LE LEADERSHIP NE SE FABRIQUE PAS DANS LES USINES...
ET ON NE PEUT ASSURER SA MATURATION À LA MANIÈRE DES BANANES
Certains croient que le leadership, telle la confection
d’un vête-ment, il vous suffit d’émettre le désir de
l’avoir, de choisir un couturier adroit, de lui apporter le tissus, de
lui fournir le modèle et l’argent, pour qu’il vous échoie.
Après cela, “tout marchera”. En fait, il s’agit d’une affaire grave
qu’on ne peut obtenir en pressant sur un bouton, sous l’effet d’un caprice.
Telle est l’erreur dans la manière de penser, l’analyse et la vision
des choses sous leur angle non pratique. Le leadership ne peut être
improvisé et obtenu précipitamment, qu’un homme ambitieux
a la possibilité d’acquérir sans y être habilité.
Car il ne peut être fabriqué dans les usines, ni porté
à maturation dans un four à bananes, sous une température
que nous fixons nous-mêmes. Tout cela est stupidité, arrogance
et complexe de supériorité. Le leadership est authenticité
et se mobilise au service des gens, lequel procure une satisfaction, un
bonheur et une grâce, sinon vous agirez en vain pour y accéder.
Je répète ce que j’ai dit précédemment: le
leadership est un temps ouvert, un cœur ouvert, une maison ouverte et une
poche ouverte. Si tous ces éléments, en dépit de leur
disponibilité, ne donnent pas des fruits, nous tentons vainement
de faire d’un homme un leader. Il pourrait disposer d’une voiture à
plaque bleue sur laquelle flotte un fanion, mais ceci est une apparence
éphémère qui s’éclipse dès la première
confrontation. Le commandement est un sentiment dans l’esprit, une passion
dans l’âme et une artère dans le cœur battant en faveur des
valeurs et de la moralité, sans hypocrisie ni duplicité.
Sinon ce serait une poignée de terre, pour une fournée de
gens ordinaires. Comme si l’homme politique était un bloc de viande
dans des habits falsifiant la forme du leader, sans lui valoir ce titre.
Il est plus important de s’occuper des gens que nous ne pouvons acquérir
sans partager leurs souffrances, de vivre les moments sombres et difficiles
de leur existence, que de dépenser l’argent et d’acheter les êtres
humains. Faute de quoi, toutes les tentatives restent inutiles. Pour plus
de précision, je dirai que toute prétention de leadership
se manifeste dans des banquets copieux, des voitures luxueuses, des téléphones
cellulaires ou non-cellulaires dont les “antennes” sont hissées
bien en évidence. Tout cela suscite la risée des gens et
ne crée pas le leadership. Surtout si ce dernier se cultive sous
des serres en plastique artificielles et s’il est le fruit de l’improvisation.
Tel le fait de dire: Nous voulons être des leaders et, du jour au
lendemain, nos portraits apparaissent sur les murs, les calicots vantant
nos qualités se tendent en travers des rues, alors que la publicité
nous concernant est diffusée à travers les journaux et la
télévision. Ainsi, nous nous faisons appeler chefs et leaders.
C’est du camouflage... C’est un leurre que nous pratiquons sur nous-mêmes...
Puis, nous généralisons ce leurre sur les gens. Mais nous
ne pouvons pas les induire en erreur. Ils savent que nous voulons d’eux
un service passager; c’est-à-dire un loyalisme momentané,
sans toucher leur cœur, parce que nous sommes incapables de l’atteindre.
Le leadership ne peut arriver à maturation et s’enraciner en un,
deux, trois, quatre ou dix ans. Il doit être une famille, une histoire,
un patrimoine ancrés dans les cœurs. Autrement dit, le leader doit
être fils de leader et d’une famille ayant son authenticité,
ses racines dans la terre et les cœurs, ce qui exige des générations.
Tels sont les leaders solides. Quant aux leader-ships éphémères,
ils sont tributaires d’un caprice, d’un désir et d’un souffle de
vent. Chaque fois qu’il vente ou qu’un éclair déchire le
firmament, un leader s’envole et un autre tombe, parce qu’ils n’ont pas
de fondement. “Il rit et pleure, non par joie ou tristesse, à l’instar
d’un amoureux ayant tracé un ligne dans la folle passion; puis,
l’a effacée”. Il en est de même pour les leaderships improvisés,
achetés n’étant pas fils de l’Histoire, ni les héritiers
d’une gloire invétérée, fortifiée par le temps.
La nouvelle gloire n’en est pas une; c’est une reproduction falsifiée
et une image tronquée de la gloire. Ceux qui prétendent,
par orgueil, être des leaders, doivent être les fils d’un leadership
qu’ils ne peuvent acheter, ni falsifier ou le présenter sous forme
d’une image qu’ils croient être la meilleure. Ce sont des faits stupides
dont se rient les gens. Dans le passé, ceux-ci percevaient de l’argent
de politiciens; puis, accordaient leurs suffrages à Saëb Salam
et Sami Solh. L’argent ne peut fabriquer une autorité. Soudoyer
un électeur pour l’amener à voter contre votre adversaire
est une ingérence dans le jeu de la stupidité; parce que
cet électeur vous promettra de voter dans le sens que vous désirez
et ira relater aux citoyens ce que vous lui avez demandé de faire.
A l’heure de la confrontation avec lui-même, il votera pour votre
adversaire, celui-là dont vous vouliez le détourner. Quiconque
recourt à ce procédé est à plaindre, car ce
dernier s’est retourné contre ceux qui l’ont essayé. Le leadership
est porté à maturation par l’Histoire seule; il est le fruit
de services, d’un passé riche en initiatives et en sincérité
envers les gens que votre père ou votre grand-père vous ont
légués. Quant à vous imaginer en tant que leader,
parce que vous l’avez voulu et que vous disposez d’une fortune vous permettant
de transporter les électeurs qui vous tirent leur langue, surtout
s’ils vous ont expérimenté au pouvoir, touché du doigt
la faiblesse de votre capacité à donner, la fausseté
de vos promesses et l’arrogance de votre comportement, à ce moment
vous êtes condamné à disparaître. L’éclipse
affecte ceux qui croient être en mesure de court-circuiter l’Histoire:
elle les déçoit, les transformant en gens lâches, assistant
au spectacle de l’orgueil de quiconque veut l’immortalité et perpétue
l’oppression. L’heure de la confrontation est proche et la situation changera,
suite à l’amoncellement des erreurs des gouvernants. Toutes les
choses artificielles exagérément gonflées s’estomperont,
après être devenues la risée des gens, l’objet de sarcasmes
portant à rire et à tourner en ridicule les leaders de pacotille.
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