C’EST TOUJOURS L’ESCALADE SUR LE TERRAIN ET LE MÊME CYCLE INFERNAL
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Alors que des efforts diplomatiques sont déployés tous azimut pour réactiver le processus de paix, du moins pour sauver ce qui en reste, on assiste au même moment à un vif regain de tension au Liban-Sud. N’y aurait-il pas, comme toujours, une relation de cause à effet entre ce “ballet diplo-matique” et la nouvelle escalade, le Liban ayant depuis des décennies, servi de bouc émissaire au règlement du conflit régional? Le pire, pour nous Libanais, est le fait de continuer à tourner en rond, dans ce cercle infernal, comme si notre destin était de boire la coupe jusqu’à la lie.
EXPLOSION D’UNE BOMBE À KFOUR
La relance de la violence au Liban-Sud s’est manifestée,
ces derniers jours, par l’explosion d’une bombe à l’entrée
du village de Kfour, situé à 5 km en dehors de la “zone de
sécurité” qui s’est soldée par cinq morts dans les
rangs du “Hezbollah”. La bombe aurait été placée en
ce lieu par un commando israélien héliporté et actionnée
par un avion de reconnaissance sans pilote, au moment du passage des éléments
de la forma-tion chiite intégriste. L’escalade mili-taire se poursuit,
doublée d’une escalade verbale entre le “Hezbollah” et Israël.
A Nabatiyeh, lors des funérailles de quatre des cinq intégristes
tués, cheikh Naïm Kassem, secrétaire-adjoint du “Hezbollah”,
a tenu un langage virulent, promettant à Israël des explosions
et des attentats-suicides à l’intérieur du pays et dans les
zones occupées. “La confrontation sera ouverte, dit-il. Israël
ne connaîtra plus la tranquillité et ceux qui espèrent
pouvoir vivre en accord avec l’Etat hébreu doivent savoir que ce
temps est révolu, le compte à rebours ayant commencé.
Il n’y aura pas de paix dans la région, tant que se perpétueront
l’occupation et les pressions exercées contre les peuples palestinien
et libanais”.
NASRALLAH HAUSSE LE TON
A Haret Hreik (banlieue-sud de Beyrouth), aux funérailles
du cinquième élément intégriste, cheikh Hassan
Nasrallah, secrétaire général du “Hezbollah”, n’a
pas mâché ses mots: “Si le pouvoir n’est pas en mesure de
protéger le citoyen, qu’on laisse cette affaire aux soins de la
Résistance”. De son côté, Tel-Aviv affirme sa détermination
à frapper la formation intégriste partout et par tous les
moyens. Il faut dire que, suite à l’attentat-suicide de Jérusalem
ouest, les responsables israéliens durcissent leur langage et leur
position. Quant au pouvoir libanais, il a comme unique moyen de déposer
des plaintes auprès du comité de surveillance; Israël
en dépose aussi. Le comité les examine, condamne l’une ou
l’autre des parties et le cycle recommence. Cyniquement, on pourrait se
dire que ce climat de tension est idéal pour préparer la
nouvelle tournée de M. Dennis Ross, coordonnateur améri-cain,
dans la région, en vue de relancer le processus de paix. Suite aux
résultats de cette tournée, le secrétaire d’Etat,
Mme Madeleine Albright, pourrait venir au Proche-Orient où elle
n’a pas encore effectué de visite depuis son entrée en fonction,
en janvier 97. Vis-à-vis de cette nouvelle mission de médiation
américaine, les avis sont partagés. La Syrie ne croit pas
en son utilité, partant du fait que ces tournées arrivent
trop tard, Washington adop-tant, désormais, la politique intransi-geante
du gouvernement israélien.
MISE EN GARDE DE MOUBARAK
Ce n’est pas l’avis du président Moubarak qui insiste
sur la nécessité de débloquer, à tout prix,
l’impasse régionale, sinon les conséquences en seraient bien
graves. Il est utile de rappeler que les négociations de paix syro-israéliennes
sont suspendues depuis février 1996, ainsi que les pour-parlers
israélo-palestiniens. Le débloquage va-t-il se produire pour
empêcher une guerre généralisée dont certains
évoquent l’éventualité, même si le Premier ministre
Hariri, n’y croit pas du tout? Et comment un possible retour au dialogue
entre les différentes parties proche-orientales pourrait-il se traduire
de façon positive pour le Liban? Car jusqu’à l’heure, l’Etat
libanais n’arrive pas encore à rouvrir la voie de passage de Kfarfa-lous,
pour sortir Jezzine de son isolement et éviter que sa population
civile soit la victime d’attentats meurtriers de la part des intégristes.
La langue de bois de nos dirigeants, face à l’action de la résistance
au Sud, ne répond pas non plus positivement, à la récente
levée de l’embargo U.S.
NELLY HÉLOU