POUR LA PREMIÈRE FOIS, LA DROITE ET LA GAUCHE UNIES DANS UN MÊME FRONT
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Pour la première fois depuis la fin de la guerre, une rencontre élargie a réuni au “Bristol” les partis et forces nationaux et islamiques, à l’effet d’approuver, un document sur base duquel doit être constituée une “alliance nationale” rassemblant la droite et la gauche. Il en émanera, par la suite, un parti arabe groupant les forces hostiles à Israël, ayant pour objectif “de procéder à des consultations autour de l’évolution de la conjoncture au double plan local et régional”. Ont participé à la rencontre: deux ministres, Walid Joumblatt (PSP) et Ghazi Seifeddine (Parti socialiste arabe); un député, Zaher el-Khatib (Ligue des travailleurs), une délégation du “Hezbollah” dirigée par Hassan Nasrallah, secrétaire général du parti; Haytham Jomaa (Amal), cheikh Hassan Karakira (Association des projets islamiques), cheikh Fayçal Mawlaoui (Jamaa islamiya), Inaam Raad et Assem Kanso (Parti social national syrien-ex-PPS), Georges Saadé et Karim Pakradouni (Kataëb), Farouk Dahrouj (Parti communiste), Oussama Saad (Organisation populaire nassérienne), Maan Bachour (Rassemblement des comités et ligues populaires), Agop Pakradouni (Tachnag); Samir Charkass (Organisation nationaliste nassérienne), Omar Harb (Union socialiste arabe), Nazih Hamzé (Parti démocrate populaire), Loutfi Mrad (Organisation des étudiants pour l’action nationale), Krikor Krikorian (Ramgavar), Khalil Iskandarani (Parti de l’Union), Hussein Hamdane (Parti de l’action socialiste), Ohannès Kalpakian (Hentchag); Samir Ahmed (Parti de l’action socialiste arabe), Mounir As-Sayad (Parti de l’Union socialiste - Organisation nassérienne), Rachid Mita (Mouvement de la lutte populaire), Rachid Malla (Razkari) et Ali Eid (Parti démocrate arabe). Au terme de trois heures de délibérations, les personnes présentes ont adopté un “document en neuf points, comportant des dénominateurs communs, autour de la lutte contre l’ennemi israélien en vue de libérer le territoire, consolider l’unité nationale, soutenir la résistance et assurer à notre peuple les moyens de tenir tête à l’occupant”. Les partis et forces représentés à la rencontre, abstraction faite de la diversité de leurs affiliations idéologiques, ont résolu de coopérer et de généraliser cette expérience enrichissante. A cet effet, ils s’engagent “à respecter l’opinion de l’autre, à dialoguer aux fins de resserrer les rangs et de conjuguer les efforts, pour faire face avantageusement aux grands défis, en tête desquels l’occupation et la colonisation sioniste en Palestine, ainsi que les alliances hostiles à la nation arabe”. Fait à signaler: ce document a été élaboré par un comité représentatif de tous les partis présents au “Bristol”, ayant tenu plusieurs réunions pour mettre au point le texte définitif, une rencontre périodique étant prévue tous les deux mois. Interrogé sur le fait de savoir comment il s’est permis avec son collègue (Walid Joumblatt), de critiquer l’Autorité dont ils partagent les responsabilités gouvernementales, le ministre d’Etat Seifeddine a émis cette réflexion: “Nous n’avons pas critiqué le Pouvoir et si nous étions appelés à soutenir que tout va pour le mieux dans la IIème République, nous serions incapables d’y souscrire”. La rencontre des partis et forces libanais de tous bords constitue, à n’en pas douter, une évolution au plan de la vie politique. Il n’est pas courant de voir des partis d’extrême-droite et d’extrême-gauche se retrouver autour de dénominateurs communs d’une telle importance, engageant leurs responsabilités au plan national. Ce nouveau “front”, dont le moins qu’on puisse dire, est qu’il représente une large franche de l’opinion libanaise, peut et doit œuvrer en vue de forcer le Pouvoir à reconsidérer sa politique générale et son ordre des priorités. |