C’est au “Marriott Hotel” de Beyrouth, que j’ai rencontré l’épouse du président de Côte d’Ivoire, Mme Henriette Konan Bédié. D’abord simple et spontané, la conversation avec elle est aisée... Vive, chaleureuse, elle sait conquérir son interlocuteur. A la voir, on ne s’étonne plus de cet engouement que lui portent ses concitoyens; ne forme-t-elle pas avec son époux, un couple qui fait sensation et triomphe partout: que ce soit du temps où M. Bédié était diplomate accrédité aux Etats-Unis ou actuellement, à la présidence de la République? Femme de cœur et d’action, elle sait marquer sa présence auprès de lui, se lance dans le combat social et crée “Servir”, sa propre association de bienfaisance dont l’objectif est de contribuer à faire reculer en Côte d’Ivoire les frontières de l’indifférence...
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UNE FAMILLE DE DOUZE ENFANTS
N.Z.:- Qui est Henriette Konan Bédié?
H.B.: “Je suis Henriette Koizan Bomo Bédié, l’épouse
du chef de l’Etat ivoirien, Henri Konan Bédié. Je suis née
à Bouaflé dans cette zone de rupture et d’union, au paysage
tramé, largement ouverte entre ciel et terre. Mon père, Kablan
Koizan, originaire d’Aboisso, était le directeur de l’école
de cette localité. Deuxième d’une famille solidement unie
de douze enfants, équitablement répartis (six garçons
et six filles), ma mère me porta douze mois au lieu des neuf réglementaires
et comme pour rattraper les trois mois supplémentaires passés
en son sein, je fis mes premiers pas à six mois... “Fervent croyant
et homme à la conscience professionnelle sans limite, mon père
nous initie très tôt aux valeurs du travail, du respect de
l’autre, d’amitié, de fraternité. Quant à ma mère,
elle nous indique la voie du partage; cette éducation humaniste,
fondée sur l’entente et la solidarité familiale, résiste
au temps et aux hommes. Mes études se sont passées au collège
moderne de jeunes filles de Bingerville, pépinière de l’élite
féminine de Côte d’Ivoire. En 1957, j’ai quitté pour
Poitiers en France, où j’ai rejoint mon fiancé, Henri Konan
Bédié. J’y ai poursuivi des études de secrétaire
de direction.”
N.Z.: - Où est comment a eu lieu votre rencontre avec votre
époux?
H.B.: “Elle remonte à 1954. Il était, alors, élève
au collège moderne de Guiglo; c’était l’ami d’un de mes frères
aînés. Un jour, le jeune élève qu’il était
a vu la photo de la sœur de son ami... Tout est parti de là et depuis,
notre destin est lié. Nous nous sommes mariés le 3 avril
1957, à Poitiers.”
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DE POITIERS À ABIDJAN
N.Z.: - Parlez-nous de votre vie familiale.
H.B.: “Nous avons quatre enfants, deux filles et deux garçons.
Mon mari et moi avons essayé de leur donner la meilleure éducation
possible. Ils ont grandi et se battent comme tout le monde pour réussir
les affaires et gagner, honnêtement, leur vie. “A la fin des études
d’Henri, vers 1959, nous avons quitté Poitiers pour Abidjan, où
mon mari a été nommé sous-directeur de la Caisse de
Compensation et des Prestations familiales. Un an après, nous nous
sommes envolés pour Washington, où Henri est, d’abord, conseiller
à l’ambassade de France aux Etats-Unis; puis, en 1961, premier ambassadeur
de la toute jeune république de Côte d’Ivoire aux USA. “En
1966, nous rejoignons la Côte d’Ivoire et mon mari occupe les fonctions
de ministre de l’Economie et des Finances. En 1977, nouveau départ
pour les Etats-Unis, Henri étant nommé conseiller spécial
à la société financière internationale auprès
de Robert Mac Namara, président de la Banque Mondiale de 1980 à
1993, Henri est député et président de l’Assemblée
nationale et, depuis le 7 décembre 1993, il est le président
de la République de Côte d’Ivoire.”
N.Z.: - Comment organisez-vous votre vie en tant que première
Ivoirienne?
H.B.: “En tant qu’épouse de président, bien évidemment,
j’ai à assumer des responsabilités de premier plan. Mais
avec la compréhension de mon époux, un peu d’organisation
et l’aide de Dieu, je parviens à honorer mes engagements”.
Le président Henri Konan Bédié entouré
de son épouse
Henriette Konan Bédié, de sa fille, Lucette Bédié
Aié;
de ses deux fils Patrick et Jean-Luc, (Isabelle leur seconde fille ne figure
pas sur la photo).
PRÉSERVER L’UNITÉ FAMILIALE
N.Z.: - Qu’ont donc changé en vous ces responsabilités
auprès de votre époux?
H.B.: “Nos rapports, notamment, familiaux n’ont pas changé.
Naturellement, je dois tenir compte du fait qu’il est chef de l’Etat ivoirien
et que ses responsabilités sont plus prenantes. Nous nous organisons
du mieux que nous pouvons pour préserver et garantir la cohésion
et l’unité familiale.”
N.Z.: - Parlez-nous de la Côte d’Ivoire, joyau de l’Afrique?
H.B.: “Située en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire
est un territoire de 322.000km2 avec une population de 14 millions d’habitants.
C’est un pays à forte vocation agricole (café, cacao, etc).
Ayant réussi son décollage économique, il amorce son
développement industriel. La Côte d’Ivoire ambitionne de devenir,
grâce à une croissance retrouvée et soutenue, “l’éléphant
d’Afrique”, à l’instar des dragons d’Asie avec son régime
de démocratie pluraliste. Avec le courage, la détermination
des forces sociales et des autorités ivoiriennes, ces objectifs
sont réalistes.”
N.Z.: - Vous êtes au Liban à l’invitation du conseil
continental africain de l’U.L.C.M, comment se passe votre visite; et quelles
sont vos impressions?
H.B.: “Vous avez tout à fait raison, c’est à l’invitation
de l’Union libanaise culturelle mondiale (Section Afrique), que j’effectue
cette visite. Je voudrais, ici, profiter de cette interview pour exprimer
mes vifs remerciements aux membres de cette union (U.L.C.M.) et à
leur tête, M. Nagib Zaher, artisans discrets et efficaces de mon
séjour. Comment ne pas remercier tout particulièrement les
nombreux Libanais qui ont généreusement apporté leur
soutien matériel à “Servir”, association de bienfaisance
que j’ai créée et que je préside, au cours du gala
de bienfaisance au Mechref-Club? “Je veux saluer avec une profonde considération
Mme Mona Hraoui, Première Libanaise et son illustre époux
pour l’accueil extrêmement chaleureux qui m’a été réservé.
Je tiens à remercier Mme Hraoui de son estime fraternelle et à
rendre un hommage appuyé à son pays, le Liban, demeuré
une exceptionnelle terre d’attache, à l’âme généreuse,
ayant su garder intact son prestigieux passé. Je veux dire, également,
ma gratitude à Mmes Bahia Hariri et Randa Berri pour leur accueil
spontané et leur engagement social à travers leurs fondations
respectives. “En un mot, je repars comblée et enrichie de cette
visite, la première mais certainement pas la dernière”.
ÉPOUSE COMBLÉE
N.Z.: - Qu’aimez-vous le plus en votre époux et que détestez-vous
le plus en lui...
H.B.: “Je suis une épouse comblée. Je crois avoir eu
la chance de rencontrer l’homme de ma vie, un être adorable et prévenant.
Je remercie le Seigneur de tant de grâce. Depuis toujours, mon époux
a été attentif, prévenant; un père de famille
digne et rangé. Devenu président de la République,
il conserve ses qualités. Il est resté le même homme
attaché aux siens. Aussi, n’ai-je rien à lui reprocher ou
à détester en lui. C’est un époux qui a toutes les
qualités à mes yeux”.
N.Z.: - Parlons femme; à votre avis quelle serait la différence
entre l’Ivoirienne et la Libanaise...
H.B.: “Nous sommes pareilles, car nous avons le même sens de
l’hospitalité et de la générosité. En fait,
nous avons beaucoup de choses en commun; la Libanaise est très active
et l’Ivoirienne occupe sur le plan économique et social, une grande
place dans la société. D’ailleurs, elle jouit pleinement
de tous ses droits civils et le président Bédié encourage
la femme à accéder aux postes de décision; nous avons
une femme ministre de la famille...”