NOUVEAU REGAIN DE TENSION AU LIBAN-SUD

C’EST TOUJOURS L’ESCALADE SUR LE TERRAIN ET LE MÊME CYCLE INFERNAL



L’endroit où a explosé la bombe israélienne
à l’entrée de Kfour (Liban-Sud). (Photo Ahmed Ghorabi)


Une foule nombreuse participa aux funérailles
des quatre martyrs du Hezbollah.

Alors que des efforts diplomatiques sont déployés tous azimut pour réactiver le processus de paix, du moins pour sauver ce qui en reste, on assiste au même moment à un vif regain de tension au Liban-Sud. N’y aurait-il pas, comme toujours, une relation de cause à effet entre ce “ballet diplo-matique” et la nouvelle escalade, le Liban ayant depuis des décennies, servi de bouc émissaire au règlement du conflit régional? Le pire, pour nous Libanais, est le fait de continuer à tourner en rond, dans ce cercle infernal, comme si notre destin était de boire la coupe jusqu’à la lie.

EXPLOSION D’UNE BOMBE À KFOUR
La relance de la violence au Liban-Sud s’est manifestée, ces derniers jours, par l’explosion d’une bombe à l’entrée du village de Kfour, situé à 5 km en dehors de la “zone de sécurité” qui s’est soldée par cinq morts dans les rangs du “Hezbollah”. La bombe aurait été placée en ce lieu par un commando israélien héliporté et actionnée par un avion de reconnaissance sans pilote, au moment du passage des éléments de la forma-tion chiite intégriste. L’escalade mili-taire se poursuit, doublée d’une escalade verbale entre le “Hezbollah” et Israël. A Nabatiyeh, lors des funérailles de quatre des cinq intégristes tués, cheikh Naïm Kassem, secrétaire-adjoint du “Hezbollah”, a tenu un langage virulent, promettant à Israël des explosions et des attentats-suicides à l’intérieur du pays et dans les zones occupées. “La confrontation sera ouverte, dit-il. Israël ne connaîtra plus la tranquillité et ceux qui espèrent pouvoir vivre en accord avec l’Etat hébreu doivent savoir que ce temps est révolu, le compte à rebours ayant commencé. Il n’y aura pas de paix dans la région, tant que se perpétueront l’occupation et les pressions exercées contre les peuples palestinien et libanais”.

NASRALLAH HAUSSE LE TON
A Haret Hreik (banlieue-sud de Beyrouth), aux funérailles du cinquième élément intégriste, cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, n’a pas mâché ses mots: “Si le pouvoir n’est pas en mesure de protéger le citoyen, qu’on laisse cette affaire aux soins de la Résistance”. De son côté, Tel-Aviv affirme sa détermination à frapper la formation intégriste partout et par tous les moyens. Il faut dire que, suite à l’attentat-suicide de Jérusalem ouest, les responsables israéliens durcissent leur langage et leur position. Quant au pouvoir libanais, il a comme unique moyen de déposer des plaintes auprès du comité de surveillance; Israël en dépose aussi. Le comité les examine, condamne l’une ou l’autre des parties et le cycle recommence. Cyniquement, on pourrait se dire que ce climat de tension est idéal pour préparer la nouvelle tournée de M. Dennis Ross, coordonnateur améri-cain, dans la région, en vue de relancer le processus de paix. Suite aux résultats de cette tournée, le secrétaire d’Etat, Mme Madeleine Albright, pourrait venir au Proche-Orient où elle n’a pas encore effectué de visite depuis son entrée en fonction, en janvier 97. Vis-à-vis de cette nouvelle mission de médiation américaine, les avis sont partagés. La Syrie ne croit pas en son utilité, partant du fait que ces tournées arrivent trop tard, Washington adop-tant, désormais, la politique intransi-geante du gouvernement israélien.

MISE EN GARDE DE MOUBARAK
Ce n’est pas l’avis du président Moubarak qui insiste sur la nécessité de débloquer, à tout prix, l’impasse régionale, sinon les conséquences en seraient bien graves. Il est utile de rappeler que les négociations de paix syro-israéliennes sont suspendues depuis février 1996, ainsi que les pour-parlers israélo-palestiniens. Le débloquage va-t-il se produire pour empêcher une guerre généralisée dont certains évoquent l’éventualité, même si le Premier ministre Hariri, n’y croit pas du tout? Et comment un possible retour au dialogue entre les différentes parties proche-orientales pourrait-il se traduire de façon positive pour le Liban? Car jusqu’à l’heure, l’Etat libanais n’arrive pas encore à rouvrir la voie de passage de Kfarfa-lous, pour sortir Jezzine de son isolement et éviter que sa population civile soit la victime d’attentats meurtriers de la part des intégristes. La langue de bois de nos dirigeants, face à l’action de la résistance au Sud, ne répond pas non plus positivement, à la récente levée de l’embargo U.S.

NELLY HÉLOU


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