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BÂILLONNER LA LIBERTÉ C’EST PRIVER LE LIBAN DE SA RAISON D’ÊTRE...

Peut-on imaginer le Liban sans liberté et, partant, sans dialogue? Seuls ceux qui détiennent les rênes du pouvoir chez nous répondent à cette question par l’affirmative. Preuve en est la décision du Conseil des ministres de fermer les stations radiophoniques et de télévision n’ayant pas obtenu de licence, ce qui réduit au chômage plusieurs centaines d’employés et d’ouvriers. Pour protester contre cette mesure jugée inique, une “rencontre de solidarité” (notre photo) a eu lieu lundi au siège de l’Ordre des journalistes.

C’est le président Hussein Husseini qui l’a dit: «Bâillonner l’information, c’est annihiler le Liban et les libertés publiques qui sont sa raison d’être». Et d’ajouter: «Comment pouvons-nous imaginer le Liban sans liberté et, partant, sans dialogue?» Ainsi, une fois de plus en l’espace de quelques mois, les milieux médiatiques sont mobilisés pour préserver la liberté d’expression que le Pouvoir semble vouloir étouffer. Preuve en est la dernière décision du Conseil des ministres, en vertu de laquelle les stations radiophoniques et de télévision n’ayant pas obtenu de licence, sont sommées de cesser d’émettre. Cela doit se traduire, naturelle-ment, par le renvoi de plusieurs centaines d’employés et d’ouvriers qui auront du mal à trouver un nouveau gagne-pain par les temps qui courent. Pourtant, le chef du gouverne-ment avait émis cette réflexion, sur un ton qu’il a voulu compâtissant, au cours du séminaire économique de la semaine dernière: «Que ceux qui peuvent se permettre de jeter dans la rue des dizaines de fonction-naires, lèvent la main? Cela est-il possible et imaginable?» Il l’a dit pour justifier son refus de licencier les ronds-de-cuir en surnombre, surtout au ministère de l’Informa-tion... Puis, quelques jours plus tard, le même M. Hariri décidait de remercier plusieurs centaines de personnes, formant le personnel des stations de télévision forcées de fermer leurs portes, faute de permis. Comment le Premier ministre justifie-t-il une telle décision et est-il possible de changer d’attitude, sur ce point, du jour au lendemain? Pour protester contre une mesure autant déplorable que cynique, une «rencontre de solidarité» a eu lieu lundi au siège de l’Ordre des journalistes, à laquelle ont pris part des députés, d’anciens parlemen-taires, des syndicalistes et les représentants des médias. Comme on peut le lire ailleurs dans cette livraison, les personnes présentes à ce meeting ont dénoncé la «politique partiale» du gouverne-ment, lequel applique avec rigueur la loi à certains médias et non à d’autres. De plus, elles ont réclamé de maintenir ouvert le dossier de l’audiovisuel et d’examiner les demandes pour l’obtention de licence, cas par cas, de manière à ne pas priver de l’autorisation, les stations remplissant les conditions requises. Cela dit, est-il possible que le Pouvoir soit acquis à l’idée d’opter pour l’information dirigée? Le président Husseini a mis en garde le Sérail contre toute bataille qu’il serait tenté de déclencher contre la liberté, car «tous les pré-cédents dans ce domaine rappelle-t-il, ont montré d’une façon irréfu-table que la victoire finale a tou-jours été du côté de la Presse... dont la diversité d’opinion assure un certain équilibre, sans lequel le grand perdant serait l’opinion publique». A bon entendeur, salut!


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