Evénements de la semaine

LE LIBAN ENTRE L’ENCLUME SÉOUDO-KOWEITIENNE ET LE MARTEAU IRAKIEN...

Notre pays et son économie subissent les contre-coups de la décision gouvernementale interdisant aux athlètes irakiens de participer aux Jeux panarabes, parce que les pays “frères” ayant contribué à la remise en état de nos installations sportives, l’ont exigé. Bagdad, après sa Presse, a réagi, accusant le Liban de “s’être vendu pour une poignée de dollars” et annulant la visite qu’une délégation d’hommes d’affaires irakiens devait effectuer, incessamment, à Beyrouth, ce que regrettent, vivement, nos organismes économiques.

Les Libanais sont aux prises, en ce moment, avec les Irakiens, les Koweitiens et les Séoudiens. Les premiers leur en veulent pour avoir refusé d’autoriser la partici-pation de quatre vingt-quinze de leurs athlètes aux VIIIèmes Jeux panarabes qui se déroulent, actuellement, dans nos murs. Venus de Bagdad par la route, via le territoire syrien, ces sportifs ont passé trente-six heures à la belle étoile au poste frontalier de Masnaa. N’ayant pas obtenu le permis requis pour franchir la frontière, ils ont rebroussé chemin, non sans avoir versé leur excès de bile - et on les comprend - sur les gouvernants libanais, accusant ces derniers “de s’être laissé acheter par les Séoudo-Koweitiens, pour quelques millions de dollars”. Ceux-ci ont contribué, généreuse-ment, surtout l’Arabie séoudite, aux frais de restauration (et de recons-truction) de la Cité sportive Camille Chamoun et exigé, en contre-partie, l’exclusion des sportifs irakiens des Jeux panarabes. Or, ces derniers avaient reçu une invitation, en bonne et due forme, du secrétariat général de la Ligue arabe et du comité organisateur des jeux. Le brave Esmat Abdel-Majid, secrétaire général de l’organisation panarabe, venu à Beyrouth pour assister à la cérémonie d’ouverture, a tenté d’arranger les choses, sans y parvenir. Il a proposé, dit-on, de ne pas donner aux équipes irakienne et koweitienne l’occasion de se rencontrer sur le terrain, afin de prévenir tout éventuel accrochage entre eux. Mais Ryad et Koweit sont restés sur leur position intransigeante et Beyrouth s’est trouvé en mauvaise posture. En définitive, il a résolu de faire la sourde oreille aux appels réitérés du chef de la délégation venue de Bagdad... Cela dit, il y a lieu de faire état du reproche fait sous la forme d’un blâme sévère, par le Koweit au Liban “de ne pas respecter ses engagements relatifs à la libre circulation de certains produits agricoles entre les deux pays”. Ce reproche a émané de l’ambassa-deur de l’émirat à Beyrouth, M. Abdel-Razzak Al-Kandari, à la suite des mesures protectionnistes arrêtées par le Conseil des ministres “afin de protéger les agriculteurs”, mesures devant entrer en vigueur au mois d’octobre. Le diplomate koweitien s’est dit étonné par les entraves restreignant l’entrée de produits agricoles et laitiers provenant de la principauté. Aussi, a-t-il émis le souhait de pouvoir régler ce problème “par le dialogue et l’appel au respect des conventions signées”. Et de se demander: “Comment nous est-il possible de convaincre les ressortissants des Etats membres de la Ligue, de l’utilité d’un marché com-mun arabe, lorsque des accords entre ces Etats ratifiés par les parlements sont annulés, unilatéralement, par une partie signataire?” Tout cela place notre pays dans l’embarras, du fait qu’il est pris entre l’enclume séoudo-koweitienne et le marteau irakien...


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