frontières de l’Union. “Nous avons, également,
développé des coopérations multiples très fortes
dans toutes sortes de domaines. Le programme “Erasmus”, par exemple, permet
à un étudiant de faire une partie de ses études dans
son pays d’origine et de les compléter dans un autre pays en faisant
valider, pour l’obtention de son diplôme, les études effectuées
à l’étranger. “Mais surtout l’Europe a permis la paix, la
consolidation de la paix. La construction européenne est devenue
possible quand l’Allemagne et la France ont fait la paix. La réconciliation
historique de la France et de l’Allemagne est à l’origine du Marché
commun à six (France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg).
Ensuite, plus l’Europe s’est élargie, plus la zone de paix s’est
élargie. L’Europe des Quinze est une Europe au sein de laquelle
la guerre est devenue impossible. “Sur le plan politique, l’Europe parle
de plus en plus d’une seule voix sur un nombre très important de
sujets. Les Quinze prennent constamment des positions communes aux Nations
Unies, notamment sur le Proche-Orient. Même le principe de la discipline
de vote au sein des Quinze est la règle.”
- Quant à l’Europe de la Défense, l’accord devient
difficile, peut-être en raison de l’Otan.
“Parce qu’on touche vraiment là à la souveraineté
de chaque pays. Nous avons, à l’intérieur de l’Europe, des
pays membres de l’Alliance atlantique et d’autres qui ont une tradition
de neutralité, des pays dotés de la force nucléaire
et d’autres qui n’en ont pas. Il est naturel que les progrès soient
plus lents. Mais encore une fois, quand on regarde le chemin parcouru depuis
que l’Europe est née, depuis Jean Monnet, les progrès sont
considérables. “Ce que nous voulons maintenant, c’est que l’élargissement
de l’Europe à de nouveaux Etats, que la France souhaite, ne se fasse
pas au détriment de l’intégration déjà réalisée.
Il faut trouver des mécanismes de prise de décision au sein
des institutions communautaires qui permettent à l’Europe de continuer
à être efficace, à pouvoir fonctionner dans de bonnes
conditions même si elle accueille de nouveaux Etats. C’est tout l’enjeu
des discussions actuelles, qui ont partiellement abouti et vont se poursuivre
pendant la présidence luxembourgeoise commencée le 1er juillet.
“L’impact de l’euro sera considérable à partir du moment
où tous les citoyens d’Europe auront la même monnaie. Ils
auront vraiment le sentiment d’appartenir à un ensemble commun.”
MONDIALISATION DES ÉCONOMIES, JUSTICE
ET SOLIDARITÉ
- La mondialisation des économies est-elle un rouleau compresseur
permettant d’enrichir les riches et d’appauvrir les pauvres?
“C’est bien le risque en effet. La mondialisation s’explique par le
formidable développement des échanges commerciaux au cours
de ces dernières années et plus encore par la rapidité,
l’instantanéité avec laquelle les informations, les images
circulent à la surface de la planète. “Cette mondialisation
comporte trois grands risques: risque pour l’identité culturelle
de chaque pays, risque pour l’égalité des chances à
l’intérieur des pays, risque pour l’égalité entre
les pays, un petit nombre de pays profitant de cette mondialisation et
tous les autres en étant exclus. C’est pourquoi, la France qui est
tellement attachée aux valeurs d’égalité et de fraternité,
est aussi attentive aux conséquences sociales de la mondialisation
et à ses conséquences politiques sur le plan international.
“Il faut que cette ouverture des économies aille de pair avec une
plus grande justice sociale, avec un très gros effort de solidarité
à l’égard des pays peu ou pas industrialisés. “ Encore
un mot sur la mondialisation. Si nous les Francophones libanais et Français,
nous souhaitons que le français reste une grande langue internationale
et soit une grande langue d’affaires au même titre que l’anglais,
nous devons être très attentifs et très actifs.”
- Dans cette course au profit, l’Etat-providence est de plus en plus
menacé et le chômage prend de l’extension.
“L’aggravation du chômage a des conséquences dramatiques
et nous ne pouvons pas nous y résigner. Tous les efforts de notre
gouvernement tendent à le diminuer. Mais la lutte contre le chômage
doit être menée aussi dans le cadre européen. C’est
la raison pour laquelle nous avons tellement insisté au Conseil
européen d’Amsterdam pour qu’un chapitre sur la croissance et l’emploi
soit ajouté au Pacte de stabilité adopté par la suite.”
FRANCE, AFRIQUE, OTAN
- La France s’accommode mal de la suprématie américaine
au sein de l’Otan. Ayant quitté en 1966 les structures militaires
intégrées de l’Alliance, elle avait conditionné son
retour par le partage des responsabilités et l’attribution à
un Européen du commandement-sud de l’Alliance atlantique, proposition
rejetée par les Etats-Unis.
“Il y a deux problèmes qui sont distincts. Le premier c’est
l’avenir de l’Alliance atlantique, son rôle futur dans un monde qui
a complètement changé. Il était bipolaire du temps
de la guerre froide et l’Alliance atlantique avait été créée
pour faire face à la menace que constituait l’expansionnisme soviétique.
Aujourd’hui, non seulement les pays de l’Alliance ont établi avec
la Russie nouvelle des relations de confiance, mais l’Alliance elle-même
a accepté de coopérer et proposé à la Russie
un véritable partenariat. C’est le président Chirac qui a
réuni à Paris, le 27 mai dernier, les chefs d’Etat et de
gouvernement des pays de l’Alliance et le président Eltsine, pour
signer “l’Acte fondateur”, un accord historique qui aurait été
impensable il y a dix ans. L’Alliance va être élargie à
plusieurs pays d’Europe centrale et orientale et nous nous en réjouissons.
“La deuxième question est de savoir si la France qui a quitté
les structures militaires à l’époque du général
de Gaulle va les réintégrer. Nous considérons que
les conditions ne sont pas réunies.”
- L’Afrique francophone, chasse-gardée de la France, est aujourd’hui
zone de conflits où s’affrontent intérêts français
et américains. La France y perd chaque jour du terrain, remplacée
par les Etats-Unis auxquels on prête l’intention de dominer le continent,
du Caire au Cap. Hier le Congo, aujourd’hui Brazzaville et le Centreafrique,
demain peut-être le Tchad et le Cameroun.
“ Je ne souscris pas à cette présentation. La France
n’a jamais considéré ses anciennes colonies comme une chasse-gardée.
Simplement pour des raisons historiques, politiques, culturelles évidentes,
nous avons avec les Etats francophones une coopération privilégiée
qui représente une part très importante de notre aide au
développement. “Mais l’Union européenne est, également,
très active en Afrique et nous nous en félicitons. L’aide
qu’elle fournit, à travers la convention de Lomé, à
l’ensemble des pays d’Afrique, est très importante et elle est tout
à fait indispensable. Quant aux Etats-Unis, nous avons avec eux
un dialogue permanent sur les affaires africaines et, notamment, sur les
moyens de résoudre les conflits.”
LA RÉSIDENCE DES PINS, LE RETOUR DE
LA FRANCE AU CENTRE DE BEYROUTH
- Cette année, vous fêterez le 14 juillet à
la Résidence des Pins restaurée.
“Cette restauration, entreprise à la demande du président
Chirac, a pour nous une importance à la fois historique et symbolique,
parce que c’est là qu’a été proclamé le 1er
septembre 1920, le Liban moderne; parce qu’elle représente pour
nous un engagement de la France aux côtés du Liban qui a toujours
été une constante de notre politique étrangère.
“La Résidence des Pins était un lieu de rencontre entre tous
les Libanais. Après les travaux de restauration qui sont en très
bonne voie, elle redeviendra la résidence de l’ambassadeur à
partir de janvier 1998.”
- C’est, Monsieur l’ambassadeur, la seconde étape d’un grand
mouvement de retour de la France au centre de Beyrouth.
“En effet, en novembre prochain, notre consulat général
à Beyrouth va quitter Mar Takla pour s’installer à l’Espace
des Lettres. Il offrira, alors, au public des conditions d’accueil enfin
satisfaisantes.”
- Quant à la nouvelle chancellerie annoncée?
“Elle aussi sera construite au centre-ville sur le terrain de l’actuel
parking de l’Espace des Lettres. L’architecte est sur le point d’être
désigné et, si tout va bien, les travaux commenceront l’an
prochain pour une ouverture en l’an 2000. La France va construire trois
ambassades d’ici la fin du siècle à Berlin, Pékin
et Beyrouth.”
“DANS NOTRE RELATION AVEC LE LIBAN, LA RELATION
CULTURELLE EST FONDAMENTALE”
- Encore un élément du retour de la France au centre-ville,
l’Ecole supérieure des Affaires créée dans les locaux
de l’ancienne ambassade de France à Clémenceau.
“C’est une école supérieure de gestion qui délivre
un “master” à des étudiants et à des cadres déjà
engagés dans la vie professionnelle. Ils vont être formés
en français aux techniques les plus modernes de gestion avec des
professeurs venant des grandes écoles françaises de commerce.
“La première promotion qui termine sa scolarité cette année,
est de très grande qualité. L’enseignement en français
continue à beaucoup attirer les étudiants, y compris ceux
qui ont fait leurs études universitaires en anglais. J’observe qu’un
tiers des étudiants vient de l’Université américaine.
“Cette Ecole supérieure des affaires, créée sous l’impulsion
de mon prédécesseur, est le fruit d’un partenariat à
trois: le gouvernement français, la Banque du Liban et la Chambre
de Commerce et d’Industrie de Paris. “Actuellement, nous sensibilisons
les pays voisins du Liban aux possibilités d’accueil de l’ESA pour
donner à celle-ci une dimension régionale, avec le souci
d’aider Beyrouth à redevenir un pôle économique et
financier majeur au Proche-Orient.”
- Avez-vous déjà rayonné à travers le
pays?
“Ma mission est de développer les échanges franco-libanais
dans tout le Liban. J’ai commencé symboliquement par le Sud, pour
marquer notre solidarité à l’égard des populations
de la zone occupée. J’ai visité Saïda, je me suis rendu
à Tripoli et je vais probablement vers Zahlé. Je continuerai
ces déplacements pour prendre contact avec les responsables locaux
et développer nos échanges économiques et culturels.
A Saïda par exemple, une permanence régulière du poste
d’expansion économique de l’ambassade va être installée
dans les locaux de la Chambre de commerce, également à Tripoli.
“Notre présence culturelle repose sur trois piliers: les lycées
franco-libanais qui donnent aux jeunes Libanais un enseignement français;
l’appui pédagogique que nous apportons aux professeurs libanais
de français dans les établissements libanais publics et privés,
avec un réseau d’attachés pédagogiques; enfin, les
centres culturels (Beyrouth, Jounieh, Zahlé, Saïda, Tripoli,
Tyr, Nabatieh) qui ont des fonctions multiples: bibliothèque, vidéothèque,
animation culturelle, etc... Un gros effort a été fait ces
dernières années pour moderniser ces centres, les rendre
plus accueillants, les installer dans des locaux agréables et facilement
accessibles. “Dans notre relation avec le Liban, la relation culturelle
est fondamentale. Nous pratiquons la même langue. Et je suis impressionné
par la vitalité de la culture libanaise en langue française.
C’est une grande littérature francophone”.
- Vous vous êtes mis récemment à l’étude
de l’arabe. Ça va très vite, semble-t-il, et vous y faites
des bonds spectaculaires.
“J’ai commencé en effet à apprendre l’arabe, il y a trois
semaines et les progrès sont, pour le moment tout à fait
modestes. Ce n’est pas une langue facile. Mais je l’apprends pour deux
raisons. La première, parce que c’est toujours un enrichissement
d’apprendre une nouvelle langue, surtout lorsqu’il s’agit d’une langue
qui est comme le français une grande langue internationale. La seconde,
parce que je suis impressionné de voir tant de Libanais faire l’effort
d’apprendre notre langue. Je considère comme un devoir élémentaire
de courtoisie vis-à-vis du pays qui m’accueille, d’apprendre sa
langue officielle”.
- Votre épouse s’y est mise aussi.
“Avec la même détermination.” Odile Jouanneau qui nous
accueille, est ingénieur de profession. Elle a travaillé
pendant plusieurs années au Centre national de la recherche scientifique.
Avant de venir à Beyrouth, elle était détachée
au ministère des Affaires étrangères où elle
s’occupait de coopération scientifique avec les pays en développement.
Daniel et Odile Jouanneau sont heureux d’accueillir leur fille Anne-Sophie,
17 ans, qui vient de passer son bac et qui se destine, non point à
une carrière diplomatique, mais à celle d’ingénieur.
Ils lui feront découvrir le Liban et fêteront avec elle, avec
les Libanais et les Français du Liban, un 14 juillet pas comme les
autres. A cette occasion, l’ambassadeur Jouanneau nous adresse ce message:
“Au moment où nous célébrons notre fête nationale,
nous souhaitons y associer tous nos amis Libanais. J’adresse à tous
les lecteurs de “La Revue du Liban” qui a tant fait pour la francophonie
et pour l’amitié franco-libanaise, des vœux particulièrement
chaleureux”.
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