ACQUISITION DE BIENS-FONDS ET ABSORPTION DE BANQUES Un double phénomène suscite les appréhensions des citoyens et le doute dans leur esprit quant aux objectifs visés par ses promoteurs. Il s’agit de l’absorption de banques (par des étrangers) et de la vente de biens-fonds au Liban-Sud; non loin de Jezzine. Selon Mgr Georges Kouayter, évêque melkite de Saïda et Deir el-Kamar (notre photo), des complexes résidentiels ont été construits dans cette région sudiste. «Un tel projet, a dit l’éminent prélat, pourrait être en rapport avec l’implantation (palestinienne)». Deux phénomènes, pour le moins inquiétants, retiennent ces derniers temps l’attention des Libanais bien pensants, soucieux de préserver le sol de la patrie, le patrimoine national et l’avenir de notre peuple. Il s’agit, on l’aura peut-être devi-né: d’abord, de l’acquisition par des étrangers, de biens-fonds dans la capitale et, spécialement, le centre-ville en cours de reconstruction et en province; surtout dans la partie méridionale du pays. Ensuite, de l’absorption de banques de la place par des établis-sements de crédit. En ce qui concerne le vente de terrains, des opérations immobilières se sont produites, récemment, à l’occasion de la visite d’une délégation officielle malaise: celle-ci s’est appropriée une grande parcelle, pour y édifier un hôtel... Quelques semaines plus tôt, un détenteur de capitaux séoudien “absorbait” un établissement de crédit local (le Crédit libanais) et on nous annonce pour bientôt une “série d’autres absorptions”. Et ce, en application d’une circulaire de la Banque centrale datée de mai 96, imposant aux banques de la place “d’assurer un capital minimum de 10 milliards de livres libanaises pour le siège central et plus de 250 millions de livres pour chaque agence”. La circulaire mentionnée fait obligation aux banques de se conformer à cette condition dans un délai expirant en décembre 97 - c’est-à-dire dans six mois - et il semble que ce délai ne serait pas prorogé. Ainsi, plusieurs établissements de crédit seraient menacés d’être rayés de la liste des banques, pour la raison qu’ils ne pourront pas satisfaire la condition posée par la BDL “pour restructurer le secteur bancaire libanais”... La tendance serait donc vers la “mondialisation”, ce qui exige l’élimination des banques de “taille moyenne”. La première “absorption” s’est opérée aux dépens de la Banque Geagea, au profit de la “Société générale SAL” qui pourrait “absorber” d’autres établissements bancaires durant l’année courante... S’il était question d’une fusion entre les banques libanaises, personne ne trouverait à redire et une telle opération serait, au contraire, souhaitée par les déposants et les épargnants. Cependant, on admettra que “l’absorption” - surtout par des sociétés financières non-libanaises et des consortiums étrangers - inquiète les Libanais dont l’argent pourrait être transféré en dehors du pays et servir à financer des projets extra-territoriaux... La vente des biens-fonds ne suscite pas moins d’inquiétude, à tel point que les prélats mettent leurs diocésains en garde contre de telles opérations immobilières, ainsi que l’a évoqué Mgr Kouay-ter, évêque melkite du Sud dans sa dernière homélie dominicale. Il n’a pas manqué de traduire les craintes des citoyens quant à l’éventuelle concrétisation de l’implantation (palestinienne) sous notre ciel... Ce double phénomène - la vente des biens-fonds et l’“absor-ption” de banques par des étran-gers - devrait faire réfléchir, non les responsables, qui ne s’en préoccupent guère, preuve en est qu’ils les tolèrent, mais les milieux directement concernés par des opérations d’une telle en-vergure, susceptibles de menacer les fondements du pays des Cèdres. |