EN MARGE DE LA LEVÉE CONDITIONNELLE DES RESTRICTIONS AMÉRICAINES... |
La
levée de l’interdit ayant frappé pendant douze ans les Américains
désireux de venir chez nous, a été interprété
comme “un geste de confiance, bien que mitigée, à l’égard
du Liban”. Cependant et ainsi que l’a observé le cardinal Sfeir,
“la levée conditionnelle de l’embargo US, montre que nous continuons
à vivre dans une situation non naturelle”. Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur
des Etats Unis a attribué à l’Armée libanaise le mérite
d’avoir stabilisé la sécurité intérieure.
On l’attendait depuis des mois et, chaque fois, elle était repor-tée in extremis pour diverses raisons, dont celle relative à la sécurité. Mme Madeleine Albright, secrétaire d’Etat US, vient de prendre la décision, tant souhai-tée par le Liban, en vertu de la-quelle est levé l’interdit frappant les ressortissants américains désireux de venir dans notre pays ou même d’y transiter. Mais cette levée des restric-tions est conditionnelle, en ce sens qu’elle est liée à la ratifi-cation de la convention sur la lutte contre le terrorisme et le kidnapping d’otages. D’ailleurs, le chef du dépar-tement d’Etat continue à quali-fier notre pays de «zone dange-reuse» et recommande à ses compatriotes de ne pas y venir! Il s’agit, en fait, d’une mesure incomplète, devant être doublée de mesures pratiques, à savoir la réouverture des services consu-laires pour l’octroi de visa d’entrée aux Etats-Unis et la reprise des liaisons aériennes entre les deux pays. En effet, le visa pour les USA reste un «privilège» difficile à obtenir, de même que le permis de séjour et, surtout, de travail dans ce pays où les formalités y relatives sont tellement compli-quées et nécessitent des mois, voire des années. Puis, rien n’a été dit à propos de la possibilité, pour la MEA, de reprendre ses vols vers New-York. Pour que ses avions puis-sent desservir cette ligne aérien-ne, la compagnie nationale d’aviation doit entreprendre des démarches ardues, qu’un avocat a été chargé d’effectuer. Il est heureux que Mme Albright ait pris sa décision deux jours avant le double attentat-suicide de Jérusalem, sinon elle aurait été différée une fois de plus. Cela dit, il y a lieu de déplorer le fait pour les dirigeants de chercher à se prévaloir de la «victoire» que constitue pour eux la levée de l’embargo US. Il s’agit, comme on s’en doute, d’une décision purement améri-caine, Washington ne prenant aucune initiative que si elle sert les intérêts des U.S.A.. Puis, il ne faut pas perdre de vue la mise en garde du chef de leur diplo-matie qui s’est réservé le droit «de rétablir l’interdit», au cas où la sécurité venait à se détériorer dans nos murs. Cependant, l’ambassadeur américain a mis les choses au clair en déclarant que «c’est grâce à l’Armée libanaise et à son rôle dans le rétablissement de la sécurité intérieure, que la capitale fédérale a levé les restrictions sur le voyage de ses ressortissants au Liban». Ici, il sied de poser la question suivante: les firmes américaines se décideront-elles à investir chez nous? Naturellement, il faut les encourager à le faire. Malheureusement, et que nous le voulions ou pas, notre dossier est lié au règlement du conflit régional. Puis, tant que les forces is-raéliennes ne se retireront pas du Sud et de la Békaa ouest, nous ne pouvons nous attendre à voir affluer les investisseurs améri-cains et l’assistance nécessaire à notre redressement économique continuera à nous être octroyée au compte-gouttes... |