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NATURALISATION: CONDITIONS RHÉDIBITOIRES DIFFICILES À REMPLIR...
 
 
Tout en se prononçant en faveur de l’octroi de la nationalité libanaise aux émigrés, le chef du palais Bustros (notre photo) pose des conditions dont certaines sont rédhibitoires. En effet, l’émigré doit s’exprimer dans sa langue maternelle, avoir été inscrit dans une école libanaise à l’étranger et, au moins une fois, visiter la mère-patrie.

L’idée prônant l’octroi de la nationalité libanaise aux Libanais d’outre-mer fait son chemin, ainsi qu’il est apparu lors du quatrième séminaire de la commission épisco-pale pour l’émigration, relevant de l’Assemblée des prélats catholiques du Liban (APECL). Plaidant dans ce sens, le chef du palais Bustros s’est prononcé en faveur de cette idée, disant que «toute personne de sang libanais a droit en même temps à cette nationalité et au droit de vote qui l’accompagne». En posant, toutefois, certaines conditions, dont les suivantes: s’exprimer dans sa langue maternelle (l’arabe), avoir été inscrit dans une école libanaise à l’étranger et avoir visité la mère-patrie une fois au moins. Quant au droit de vote, le chef de la diplomatie préconise qu’il soit consacré dans la nouvelle loi électorale que le gouvernement se propose d’élaborer et sur base de laquelle seraient organisées les prochaines élections législatives, celles de l’an 2.000. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères estime nécessaire de définir la nature des liens à établir entre le Liban et ses fils épars sous tous les cieux. «A cet effet, soutient-il, il faut éviter, pour s’occuper d’eux, de créer des organismes rivaux institués davantage pour se servir des émigrés que pour les servir». Autrement dit, des organismes qui, du point de vue du droit international et de la Convention de Vienne, sont de véritables hérésies dont le Liban a l’exclusivité. M. Bouez a critiqué, alors, sans le citer nommément, le ministère des Emigrés et, également, la fonction d’attaché à l’émigration dernière-ment instituée, «parce qu’ils créent pour l’émigré le problème de la double allégeance et contredisent la Convention de Vienne qui régit les relations diplomatiques entre les Etats». La seconde partie de l’intervention paraît logique. Cependant, certains points de la première ont tout l’air de conditions rhédibitoires difficiles à remplir. En effet, on sait que la plupart des émigrés des deux dernières géné-rations - si ce n’est tous, - ne parlent pas la langue maternelle. Nés à l’étranger, ils se sont d’autant mieux intégrés aux milieux où ils ont vu le jour et grandi, qu’ils s’expriment dans la langue du pays d’émigration. A ce propos me revient à l’esprit cette «supplication» d’un émigré septuagénaire du Brésil, où j’avais accompagné une mission économi-que arabe: «Employez-vous à obte-nir l’ouverture d’écoles dans les pays d’accueil, afin de permettre à nos enfants d’apprendre l’arabe». C’était dans les années soixante. J’avais été alors étonné de n’avoir rencontré, parmi les centaines de jeunes émigrés à l’étroit dans l’immense club «Monte Libano» de Sao Paulo, aucun avec lequel je pouvais m’entretenir sans l’aide d’un interprète. Cette jeunesse fêtait le succès fulgurant d’un chanteur en vogue, qui s’était classé en tête de liste parmi les crooners de l’époque en composant un tube intitulé: «La Banda». Et fait curieux: ce grand club ne comportait aucune photographie, même pas le drapeau libanais ou quelque paysage de nos sites touristiques et archéologiques rappelant à ses habitués le pays des Cèdres! 


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