Issu du monde de la finance, il a accédé à celui de
la banque; et se réclame de la catégorie de jeunes experts
spécialisés en matière financière, sa principale
préoccupation, dès sa prise en charge de ses fonctions actuelles,
était de modifier les structures et le rôle de la Banque du
Liban, en les rénovant par divers moyens et procédés.
Il a acquis une vaste expérience dans les questions financière,
économique et monétaire en assumant ses responsabilités,
combien lourdes et délicates, à la tête d’un établissement
de crédit non-conventionnel. Ses décisions influent directement
sur la monnaie nationale. Il a bien voulu nous en entretenir, sans manquer
d’évoquer les problèmes qui concer-nent et intéressent
la scène locale. |
ENTRETIEN AVEC LE GOUVERNEUR
DE LA BANQUE CENTRALE
RIAD SALAMÉ:
“IL EST IMPÉRIEUX
DE RÉTABLIR L’ÉQUILIBRE DANS LA PREMIÈRE PARTIE DU
BUDGET DE L’ÉTAT”
LE SECTEUR DU BÂTIMENT S’EST RALENTI
- Comment jugez-vous l’évolution de l’économie libanaise
à l’ombre des développements actuels et à venir?
“L’économie est revenue à sa dimension naturelle d’avant-guerre.
Il est procédé, en ce moment, à la rectification de
certaines anomalies, en vue de l’aider à reprendre son cours normal.
“Son évolution a été liée après la guerre
et l’accord de Taëf, au mou-vement immobilier et, particu-lièrement,
à l’industrie du bâtiment, dont le taux de développement
s’est situé autour de 7% au cours des trois dernières années.
“Avec le ralentissement de l’indus-trie du bâtiment, il est apparu
que le Liban ne peut lier son développement à un secteur;
preuve en est, l’ame-nuisement des liquidités sur le marché
et la stagnation du mouvement économique, en général.
“D’où l’importance de la réactiva-tion des secteurs agricole,
industriel et touristique. Ceci exige du temps, mais nous avons déjà
entamé cette opération”.
- On constate que le déficit finan-cier et la dette publique
suivent une courbe ascendante: comment évaluez-vous la situation
économi-que, dans son ensemble et financière en particulier?
Cet état de choses nuit-il à la stabilité monétaire
et économique au cours de la pro-chaine étape?
“La proportion de la dette publique, tant interne qu’externe, par rapport
au produit local, telle qu’elle est estimée par le ministère
des Finances, les institutions internationales (A.M.F.) ou la Banque Mondiale
est de l’ordre de 85%. Mais la majeure partie de la dette est interne;
aussi, son impact sur l’économie nationale est-il limité.
“Puis, avec le retour de la confian-ce, cette dette ne constitue pas un
facteur susceptible de freiner le développement général,
ni un élément d’inflation. De fait, le Liban connaît
des proportions importantes de développement, la proportion de l’inflation
étant inférieure à 10%. “En prévision de l’avenir,
il faut recourir à une opération de rectifica-tion financière,
en commençant par pallier l’excédent survenu dans la première
partie du budget. Si nous exceptons le service de la dette publique, les
rentrées sont censées couvrir les dépenses de l’Etat.
Si cela ne se réalise pas, il donnera un indice positif pour le
marché et favorisera la baisse des taux d’intérêt,
ce qui contribuera à améliorer la situation financière
dans son ensemble.
PAS DE CRAINTE SUR LA LIVRE
“Il n’y a pas lieu de craindre pour la livre, à l’ombre
de la situation financière. La livre est influencée, d’une
manière directe, par la balance des paiements, laquelle a réalisé
au cours des cinq derniers mois un excédent de l’ordre de 714 millions
de dollars. Etant entendu que le même résultat n’a pu être
obtenu au cours des périodes correspondantes des années précédentes.
C’est pourquoi, la position de la livre libanaise est solide”.
- Fait paradoxal: au moment où l’économie et le mouvement
des investissements connaissent une régression ou une stagnation,
les dépenses publiques ne cessent de croître d’une manière
frappante. Comment envisagez-vous de freiner cette orientation négative?
“La Banque centrale ne dispose pas de prérogatives l’habilitant
à traiter des questions relatives au budget, son rôle étant,
uniquement, consultatif. C’est pourquoi, elle ne peut ni rectifier, ni
modifier le budget. Ceci du point de vue légal. “Du point de vue
pratique, nous espérons que l’Etat parviendra à rétablir
l’équilibre dans la première partie du budget, ce qui était,
d’ailleurs, prévu dans le projet de la loi de finances pour l’année
en cours. “L’action de la Banque centrale dans ce domaine se traduit à
travers la politique des taux d’intérêts, la baisse des taux
étant liée à la réduction de la proportion
du déficit dans le budget”.
TAXES, IMPÔTS ET DÉPENSES PUBLIQUES
- Les taxes et impôts que l’Etat institue de temps à
autre seraient-ils liés aux dépenses publiques ou cacheraient-ils
une orientation non déclarée?
“Les taxes et les impôts sont liés, directement, aux besoins
de l’Etat libanais en vue du financement des projets et de la couverture
de ses dépenses. Ceci représente 50% des recettes étatiques,
l’autre partie étant couverte par l’émission de titres destinés
à couvrir la dette. Plus l’Etat parvient à améliorer
ses rentrées, plus la dette publique baissera et, partant, le taux
d’intérêt sur la livre libanaise”.
- Le gouvernorat de la BDL se préoccupe de faire évoluer
les marchés financiers au Liban: de quels moyens use-t-il?
“L’initiative la plus importante prise par la BDL consiste dans les
circulaires diffusées depuis le mois de février 1996 dans
un triple but: Primo, consolider le secteur bancaire. Secundo, réorganiser
les institutions financières et de courtage, en même temps
que les maisons de change. Tertio: préparer le marché pour
l’octroi de crédits à moyen terme.
AUGMENTATION DU CAPITAL DES BANQUES
“Ces mesures commencent à produire leur effet, actuellement,
dans le secteur bancaire. “La tendance est à l’augmentation du capital
des banques. Fin 1997, le capital de tout établissement de crédit
opérant au Liban devra être porté à 10 milliards
de livres, soit l’équivalent de 7 millions de dollars. “Ensuite,
le secteur bancaire est tenu de se conformer au principe de la transparence.
Les banques ont été autorisées à émettre
des actions, ce qui accélère l’accroissement de leur capital
et réactive le marché financier. “Puis, nous avons établi
le cadre adéquat permettant aux établissements bancaires
d’émettre des titres débiteurs à l’étranger,
leur permettant d’obtenir des ressources à moyen terme, pour une
période allant de trois à cinq ans. A leur tour, elles pourront
accorder des crédits aux secteurs productifs à moyen terme.
Ceci est nécessaire pour réactiver ces secteurs au Liban,
une telle opération ne pouvant être effectuée par des
prêts à court terme ou à vue. “Nous sommes parvenus
à motiver le secteur bancaire sur ce terrain, en l’habilitant à
utiliser le dépôt obliga-toire en vue d’octroyer des prêts
aux secteurs immobilier, agricole, indus-triel et touristique. Ou aussi
en libérant les banques de la souscription obligatoire aux Bons
du Trésor, ce qui leur a permis de disposer d’une potentialité
importante et de réduire les restrictions administratives. “En ce
qui concerne les institutions financières, leur action a été
réor-ganisée, de manière à les placer sous
le contrôle de la BDL, en vertu de la loi promulguée en mai
1996. “Nous avons, également, réorga-nisé les fonds
d’exploitation, lesquels sont astreints à un enregistrement obligatoire
auprès de la Banque centrale. Ces fonds doivent disposer d’un capital
déterminé et se soumettre à la commission de contrôle
bancaire.
REGAIN DE CONFIANCE
“Ces mesures et circulaires ont permis au marché bancaire
et financier au Liban de prendre un nouveau départ, conformément
à des critères internationalement admis. Ses effets ont émergé
au double plan local et international; la confiance dans le secteur bancaire
en est sortie renforcée. De fait, les dépôts bancaires
s’élèvent à 22 milliards de dollars. De plus, les
Banques centrales d’Europe et du monde arabe n’ont pas manqué d’exprimer
leur satisfaction suite aux mesures prises par la Banque du Liban. “Première
conséquence positive: des banques libanaises établies à
l’étranger, ont été autorisées à se
rattacher à la banque-mère au Liban et à se soumettre
au contrôle de la BDL”.
- On fait état dans les milieux bancaires d’un projet visant
à créer un marché financier pour l’hypo-thèque
immobilière au Liban: qu’auriez-vous à dire à ce sujet?
“Nous sommes dans cette orienta-tion et coordonnons avec les banques
de la place, à l’effet d’organiser l’octroi de crédits pour
les besoins de l’habitat. Parmi ces projets, il en est un prévoyant
l’épargne de l’habitat. Elaboré depuis un an, il permet au
citoyen d’épargner de l’argent durant un délai de cinq ans;
par la suite, la banque s’engage à avancer à l’épar-gnant
une somme équivalente au double du montant dont il dispose. Ceci
lui permet de procéder à une opération de “leasing”
pour tout ap-partement qu’il voudrait prendre en location. Cela permet
au propriétaire de percevoir le prix de son apparte-ment après
cinq ans et, au citoyen, de se l’approprier”. “Un autre projet que nous
envi-sageons de réaliser, consiste à regrouper les prêts
pour l’habitat se trouvant auprès des banques com-merciales et à
émettre en contre-partie des titres à vendre au public. Ceci
vaudra de nouvelles liquidités à ces dernières leur
permettant d’accorder d’autres avances. Ce fait requiert un certain temps,
surtout au plan de l’organisation administra-tive et juridique”.
BANQUE DE L’HABITAT ET BANQUES COMMERCIALES
- Les banques commerciales liba-naises semblent entraver l’action
de la Banque de l’Habitat en ne lui permettant pas de jouer son rôle
au plan de l’habitat et de l’épargne. Ces banques s’adonnent-elles
à la concurrence immobilière au point d’empêcher les
autres institutions de s’acquitter de leur rôle?
“La Banque de l’Habitat n’a pas échoué dans l’accomplissement
de sa mission: elle a accordé des fonds et achèvera son programme
avec la fin de 1997. “Cette banque s’est trouvée en butte à
maintes difficultés, la plupart de ces dernières provenant
du fait que son administration représente les banques commerciales;
d’où le conflit d’intérêts. Cependant, l’autre partie
est entravée par la situation immo-bilière au Liban, par
la difficulté à obtenir un quitus et à régler
les infrac-tions à la loi sur les constructions. Ces faits perturbent
l’opération du crédit de l’habitat. “En ce qui concerne le
projet relatif à l’épargne de l’habitat, il a démarré
dans certains établissements de crédit, mais non avec la
vigueur souhaitée. D’autant que les banques commercia-les disposent
de fonds leur permettant de les prêter d’une manière directe,
moyennant des intérêts dépassant ceux prévus
par l’épargne de l’habitat. Puis, les clients des banques n’ont
pas encore assimilé l’idée de l’épargne à moyen
terme qui assurera des prêts à long terme à l’avenir.
“En dépit de cela, nous continue-rons à déployer des
efforts pour assurer le succès de ce projet, parce qu’il donne aux
Libanais la possibilité d’atteindre leurs objectifs quel que soit
leur âge. C’est un programme familial dont profitent le père
de famille et, plus tard, les enfants. “Il est donc recommandé d’entre-prendre
son exécution, afin de con-traindre les banques à traiter
avec cette sorte d’éléments financiers”.
- On dit que la BDL intervient activement aux fins de stabiliser
la parité de la livre par rapport au dollar: cela signifie-t-il
que la livre est évaluée en-deça de sa valeur réelle
ou bien fait-elle l’objet d’opérations spéculatives?
“Il fut un temps où la BDL était tenue d’être présente
en permanence sur le marché des changes; plus exactement dans la
période allant de 1993 à 1996. La raison en était
l’impossibilité de créer un marché effectif des changes,
en raison de la modicité des fonds privés déposés
dans le secteur bancaire. Et parce que le marché n’avait pas retrouvé
la confiance requise dans la monnaie nationale. “Cependant, depuis septembre
96, nous avons fixé une marge pour l’intervention de la Banque centrale
sur le marché des changes, où il n’est plus nécessaire
d’intervenir, (d’autant que cette marge fixée était de l’ordre
de dix livres). L’intervention a lieu, uniquement, quand la parité
approche de la limite maxima ou minima de cette marge, à l’intérieur
de laquelle nous avons laissé la liberté de traitement s’exercer
sans aucune restriction. “Il faut relever que le marché des changes
traitait en permanence, depuis septembre 96 et jusqu’à ce jour,
dans la limite minima de la marge de dix livres. Cela signifie que le marché
a fixé la parité de la livre libanaise au-delà de
l’évaluation de la BDL. “Pendant ce temps, l’excédent de
réserve de la BDL a augmenté d’une manière substantielle,
ce qui montre clairement l’offre croissante des devises étrangères.
De là nous pouvons dire que la parité actuelle de la livre
en constitue la valeur réelle, les échanges sur le marché
libanais s’effectuant sans l’intervention de la Banque du Liban. “On sait
que le marché libanais des changes est libre. Aussi, n’existe-t-il
pas deux cours de la monnaie libanaise, l’un fixé par la BDL et
l’autre par le marché, d’autant que les Banques centrales ne peuvent
fixer la parité de leur monnaie nationale”.
LES DETTES EXTÉRIEURES: 1,800 MILLIARD
DE DOLLARS
- Croyez-vous que le Liban est tombé dans le piège
de la politique d’emprunt extérieur et quelle est l’influence de
cette politique sur l’avenir de la livre? “Les dettes extérieures
se mon-taient jusqu’à fin mai à 1,800 milliard de dollars.
Autrement dit, le Liban par rapport aux pays du Proche-Orient, est le moins
endetté. Ces dettes représen-tent moins de 10 pour cent du
produit local et dix pour cent de la totalité de la dette publique.
“Ces données prises en considé-ration, le Liban ne court
aucun danger par rapport à ses dettes extérieures. Etant
donné que tout l’argent immobilisé au Liban, s’il était
utilisé, ne dépasserait pas 3,500 milliards de dollars. “Une
partie a été obtenue moyen-nant des taux d’intérêts
réduits et il est en mesure d’en payer les intérêts.
“Il y a lieu de signaler que la dette extérieure est liée,
surtout, à des projets en rapport avec les infrastructures ou avec
le développement. Ceci aide à améliorer la productivité
du pays et, partant, à amasser plus de devises étrangères,
les échéances de ces dettes variant entre cinq et vingt ans.
Aussi, est-il nécessaire que le Liban puisse les rembourser sans
difficultés. “Nous avons émis en 1994 le premier “euro-pound”
pour trois ans, l’échéance de cette émission étant
le mois d’octobre 1997. Les fonds à payer à cette échéance
sont dispo-nibles et ont été rassemblés au cours des
trois dernières années. Leur paiement ne causera aucun embarras
pour l’économie libanaise ou les réserves de la BDL. Selon
le plan établi, il n’y a aucun danger par rapport à la dette
extérieure.”
PAS DE RÉÉCHELONNEMENT DE LA
DETTE EXTÉRIEURE
- Envisagez-vous de procéder au rééchelonnement
de cette dette?
“Pas du tout et elle sera acquittée à son échéance.
En vertu de la loi et “l’euro-pound”, l’Assemblée a habilité
le gouvernement à émettre des titres débiteurs d’après
le montant fixé pour de longs termes et ce, durant les douze années
restantes. “La dette extérieure ne sera pas rééchelonnée,
car cela signifierait que le Liban est incapable de l’acquitter; ce qui
n’est nullement le cas”.
- Le Crédit libanais a été revendu en dépit
du succès qu’il a réalisé: pourquoi la BDL n’a-t-elle
pas conservé cet établissement de crédit?
“Le succès du Crédit libanais est dû à son
administration et, aussi, au soutien financier de la Banque centrale. Cependant,
le texte de la loi est clair: la BDL ne peut conserver toute propriété
qu’elle acquiert en vue de l’acquittement d’une dette; elle se doit donc
de la liquider. Quand le législateur a élaboré cette
loi, il avait raison, car la BDL ne peut s’adonner à un acte en
vue de l’exploitation ou financer un projet de développement. Son
action doit se limiter aux domaines de la monnaie, de la stabilité
économique, du développement de l’économie et de l’évolution
des marchés financiers. “L’opération de revente, par les
banques centrales dans le monde, d’établissements de crédit
dont elles disposent de la majorité ou de la totalité des
actions, est légale et naturelle. “Une autre raison ayant entraîné
la revente du Crédit libanais provient de ce que les fonds avancés
dans le passé pour renflouer cette banque, ont été
prélevés sur les réserves de la Banque du Liban. C’est
pourquoi, ces fonds devaient revenir aux réserves publiques aux
fins de soutenir la livre libanaise, d’autant que le soutien au pouvoir
d’achat profite à tous les Libanais. “Je crois que le timing de
la revente du Crédit libanais est convenable, d’autant qu’il existe
un rush sur le secteur bancaire. Les données ont montré que
le secteur privé s’intéresse aux projets avec plus de minutie
que le secteur public et même que la Banque centrale, car les fonds
que perdrait le secteur privé proviennent de sa poche; de même,
les profits qu’il réalise lui reviendront. Il existe donc une clôture
des comptes dans le secteur privé et non dans le secteur public.
“Le secteur bancaire doit être maintenu loin des influences du secteur
public ou des interférences politiques. Pour toutes ces raisons,
nous avons jugé le moment adéquat pour la revente du Crédit
libanais. Les fonds obtenus par cette revente assureront, naturellement,
des pro-fits et ces derniers compenseront une partie des rentrées
qui devaient revenir à la BDL, du fait des opé-rations de
la banque du Crédit libanais.”
- Comment expliquez-vous le fait que les banques commerciales libanaises
n’aient pas procédé à l’acquisition du Crédit
libanais?
“Un certain nombre de banques libanaises ont proposé de l’acheter,
mais ceci exige des sommes consi-dérables dont tout le monde ne
dis-pose pas, d’autant que le Crédit liba-nais a été
valorisé.”
PAS DE CONCURRENCE LIBANO-ARABE
- Les banques libanaises font face à une concurrence de la
part des banques étrangères et, spéciale-ment, arabes.
Comment est-il pos-sible de limiter cette concurrence?
“Il n’y a pas de concurrence effective entre les banques libanaises
et arabes mais une complémentarité, d’autant que nos banques
s’acquittent de leur rôle au plan local et jouent le rôle d’intermédiaire
au plan régional. “Quant aux banques arabes, elles disposent de
possibilités énormes et ont besoin des services des banques
libanaises. La coopération entre les banques libanaises et arabes
s’effec-tue sur maintes bases: Primo, elles attirent des dépôts
du monde arabe à travers l’émission de certificats de dépôts.
Secundo, des banques arabes investissent dans le secteur bancaire à
travers l’acquisition d’actions. “Enfin, les banques libanaises ont pu
obtenir une contribution arabe dans toute opération de financement,
sans que cela fasse courir des risques sur leur solvabilité. “Ceci
étant, je crois que la complémentarité est dans l’intérêt
du Liban et il faut persévérer dans cette voie, car je ne
crois pas que les banques arabes concurrencent nos banques.”
POURSUITE DE LA “POLITIQUE D’OUVERTURE”
“Quant aux banques étrangères, leurs activités
s’effectuent sur base d’un plafond et de conditions déter-minées.
Ceci a permis aux banques libanaises d’évoluer et de s’ouvrir à
des techniques modernes les mettant en état de soutenir la concurrence.
“L’ouverture des marchés engen-dre une concurrence qui profite aux
déposants. Cette interaction a favorisé la baisse des taux
d’intérêt sur les comptes débiteurs, même ceux
en monnaies étrangères. “Nous persévérerons
dans la politique d’ouverture, car il n’est plus permis de créer
des ilôts dans le monde de la finance et des banques, en raison de
l’existence de techni-ques de communication évoluées. C’est
pourquoi, le secteur bancaire libanais se doit d’améliorer ses services
et de renoncer à tous les éléments de la protection,
afin de renforcer sa capacité de soutenir la concurrence. Ceci du
point de vue commercial. Du point de vue de l’action des banques, celle-ci
est organisée par la BDL. Aussi, quelle que soit l’identité
de la banque qui s’établit au Liban, ses activités demeurent
liées à l’intérêt de l’économie libanaise.”
LA BANQUE ISLAMIQUE SE CONFORME À LA
LOI
- Et qu’en est-il des banques islamiques?
“Il existe chez nous une banque s’adonnant à des opérations
“islami-ques”. A cet effet, elle profite des dispositions de la loi qui
permettent aux banques d’opérer en dehors de leurs budgets. Cette
loi est venue compléter le Code de la monnaie et du crédit.
Cet établissement bancaire est donc soumis au contrôle, du
point de vue de son capital et de sa solvabilité. “Le champ est
ouvert et l’activité des banques islamiques se développe,
mais elle doit s’exercer dans le cadre de l’action du secteur bancaire
déterminée par le Code de la monnaie et du crédit
et respecter les circulaires de la BDL.”
- L’Union des banques arabes vous a honoré en tant qu’Homme
des banques centrales arabes pour 1996: qu’auriez-vous à dire à
ce sujet? Et comment qualifiez-vous les relations entre la Banque du Liban
et les Banques centrales arabes?
“En m’honorant, l’U.B.A. a honoré tous ceux qui œuvrent à
la Banque centrale. C’est pour nous un sujet de fierté après
la dure épreuve de la guerre et notre absence de la scène
bancaire arabe. Les banques libanaises ont recommencé à jouer
leur rôle de pionnier, la BDL ayant contribué, activement,
à cette reprise. “Quant à nos relations avec les banques
arabes, je tiens à rappeler que nous avons agi depuis quatre ans
à ériger les ponts et à consolider nos rapports avec
toutes les Banques centrales arabes. Ceci s’est réalisé à
travers les contacts et les rencontres organisées par le Fonds monétaire
arabe et c’est, sans doute, ce qui a amené le congrès arabe
des gouverneurs à décider de tenir sa prochaine session annuelle
au Liban les 12 et 13 septembre 97.”
(Propos recueillis par Issam Chalhoub)
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