LE SOMMET DE L’OTAN A APPROFONDI LES DIVERGENCES...
ET LA VENGEANCE SERA FÉROCE
Le quatrième sommet atlan-tique ayant pris fin
depuis quelques jours à Madrid, en présence des dirigeants
de quarante-quatre Etats, est parvenu à des convictions, la plus
impor-tante étant que la sécurité de l’Europe est
un privilège de l’OTAN avec l’agrément de la Russie. L’organisation
a signé un ac-cord de partenariat avec l’Ukraine et Bill Clinton
a eu une grande part des acquis après s’être imposé
à Madrid. Il lui est demandé, maintenant, de faire passer
ces “acquis” au Congrès. Puis, la question de Gibraltar reste la
cause pouvant compromettre les relations entre l’Espagne et la Grande-Bretagne,
celle-ci ayant menacé d’user du droit de veto et de s’opposer à
l’admission de l’Espagne au comman-dement suprême du Pacte de l’atlantique.
Quant au président Jacques Chirac, il a paru gêné,
parce que le commandement du Pacte n’a pas tenu compte de son opinion.
Pour être précis, nous dirons que le sommet atlantique à
Madrid, Bill Clinton en a été le réalisateur, le scénariste
et le planificateur. Le président américain a dessiné
un tableau de la balance des forces au niveau de la carte mondiale. Si
nous voulons citer les choses par leurs noms, nous dirons que le chef de
l’Exécutif américain a signifié au monde que «nous,
les Américains, sommes les plus forts et le resterons. Nous pouvons
vous le prouver chaque jour.» Tel est le titre qui pourrait être
donné au film mensonger, plein de provocation projeté dans
la capitale espagnole. C’est qu’après les études économiques
à Denver, l’heure a sonné pour une démonstration de
force à Madrid, l’Otan s’étant présentée comme
le premier potentiel sécuritaire sur terre et, pour la première
fois de sa création en 1949, le champ de son action s’est étendu
jusqu’aux frontières de la Russie. De ce point de vue, le sommet
est historique. Quant à la guerre froide, elle est morte et vive
la force restante. Il est établi qu’il existe une anomalie historique
et une erreur à la réunion de Madrid, à savoir que
le Pacte s’est exposé à un certain chan-gement et, désormais,
sa mission paraît comme devant s’exercer, uniquement, dans le cadre
poli-tique. Dans la vision globale que les Etats-Unis ont de leur leadership,
l’OTAN représente l’instrument de leur influence en Europe et les
considérations économiques ne sont pas absentes de leur attitude.
Avec l’élargissement de l’OTAN un nouveau marché s’ouvre
aux firmes d’ar-mement américaines; spéciale-ment l’OMC (ex-Gatt),
l’ONU, l’OTAN et l’ALENA, c’est-à-dire l’accord de libre-échange
nord-américain et l’APEC, association de coopération Asie-Pacifique.
Voilà le «cinq majeur» dont les Etats-Unis aimeraient
disposer à leur guise. L’Uncle Sam fait face à l’am-bition
de Jacques Chirac et de l’Union européenne de partager avec l’Amérique
une partie de son hégémonie. Mais l’administration américaine
s’y est opposée et les divergences se sont transposées à
la table du sommet, accentuant les dissensions. Après Madrid, les
points d’éloignement entre Paris et Washington autour de l’élargissement
du commandement de la zone-sud du Pacte, appa-raissent comme appelant la
France à ne pas adhérer au commandement suprême de
l’OTAN. Les analystes disent que Jacques Chirac s’est trompé dans
le «choix de l’arme», car il est de-mandé, non de rendre
l’organisation militaire euro-péenne, mais de supprimer les barrières
et de dépasser les relations hégémoniques qui la gèrent.
Comment affronter le colosse américain par le choix de la voie la
plus efficace et la plus con-venable, à savoir: la capacité
politique, sans affecter la sécurité européenne et
sans provoquer une guerre économique? Tout autre scénario
aurait pu se produire, si de nouvelles offres avaient été
proposées, dont celle préconisant la création d’un
congrès des Etats d’Europe, y compris la Russie, plaçant
tous les partenaires sur le même pied d’égalité et
réactivant les négociations autour de l’armement nucléaire
et conventionnel. En bref, les données ne pouvaient changer qu’à
travers la renonciation aux préjugés et un nouvel appel en
faveur d’idées générales capables de proposer les
substituts, car «les dialogues ont eu lieu par-dessus la tête
et derrière le dos des peuples de l’Atlantique», ainsi que
l’a écrit le «Wall Street Journal». Tout le monde a
considéré que l’élargissement de l’OTAN par l’admission
de trois nouveaux Etats: la Hongrie, la Pologne et la République
tchèque et le report de l’admission de la Roumanie et de la Slovanie,
Chirac s’étant mobilisé pour être leur avocat, constituent
un échec pour la France et l’Europe. Ainsi, la vengeance d’une manière
féroce est attendue au cours d’une prochaine rencontre où
le président français et certains Etats européens...
frustrés, seraient le vainqueur.
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