Saturnale


Par MARY YAZBECK AZOURY.

“À L’ITALIENNE”
Qu’adviendrait-il au Liban, si le gouvernement mettait à exécution ses menaces de licencier, sans indemnités, tous les fonctionnaires absentéistes? Pire que ce qui s’est passé en Italie. Il y a quelques mois, le gouvernement italien ayant menacé de licencier tous les fonctionnaires non présents à leur poste afin de combattre l’absentéisme, il s’ensuivit un embouteillage faramineux dans les ministères, non équipés pour accueillir le personnel au grand complet. Même pas assez de chaises, ni de bureaux; les ascenseurs congestionnés et surchargés se mirent en panne. Après quelques jours de ce chaos, retour au statu quo ante, avec pour seule différence, une alternance parmi les “abonnés” absents et les présents (comprendre les fonctionnaires). Il serait intéressant de faire cette expérience au Liban. Qu’en pense le ministre en charge de la réforme administrative?

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“TOUT VA TRÈS BIEN MONSIEUR “LE MARQUIS”
S’il est vrai que dans la chanson c’est “Tout va très bien Madame la Marquise”, le discours-programme de M. Rafic Hariri au cours de la cérémonie des Jeux panarabes à la Cité sportive Camille Chamoun, aurait pu s’adresser, surtout, à Monsieur le marquis Juan Antonio Samaranch, président du Comité olympique international. On ne sait trop qui a inspiré ou écrit l’allocution de M. Hariri, mais de mémoire de sportif, on ne pouvait faire pire. Tout d’abord, les souhaits de bienvenue au président de la République, laissaient entendre, que c’est M. Rafic Hariri qui était le véritable hôte des lieux. Car à quel titre prenait-il la parole pour lancer tant de “bienvenues”? Il n’y a pas été de main morte. Tous les titres de la langue arabe y ont passé: du “Dawlat” au “Ma’ali” (qui s’apparente plus à son Altesse), en passant par “Saadat” (Excellence) à “Fakhamat” (etc...). Arrivé au marquis Juan Antonio Samaranch, il s’est contenté de dire “Monsieur Samaranch”, qui, en français est parfaitement correct, puisqu’on dit Monsieur le marquis, sans toutes les entourloupettes fastidieuses auxquelles les orateurs libanais nous ont habitués. D’ailleurs, pour qui connaît M. Samaranch, doté d’un sens poussé de l’humour, il n’était visiblement intéressé que par le côté sportif de l’événement. M. Hariri aurait pu tout aussi bien l’appeler “Monsieur le Marquis de Carabas” qu’il n’aurait pas sourcillé. Quant à la conclusion de M. Hariri: “Tout marche, le pays marche, le travail marche, les paroles et les cancans marchent... Ne vous en faites pas Monsieur le président” (traduction littérale de l’arabe), c’était d’un “populo” plus digne d’une soirée avec arak et narguileh, que d’une inauguration officielle de Jeux sportifs panarabes... Une parodie de “L’Hymne à la Joie”, traditionnelle pour l’inauguration des Jeux.

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SOMBREROS ET MANTILLES POUR RAFIC HARIRI SUPERSTAR
Qui parle de compétences croisées au Liban? Qui parle de “territoires”? Qui parle de compétence? Au Liban, nous vivons un spectacle unique: le “One Man Show de M. Rafic Hariri...” Il faut prier pour que Dieu nous le garde! Il est partout, il confère avec les rois, les reines, les présidents, les chefs d’Etat, à la rigueur avec les Premiers ministres et quelquefois en présence de ministres des Affaires étrangères. C’est M. Hariri qui a été reçu par le roi du Maroc, c’est M. Rafic Hariri qui a été reçu par le roi d’Espagne, c’est M. Rafic Hariri qui a été reçu et sera reçu par le président Chirac. Il est l’homologue de tous. Il discute affaires étrangères, il discute accords économiques, il parle de la paix, de l’application de la 425... Il emmène avec lui qui il veut, comme il veut. Selon quels critères les délégations sont-elles formées? Dieu seul le sait. Notre ministre des Affaires étrangères reçoit des ambassadeurs, des chefs de délégation, assiste à des fêtes nationales... Ce ministère fait de l’administratif, quand il peut le faire. La dernière nomination de l’ambassadeur du Liban à Washington - qui il faut le dire est un bon choix - s’est faite en coulisses par M. Rafic Hariri. Et l’invitation adressée à la délégation irakienne pour participer aux Jeux panarabes, s’est faite par l’Education nationale et la Ligue arabe. C’est pourtant au ministère des Affaires étrangères que revient la tâche délicate d’éponger les dégâts. Voilà où l’imbroglio des compétences mène. Si chacun se mêlait strictement de son “territoire” et se contentait de coordonner son action avec ses collègues, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, sans gaffe comme celle à l’égard de l’Irak.

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RYAD IRANI: “INCULQUER LE SENS DE L’HUMOUR”
Un des plus grands savants et érudits libanais, mais malheureusement vivant la plupart du temps aux Etats-Unis où il fait des tournées de conférences est le professeur Ryad Irani. Invité par l’Université américaine de Beyrouth pour participer aux fêtes de “Commencement” (cérémonie de remise de diplômes), il s’est fait acclamer par les présents pour un discours qui sort vraiment de l’ordinaire. Loin des lieux communs, des souhaits conventionnels, des conseils et recommandations d’usage, le professeur Irani a souhaité qu’une bonne éducation soit une éducation qui “inculque le sens de l’humour” aux étudiants. Une vie où l’on ignore l’humour, n’est pas une vie. Qu’est-ce que l’humour? L’humour c’est prendre la vie du bon côté, savoir rire de soi-même avant de rire des autres. L’humour c’est la pudeur d’un jeu d’esprit. L’humoriste c’est “un homme de bonne mauvaise humeur”. Le professeur Irani a aussi, bien sûr, parlé de l’enseignement académique classique, mais toujours avec un grand sourire. Il a conclu en citant George Bernard Shaw qui écrit dans “John Bull’s Other Island” (l’autre île de John Bull): “My way of joking is telling the truth. It is the funniest joke in the world” (Ma façon de plaisanter, c’est de dire la vérité. C’est la plaisanterie la plus drôle du monde). Il a été ovationné par les présents!

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JOBS INSOLITES POUR ÉTUDIANTS
Parmi les annonces qui paraissent aux Etats-Unis et en Europe, on retrouve de plus en plus des demandes de sosies d’hommes politiques, de personnalités ou de vedettes qui ont la cote. Il y a un point essentiel à considérer. Devenir le sosie d’une dame ou d’une vedette féminine est plus facile que pour un homme. Le maquillage, l’habillement, les talons, la coiffure y sont pour beaucoup. Pour les hommes, il est essentiel de posséder presque la même silhouette, la même expression, les mêmes tics, les mêmes habitudes (cigare, cigarette, chapeaux, ou autre couvre-chef). Ces sosies se produisent au cours de ventes de charité, de soirées dansantes, de premières de théâtre, d’opéras ou d’un grand spectacle. Ils sont retenus longtemps à l’avance, leurs places aux premiers rangs étant assurées. Au Liban où les hommes politiques, leurs épouses, sont partout où on les voit inaugurer des bazars, toutes sortes de bazars, des magasins, des soirées, etc... il semble que les sosies seraient vite mis au chômage. Sauf si on les emploie au cours d’une cérémonie, d’une manifestation (quoique interdite au Liban) ou de tout autre événement qui comporterait des risques!

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LE “LIBANOPRIDE” ET LE SPECTACLE “GAY”
Si la France a eu son “Europride” organisé par les homosexuels et “fiers de l’être”, le Liban n’est pas demeuré en reste, quoique ce fut un échec lamentable. La soirée “Extravaganza” au Saint-Georges n’était pas du meilleur goût. Boy George et les “Sister Queen” (deux éphèbes hermaphrodites) se sont produits devant un public très clairsemé qui n’a pas beaucoup apprécié la prestation. Peut-être le spectacle aurait-il mieux convenu à un night-club? En fait, les “Sister Queen” moulés dans des latex rose et bleu, ont voulu présenter un spectacle “chaud” mais qui a néanmoins laissé froid le public. Tant mieux, cela prouve que le Libanais a encore un peu de jugeotte. Pauvre Boy George qui s’est payé le luxe de s’énerver et de tancer le public en déclarant: “Il vous faudra encore dix ans pour décoller”. Si c’est à ce prix qu’il faut décoller, il est préférable que le Libanais demeure pieds sur terre. Pour une soirée “Gay” ce fut une soirée morose...


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