LES DOSSIERS CHAUDS GELÉS PAR LES JEUX PANARABES... |
A
Madrid où ils se trouvaient au début de la semaine (avant
de gagner Londres), le chef du gouvernement et le ministre de l’Intérieur
ont participé à une manifestation de rue contre les séparatistes
basques (!). Ce qui est interdit au Liban est donc toléré
en Espagne et dans les pays civlisés... Le voyage du chef du gouvernement
bloque du même coup les dossiers chauds jusqu’à la rentrée
parlementaire. A moins que l’Assemblée soit convoquée en
session extraordinaire; mais rien n’est moins sûr.
On l’avait prévu et cela se passe selon le scénario que beaucoup de Libanais avaient imaginé: les VIIIèmes Jeux panarabes fournis-sent aux responsables une occa-sion de geler les dossiers brûlants et, aussi, d’occulter les problèmes qui se posent aux citoyens dans leur vie quotidienne, requérant des solutions urgentes. Comme on l’aura appris, le débat de politique générale et les séances plénières de la Chambre consacrées aux points figurant à l’ordre du jour ont été escamotés d’après un plan établi de commun accord par les chefs de l’Assem-blée et du gouvernement, la veille du débat parlementaire. Ceux-ci ont donc veillé à ce qu’une certaine “ligne rouge” ne fût pas franchie par les députés, dont les interventions se sont limitées à l’évocation de généra-lités, si l’on excepte les porte-parole de l’opposition, lesquels n’ont pas eu la latitude d’exprimer le fond de leur pensée, ni de pousser leurs attaques au-delà de l’espace toléré. Ce qui a amené un homme pondéré comme le président Salim Hoss à s’écrier: “Non, ce n’est pas de cette manière qu’on édifie un Etat digne de ce nom”... A vrai dire, la “troïka” (ressu-scitée) a repris le même jeu per-nicieux, qui consiste à contourner les institutions et même à les neutraliser. De l’avis du Premier ministre - qui l’a répété dans son allocution à la Cité sportive, le soir de sa réouverture: “Le travail marche; le pays marche; la parlote, aussi; mais que vous importe M. le président de la République”... La “politique du rouleau com-presseur” continue donc à sévir, “ce qui creuse chaque jour davan-tage le fossé entre le peuple et ses gouvernants”, pour reprendre les termes du cardinal Sfeir. Pour en revenir aux séances plénières de l’Assemblée, le fait pour le chef du Législatif d’avoir écourté le débat, pour éviter l’examen de projets ou de propositions de loi dont le Cabinet ne voulait pas (pour les raisons que l’on sait), témoigne du peu de cas fait par les gouvernants aux administrés. Puis, que dire du report des mu-nicipales - pour n’être pas orga-nisées avant les prochaines prési-dentielles-, ce qui porte atteinte à la démocratie, les dirigeants se souciant, uniquement, de la préserver en paroles, sans rien entreprendre pour la raffermir! En plus du patriarche Sfeir, S.B. le patriarche grec-orthodoxe, Mgr Ignace IV Hazim, pense que “le fossé existant entre le peuple et le gouvernement provient de ce qu’au Liban nous n’avons pas suffisamment travaillé en vue de parvenir, véritablement, à l’enten-te nationale”. Tout cela a pour conséquence de balayer l’Exhortation aposto-lique qui invite les Libanais et, surtout, les jeunes à participer activement à la vie politique. Comment le pourraient-ils, lorsque les élections municipales sont reportées jusqu’en avril 1999, si ce n’est aux calendes grecques? |