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De cette “Cité sportive Camille Chamoun”, je déclare ouverts les 8èmes Jeux panarabes”. Cette phrase rituelle mais d’une signification particulière dissipant toute équivoque, prononcée par le chef de l’Etat, a officiellement donné le coup d’envoi à ces jeux de la fraternité qui, durant une quinzaine bien chargée en compétitions et joutes amicales, va mettre aux prises plus de trois mille sportifs formant la fine fleur des athlètes du monde arabe. Le samedi 12 juillet est à marquer d’une pierre blanche dans les annales du sport libanais. Cette date est celle de la renaissance de la “Cité sportive Camille Chamoun”: un site privilégié au service de l’épanouissement de notre jeunesse et qui a connu un âge d’or pendant un quart de siècle, depuis son inauguration en 1957 jusqu’à sa destruction en 1982 par l’aviation israélienne.
LE DÉFOULEMENT DE LA JEUNESSE
Pour ceux, comme nous, qui avions assisté quarante ans
plus tôt à l’inauguration des 2èmes Jeux panarabes,
c’est avec une émotion à peine contenue que nous avons gravi
les marches de la cité reconstruite et renoué avec cette
ambiance propre aux grands rassemblements sportifs. Le mouvement des foules,
l’animation délirante sur les gradins, le défoulement des
jeunes spectateurs - armés de drapeaux, de ballons et tambourins
- donnant libre cours à leur enthousiasme de se retrouver à
ce grand rendez-vous de la jeunesse arabe... Rien ne manquait à
ces retrouvailles sous le signe du sport. Ils étaient tous là,
grands et petits formant une marée humaine grouillante; ils étaient
plus de 50.000 (la capacité des gradins), soixante-mille peut-être,
dont de nombreuses personnes agglutinées aux barrières et
garde-fous, debout dans les passages (plus de billets que de places disponibles
avaient été distribués)... L’armée en charge
de l’ordre et de la sécurité a dû même effectuer
des tirs de sommation et les pompiers faire usage de lances à incendie
pour dissuader une foule d’irréductibles démunis de billets
et voulant entrer de force dans le grand stade. Trente-sept arrestations
ont été opérées. Vers 20h, le Premier ministre
Rafic Hariri arrive par la large voie d’accès nord du rez-de-pelouse.
Il sera le seul officiel à effectuer un quart de tour de piste avant
de regagner par les gradins la tribune officielle. Le président
de l’Assemblée, M. Nabih Berri et le président de la République,
M. Elias Hraoui suivront par le portail central à un quart d’heure
d’intervalle.
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UN DÉFILÉ BON ENFANT
A 20h30 précises, c’est un stade debout qui entonne l’hymne
national. Précédant le défilé traditionnel
des équipes participantes, des fillettes vêtues de rouge et
de blanc et agitant de petits drapeaux libanais viennent former en double
haie sur la pelouse, vingt couloirs où les délégations
viendront se placer à tour de rôle, selon l’ordre alphabétique.
C’est l’Algérie qui ouvre le défilé derrière
le drapeau de la Ligue arabe, suivie respectivement des délégations
de Bahrein (en survêtements rouges et blancs), de Djibouti (4 personnes),
d’Egypte (en veston bleue-marine), de Jordanie (en tenue bleu clair). Très
applaudie, la grande délégation d’Arabie séoudite
tranche avec les “ghalabieh” blanches de ses membres coiffés de
“keffieh” rouges à carreaux. Egalement en tenues blanches, les athlètes
du Koweit portent en main un petit drapeau libanais pour saluer la foule
qui les acclame; quant aux jeunes filles, elles sont en tenue folklorique
nationale. Suivent également la Libye (en bleu foncé), le
Maroc (en veston bleu-pétrole), la Mauritanie (en survêtements
verts et jaunes), Oman (en “ghalabieh” blanches), la Palestine (en kaki),
Qatar (en “ghalabieh” blanches). Délégation réduite
à trois personnes pour le Soudan dont la participation est simplement
symbolique. Les Syriens (en survêtements blancs et noirs) agitent
des casquettes blanches pour saluer le public. Faisant bonne figure dans
leurs survêtements blancs et rouges, les Tunisiens sont très
remarqués. Ils sont suivis par les Yéménites en bleu-clair.
Clôturant le défilé, la très longue délégation
libanaise de plus de 350 personnes est frénétiquement applaudie.
C’est le lutteur Hassan Béchara, médaille de bronze aux J.O.
de Moscou en 1980 qui fait fonction de porte-drapeau. La tenue des membres
de la délégation (longs gilets de coupe orientale brodés
verts pour les hommes et tuniques rouges pour les dames, sur des pantalons
beiges) a été créée par la talentueuse styliste
Papou Lahoud. Toutes les équipes viennent s’aligner sur le terre-plein
central. En tout, dix-neuf délégations participantes sont
présentes. L’emplacement de la 20ème, celle de l’Irak demeure
vide. Les athlètes irakiens officiellement invités par la
Ligue arabe, se sont vu refuser les visas libanais. Derrière les
athlètes de dix-neuf pays, une imposante parade de soldats s’est
déployée, oriflammes rouge, vert, blanc au vent. Un défilé
impeccable. Tous les participants étant réunis sur la pelouse,
le cérémonial se poursuit par l’envoi des couleurs des Jeux
panarabes au mât par le champion l’haltérophilie Mohamed Traboulsi,
médaille d’argent aux J.O. de Munich en 1972; elles flottent aux
côtés de celles de la Ligue arabe et de la Fédération
arabe des sports. Six allocutions sont ensuite prononcées successivement
par le directeur des Jeux, M. Zeid Khiami, (qui a souhaité la bienvenue
aux frères arabes); le président du comité organisateur,
le ministre Jean Obeid (exhorte les jeunes à relever le défi,
celui de maintenir les valeurs sportives dans le monde arabe); le prince
Fayçal Ben Fahd Ben Abdel Aziz, président de la fédération
arabe des sports (souligne notamment que la paix et l’amour sont plus forts
que les balles et les missiles); le secrétaire de la Ligue arabe,
Dr Esmat Abdel Méguid (qui a exprimé sa reconnaissance au
Liban qui a su relever le défi et a démontré qu’il
était à la hauteur de la tâche); le Premier ministre,
M. Rafic Hariri (qui a mis l’accent sur la dynamique de la reconstruction
de la Cité sportive qui reflète la victoire du Liban et des
Libanais sur la guerre). Enfin, le président Elias Hraoui qui a
dénoncé la destruction de la “Cité sportive Camille
Chamoun” par l’aviation israélienne (en 1982) et a souligné
la renaissance de Beyrouth comme pôle d’attraction dans la région.
“Nous disons au monde entier que les Libanais ont retrouvé leur
authenticité et leur unité et édifient à nouveau
la patrie de la paix, des grandes valeurs et du don de soi...” Après
un lâcher de colombes, le recordman du Liban du saut en hauteur,
Jean-Claude Rabbath a prononcé le serment des athlètes et
Mohammad Tabch, celui des arbitres.
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LA GRANDE FÊTE AU LASER
Les spectateurs ont ensuite eu droit à un spectacle de
sons et lumières au laser dans un stade plongé dans le noir.
Sur trois écrans géants apparaissent des images des monuments
des capitales arabes et des sites touristiques libanais. Puis c’est le
spectacle coloré de milliers de jeunes filles exécutant des
mouvements d’ensemble suivis de tableaux folkloriques d’une grande beauté.
En tout, pas moins de 3500 élèves de différentes écoles
et près de 1200 soldats ont présenté ce spectacle
édifié autour des trois thèmes suivants: le potentiel
humain, l’unité de la terre et la construction de l’avenir. Un magnifique
feu d’artifice qui a embrasé le ciel d’une multitude de rosaces
de feu a clôturé en beauté cette cérémonie
inaugurale. Le lendemain, la conquête des médailles commençait.
Premières compétitions, premières médailles glanées dans diverses disciplines et sur plusieurs fronts. Après l’éblouissant lever de rideau de la cérémonie inaugurale riche en couleurs et en lumière, les Jeux proprement dits ont débuté le lendemain dimanche 13 juillet, par des épreuves d’athlétisme (à la Cité sportive Camille Chamoun), des duels d’escrime (au Mont La Salle), ainsi que des rencontres de football (à Tripoli et à Beyrouth) et de volley-ball (à Ghazir). Au palmarès de cette première journée de compétitions effectives, sept médailles ont été attribuées en athlétisme, dont deux médailles d’or et deux de bronze, au Maroc qui prenait la tête du classement devant l’Algérie (deux médailles d’or uniquement). Quant au Liban, il a obtenu sa première médaille (bronze), grâce à Jeannette Ayoub, classée troisième au lancement du disque. De plus, deux records nationaux ont été battus par Mohamed el-Khatib au poids et Rosik Joupalian au saut en longueur. Dans les disciplines collectives, en volley-ball, l’Algérie a créé la surprise en s’imposant aisément face au tenant du titre Bahrein par 3 sets à 1. De leur côté, les volleyeurs libanais ont triomphé facilement des Libyens par le score sans appel de 3 sets à 0; en football, par contre, nos joueurs ont fait match nul face aux Jordaniens (1-1) et le Koweit s’est imposé à la Mauritanie (3-1).
LES HONNEURS DU PODIUM
Ont eu droit aux honneurs du podium en cette première
journée, les athlètes marocains Younès Modrek (qui
a établi un nouveau record des Jeux au saut en longueur avec un
bond de 8,11m) et Moustapha Bamouh (vainqueur du 10.000m en 29’22”69),
ainsi que son compatriote Lahsen Ben Youssef (médaille de bronze
sur la même distance); l’Algérienne Dalila Mayyal (qui a décroché
la première médaille des Jeux en remportant le semi-marathon),
le Tunisien Mansouri (qui a conservé son titre au marathon), le
Qatariote Bilal Saad (qui a établi un nouveau record des Jeux au
lancement du poids avec un jet de 18,97m), le Séoudien Khaled el
Khaledi (qui a conservé sa médaille d’argent des derniers
Jeux dans cette spécialité), la Jordanienne Nada Kawar (qui
a remporté la première médaille d’or pour son pays
au lancement du disque féminin), ainsi que la Libanaise Jeannette
Ayoub (qui a décroché une première médaille
(bronze) pour nos couleurs au lancement du disque).
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QATAR ET L’ALGÉRIE EN VEDETTE EN ATHLÉTISME
Cinq disciplines: athlétisme, basket-ball, escrime, football
et volley-ball figuraient au programme de la deuxième journée
de compétitions de ces huitièmes Jeux panarabes. Ce fut une
journée faste pour les athlètes qatariotes qui ont raflé
quatre médailles d’or en athlétisme (110m haies, 100m, 400m
et saut à la perche). Mais la vedette de cette journée a
été, sans conteste, l’Algérienne Baya Rouhali qui,
après avoir remporté la veille le concours de saut en longueur,
a réussi un doublé en décrochant deux médailles
d’or, coup sur coup, au 100m haies et au 100m. En escrime, l’Egyptien Mohamed
Fouad a remporté la médaille d’or du fleuret olympique en
battant en finale le Koweitien Abdel Mohsen Chahrayan, alors que le Koweitien
Farès Abdel Razzak et le Jordanien Amer Natour se classaient troisièmes
et se partageaient la médaille de bronze. En volley-ball, au terme
d’un match-marathon d’une durée de 2h40, le Koweit a défait
le Liban par 3 sets à 2. Il en fut de même pour nos volleyeuses
qui ont dû s’incliner face aux Algériennes par le score lourd
de 0/3. Toujours en volley-ball, les Séoudiens ont battu les Libyens
(3/0), Bahrein a triomphé de Qatar (3/0) et l’Egypte s’est imposée
face à l’Algérie (3/1). En basket-ball, l’Arabie Séoudite
est venue difficilement à bout du Maroc par le score étriqué
de 67/54 (mi-temps 32-30) et le Liban a dominé Qatar par 73/51 (mi-temps
35-25). En football, les deux matches disputés dans le cadre de
cette deuxième journée ont enregistré des résultats
mitigés: une victoire facile de la Syrie sur les Emirats (3-1) et
un match nul entre la Libye et Oman (2-2). Les athlètes qui ont
eu droit aux honneurs du podium sont: les Qatariotes Moubarak Moubarak
(110m haies), Saad Miftah (100m), Ibrahim Saïd (400m), Ahmad Abdel
Karim (Perche), l’Algérienne Baya Rahouli (100m haies et 100m),
l’Egyptienne Wafaa Baghdadi (Poids), les Marocaines Nadia Zatouani (400m)
et Zahra Ouaziz (5.000m), les Séoudiens Saad el-Asmari (3.000 steeple)
et Khaled el-Khaledi (Disque).
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PREMIÈRE MÉDAILLE D’OR LIBANAISE
La troisième journée des Jeux, celle du mardi
15 juillet, a été marquée par l’attribution de la
première médaille d’or pour le Liban remportée par
la championne Saoud Harès au lancement du javelot (40,22m). Outre
l’athlétisme, quatre autres disciplines (volley-ball, escrime, basket-ball,
haltérophilie) figuraient au programme de cette journée.
En volley-ball, le Liban a été éliminé par
l’Arabie Séoudite (2-3) l’Algérie a écrasé
le Qatar (3-0), l’Egypte a battu le tenant du titre Bahrein (3-0) et le
Koweit a défait la Libye (3-0). En basket-ball, les Libanaises ont
battu les Syriennes (57-44) et les Egyptiennes ont triomphé des
Jordaniennes par le score de 79-46. En escrime, la médaille d’or
du fleuret dames est revenue à l’Algérienne Wassila Radoine
qui a battu en finale l’Egyptienne Chaïmah Jammal par quinze touches
à dix. Les deux fleurettistes libanaises Aude Hawa et Rouba Hajj
ont été éliminées en quarts de finale, respectivement
par l’Algérienne Fériale Salhi et l’Egyptienne Chaïmah
Jammal. En haltérophilie, l’Egypte a nettement dominé les
premières épreuves disputées dans les catégories
54 et 59 kilos. En athlétisme, outre la première médaille
d’or pour le Liban remportée par Saoud Harès au javelot,
la Libanaise Pauline Makdessi est parvenue à se classer troisième
dans la même discipline, s’assurant une médaille de bronze.
Egalement, la Libanaise Carine Boukchakjian a décroché la
médaille d’argent au saut en hauteur en se classant 2ème
avec un bond de 1,60m. A l’heure où nous mettions sous presse, l’Algérie
était en tête au décompte des médailles devant
le Maroc, Qatar et l’Egypte. Mais les Jeux sont loin d’être faits.
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L’arrivée d’une épreuve d’athlétisme
JEAN DIAB