Echange de souvenirs symboliques entre le leader du PNL,
Dory Chamoun et le parlementaire de New South Wales, M. Michael Photios.
Dory Chamoun a offert la médaille du PNL et M. Photios, un livre
sur le premier parlement australien.
Réception au parlement fédéral à
Canberra. Assis au premier rang, à partir de la gauche: MM. Joe
Touma, Tony Abbott M.P., Paul Zammit (M.P.) et Andrew Thompson M.P. Debout:
MM. Karl Tartak, Naji Kastoun, Dory Chamoun, Habib Hasbany, Ross Cameron
(M.P.), Anwar Harb, Joshn Fletcher, Tony Saad et Clovis Al-Bitti.
Nouvel échange de souvenirs entre Dory Chamoun
et le député Semios.
A Auckland (Nouvelle Zélande), “rubbing noses”
(frottement de nez) et salutations traditionnelles entre Dory Chamoun et
un danseur Maori.
C’est une semaine particulièrement pleine de
souvenirs pour la famille Chamoun, spécialement pour Dory. En effet,
c’est le 7 août 1987 que le regretté Camille Chamoun décédait.
A quelques jours près, ce sera le 26ème anniversaire de la
mort de son épouse Zalfa Chamoun. Une messe de souvenir sera célébrée
le samedi 9 août à 18h. à Saydet el-Tallé à
Deir el-Kamar.
|
DORY CHAMOUN, PRÉSIDENT
DU PNL:
“LES GOUVERNANTS SONT
MORIBONDS... MAIS LES CIRCONSTANCES EXIGENT DE LES GARDER AUX SOINS INTENSIFS:
ILS NE DOIVENT NI GUÉRIR, NI MOURIR”
Mary Yazbek.: Semaine particulièrement douloureuse
pour vous. Quels commentaires vous inspire-t-elle? Dory Chamoun: “Honnêtement
en sus de la tristesse de cette double disparition, je dois dire qu’il
est heureux qu’ils ne soient plus là pour voir dans quel état
est le Liban. Tant, Camille que Zalfa, auraient eu le cœur brisé
de voir cette situation.” Le ton est donné. L’interview proprement
dite commence.
ASSOCIATIONS D’AMITIÉ: “AHRAR-SYDNEY”
“AHRAR-MELBOURNE” ET “AHRAR-ADELAÏDE”
M.A.Y.: - Comment s’est passée votre visite en Australie
et en Nouvelle Zélande?
D.C.: “Il est toujours bon de retrouver les émigrés libanais
et de leur parler du pays natal. Il faut maintenir le lien vivace. J’ai
été ravi de ces visites, fort différentes des précédentes.
La dernière remonte à il y a environ trente mois déjà
et j’avais trouvé une communauté très divisée,
vivant toutes les dissensions de la mère-patrie. La diaspora libanaise
évoquait à s’y méprendre le climat régnant
au Liban. Aujourd’hui, c’est complètement différent. J’ai
été accueilli avec beaucoup de chaleur et cela m’a fait un
immense plaisir de voir la communauté libanaise unifiée à
80%. C’est énorme. Il reste bien quelques groupuscules insignifiants
qui essaient de parasiter. Mais ils n’arrivent à rien. La diaspora
libanaise a compris qu’il est de son intérêt de montrer un
front uni et cela impressionne, favorablement, les pays hôtes tels
l’Australie et la Nouvelle Zélande”.
RENCONTRES INTÉRESSANTES
M.A.Y.: - Quelles réalisations avez-vous pu accomplir sur
le plan pratique? D.C.: “J’ai eu des rencontres fort intéressantes.
En l’absence du Premier ministre, j’ai été reçu par
le vice-président Tim Fisher, leader du Parti National qui, avec
les libéraux se partagent le pouvoir. En outre, j’ai rencontré
plusieurs députés et sénateurs, des parlements des
Etats de Victoria, de New-South Wales, de l’Australie méridionale
à Adélaïde; j’ai eu une longue entrevue avec le ministre
de l’Immigration. “En Nouvelle Zélande, j’ai rencontré à
Auckland le ministre des Affaires étrangères”.
M.A.Y.: - Et du point de vue australo-libanais et néo-zélandais
libanais?
D.C.: “Nous avons créé des associations d’amitié
et ouvert une section “Ahrar Australia” à Adélaïde (Australie
méridionale) en sus des associations déjà existantes
à Sydney (Nouvelles Galles du Sud) et Melbourne (Victoria). “Les
relations de ces associations d’amitié sont excellentes avec les
autorités australiennes, qui voient d’un très bon œil ces
activités culturelles et sociales. Ils sont composés d’Australiens,
d’origine libanaise qui veulent maintenir un contact avec la mère-patrie.
“Les Australiens qui comptent de nombreux immigrés de tous les pays
du monde, sont fort compréhensifs de ce point de vue.”
ALBRIGHT ET LA LEVÉE DE L’EMBARGO US
M.A.Y.:- Lors de notre dernière entrevue, vous n’étiez
pas en faveur de la levée de l’embargo US, de peur d’une bavure
sur le plan de la sécurité. Qu’en pensez-vous maintenant
que l’embargo a été levé?
D.C.: “Je pense que ce geste a été voulu pour donner
un “boost” (une poussée) au gouvernement; mais c’est une levée
très superficielle. “Tout d’abord, le geste de Madeleine Albright
est fort significatif. Elle a téléphoné à Rafic
Hariri pour le lui annoncer, alors que cela aurait dû, normalement,
passer par le ministère des Affaires étrangères. Ceci
a voulu être un geste d’appui à un gouvernement qui chancelle,
car on ne soutient que ce qui flageolle. En fait, quoiqu’on fasse, politiquement
Rafic Hariri est mort et enterré... “On a voulu lui donner un coup
de pouce. Pour certaines raisons, le département d’Etat ne veut
pas d’un changement actuel dans la direction du pays. D’ici à prétendre
pouvoir ressuciter les morts... “Mais la levée de l’embargo, est
en fait, un acte de la comédie. Car sur le plan pratique, rien n’a
changé. Pour les Américains, cela sera sans doute plus facile
de venir au Liban. D’ailleurs, ceux qui voulaient venir, s’arrangaient
pour le faire. “Quant aux Libanais, ils ne doivent pas attendre grand chose
de cette levée d’embargo: Les USA n’ont pas rouvert leur consulat
au Liban, même pas à Beyrouth. “Aucune compagnie aérienne
américaine ne reprend ses vols vers le Liban, ni la MEA n’est autorisée
à se rendre aux USA. “Donc toute cette histoire, c’est un peu de
propagande. Tant qu’il y a le brasier du Sud, le Liban ne sera pas considéré
comme sûr. Tout le reste est fanfaronnade.”
M.A.Y.:- Mais si Hariri tombe ou démissionne, par qui pourrait-on
le remplacer?
D.C.: “N’importe quel sbire, ayant un tant soit peu de connaissance
en Droit, pourrait mieux faire que ce monsieur.”
L’AFFAIRE DE LA CITÉ SPORTIVE, UNE HONTE
M.A.Y.: - Mais avec tous ses conseillers, il n’a pas besoin de connaître
lui-même le Droit!
D.C.: “Il est vrai qu’il a des conseillers, dont certains sont excellents.
Mais c’est un personnage imbu de lui-même qui, semble-t-il, n’écoute
personne. Il a un style tout particulier inspiré de certains pays
qui ne nous ressemblent pas!”
M.A.Y.: - Que pensez-vous du discours inaugural lors des Jeux panarabes
à la Cité sportive Camille Chamoun?
D.C.: “C’est une honte. De mémoire de sportif, rien de plus
ridicule n’a pu être fait ou dit. D’ailleurs, ni la direction des
Jeux, ni leur organisation, retransmises aux quatre coins du monde n’ont
fait honneur à quiconque. Le comportement d’un certain public au
cours de certains matches, le silence «majestueux» des responsables
et des médias prouvent, si nécessaire, à quel point
le Liban manque d’indépendance et de courage dans l’expression de
ses opinions”.
POLITIQUE D’INTÉRÊT ET DE L’AUTRUCHE
M.A.Y.: - Comment expliquez-vous le fait que M. Hariri jouisse de
l’appui de nombreux gouvernants, même occidentaux?
D.C.: “C’est l’intérêt qui prime tout. Pour l’instant,
tous sont en train de réaliser des affaires sur le dos des Libanais
avec la complicité d’un certain groupe. Alors, pourquoi voulez-vous
qu’ils rejettent ce que les Libanais acceptent?”
M.A.Y.: - Mais tous ne l’acceptent pas. Que pensez-vous de la révolte
des affamés de Cheikh el-Toufayli?
D.C.: “Rien d’étonnant au comportement de Toufayli. Je n’approuve
pas les méthodes... Mais peut-on parler raison à des gens
désespérés? “Ce qu’il y a de plus étonnant,
c’est qu’il n’y a pas d’autres mouvements de revendications. Attendez un
peu la rentrée scolaire et alors, on pourra assister à ce
qui se passera”.
M.A.Y.: - Que pensez-vous de la politique économique du gouvernement?
D.C.: “Ce n’est pas une politique économique, c’est du vol à
main armée. “Le jour est proche où le gouvernement devra
sortir sa tête du sable et renoncer à la politique de l’autruche.”
M.A.Y.: - Ne pensez-vous pas qu’un ministère du Plan s’impose?
D.C.: “C’est la première des nécessités. Mais
M. Hariri n’en veut pas. Cela risque de le déranger dans ses habitudes
et pourrait mettre fin aux «plans» Solidère.”
M.A.Y.:- On dit, pourtant, que c’est grâce à lui que
la monnaie libanaise s’est stabilisée?
D.C..: “A quoi sert une bonne parité de la livre libanaise avec
le dollar américain, quand le pouvoir d’achat de la livre a sensiblement
baissé. Jamais de mémoire de citoyens, le Libanais n’a vu
une telle baisse de son pouvoir d’achat. Hariri, en fait, a réussi
le tour, non de stabiliser la livre libanaise, mais d’annuler le pouvoir
d’achat ou d’affaiblir les devises fortes au Liban. Avec n’importe quelle
monnaie, la vie est devenue de plus en plus chère au Liban.”
M.A.Y.: - Qu’est-ce qui peut soutenir l’économie libanaise?
D.C.: “Seul un Etat de Droit peut soutenir l’économie libanaise,
réinstaller la confiance dans le pouvoir et ranimer le peuple libanais.”
M.A.Y.: - Que suggérez-vous?
D.C.: “Repartir à la case départ, avec l’organisation
d’élections libres sous la supervision d’observateurs objectifs
internationaux, comme cela s’est fait ailleurs dans le monde.”
“ILS ONT ‘CONFESSIONNALISÉ’ MÊME
LES ORDURES”
M.A.Y.: - Que pensez-vous du problème de l’audiovisuel et
des réclamations de différentes communautés religieuses
pour avoir le droit d’émettre?
D.C.: “Ces gouvernants ont réussi le tour de force de tout ‘confessionnaliser’...
même les ordures. Alors?”
M.A.Y.: - Que pensez-vous de l’affaire des deux présidents
de la CGTL?
D.C.: “Ils divisent pour régner. Bien au-delà de cette
question, on a inventé une soixantaine de petits syndicats, tous
avec forte allégeance au gouvernement. Alors, pourquoi s’étonner.
Au Liban, on ne devrait s’étonner que de pouvoir encore s’étonner..!”
ET POURQUOI LE MINISTRE DES A.E. NE SUIVRAIT-IL
PAS L’EXEMPLE?
M.A.Y.: - Que pensez-vous de la décision du ministre des
Affaires étrangères d’organiser lui-même un concours
pour le recrutement de diplomates et de passer outre à la Fonction
publique?
D.C.: “Il ne fait que suivre en cela l’exemple de ses collègues
en commençant par le Premier ministre. Chacun fait ce que bon lui
semble, pourquoi n’en ferait-il pas de même? Monsieur Hariri fait
ce qu’il veut, là où il veut, comme il veut. M. Hariri est
un “businessman” (homme d’affaires) à plein temps et Premier ministre
à temps partiel. Avec le retour de la “troïka”, ce sont les
pouvoirs paralysés.”
M.A.Y.: - Puisqu’on parle d’affaires étrangères, pensez-vous
qu’Amine Gemayel soit habilité à témoigner devant
la commission parlementaire des A.E. du Congrès américain?
D.C.: “Habilité ou pas, il a très bien parlé.
J’approuve, entièrement, ses déclarations. Maintenant sera-t-il
écouté? Ceci est une autre question.”
M.A.Y.: - Croyez-vous que c’est une histoire de visa qui a empêché
le général Michel Aoun de se rendre à Washington?
D.C.: “Je pense que le prétexte est fallacieux. Je crois que
depuis le début, on ne voulait pas l’entendre et que le visa serait
refusé.”
QUE LES CHRÉTIENS COMMENCENT PAR APPLIQUER
EUX-MÊMES L’EXHORTATION APOSTOLIQUE
M.A.Y.: - Pierre Hélou, dès son
élection à la présidence de la Ligue maronite, a déclaré
que le plus urgent des programmes est de faire appliquer l’exhortation
apostolique. Mais il y a ceux qui objectent et disent que cette exhortation
ne tient pas compte du fait que l’Islam implique une politique socio-culturelle,
ne serait-ce qu’en ce qui concerne les droits de la femme, des enfants,
pour ne parler que de ceux là...
D.C.: “Je vais vous interrompre... Pierre Hélou a absolument
raison. Il est urgent de faire appliquer l’Exhortation apostolique en premier
par les Chrétiens et en commençant par les maronites. Le
reste nous sera donné de surcroît.”
|