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VOYAGE PRÉSIDENTIEL ET NATURALISATION DES LIBANAIS D’OUTRE-MER

Effectuant une visite d’Etat au Brésil, le chef de l’Etat a promis aux émigrés vivant dans ce pays, de leur accorder le nationalité libanaise, en vertu d’un projet de loi dont l’Assemblée nationale serait saisie incessamment. Or, ce projet approuvé par le dernier Conseil des ministres, fait l’objet de critiques de la part de certains ministres, sous prétexte “qu’il a été élaboré à la hâte et menace, dans sa forme actuelle. l’unité nationale...”

Comme on s’y attendait, la naturalisation des Libanais d’outre-mer provoque une controverse dont les promoteurs invoquent des raisons autant iniques que saugrenues! Des voix fielleuses se font entendre, d’autant étranges qu’il s’agit de membres du gouvernement. Elles s’élèvent moins de quarante-huit heures après l’approbation, par le Conseil des ministres, d’un projet de loi élaboré dans l’intention de faciliter les formalités permettant aux Libanais d’outre-mer d’obtenir, si ce n’est de récupérer, leur nationalité d’origine. Le chef de l’Etat qui effectue depuis lundi dernier une visite d’Etat au Brésil, se promettait d’offrir cette loi en cadeau à nos frères émigrés établis dans ce pays-continent, où vivent plus de huit millions de nos compatriotes, dont ceux de la troisième génération presque complètement intégrés dans la société brésilienne. Ainsi, trois ministres - ceux des Déplacés, de la Défense, de l’Habitat et des Coopératives - émettent des réserves à propos du projet mentionné dont ils préconisent le réexamen, parce qu’ils y détectent “des causes de malentendus au plan national” (sic). Le chef du gouvernement semble partager ce point de vue et d’aucuns pensent même qu’il a incité les trois membres de son Cabinet à “dénoncer ce danger dont serait menacée l’unité nationale”! Ceci a donc tout l’air d’une campagne orchestrée par les milieux proches du Sérail. Pourtant, le ministre des Emigrés s’était prononcé en faveur de la naturalisation des émigrés, au terme d’une tournée dans plus d’un pays d’accueil, l’Argentine ayant été le dernier figurant à son itinéraire. Ceci est normal, surtout quand on demande aux émigrés d’investir dans la mère-patrie pour contribuer à sa reconstruction et à son essor. Le ministre des Déplacés a donné le ton, en faisant le lien entre le voyage présidentiel et le projet de loi sur la naturalisation des émigrés. “Nous souhaitons, dit-il, que le président Hraoui ne nous enferme pas dans le cercle vicieux de la naturalisation, car une telle question pourrait affecter l’unité nationale, en plus de celles relatives au retrait de l’armée syrienne et de la neutralisation de Jezzine.” Le ministre de la Défense a émis une réflexion, pour le moins absurde. “Les émigrés veulent obtenir la nationalité libanaise? Fort bien, qu’ils commencent par retourner au Liban et s’y installer pour avoir le droit de redevenir libanais... Sinon, on plongerait le pays dans un problème dont la gravité se passe de preuves.” Fait à signaler: un autre membre du gouvernement, tout en reconnaissant “à toute personne de sang libanais le droit à la nationalité et au droit de vote qui l’accompagne”, a posé des conditions rédhibitoires . Selon ce ministre, l’émigré désireux de se faire naturaliser doit s’exprimer dans la langue maternelle, avoir été inscrit dans une école libanaise à l’étranger et avoir visité, au moins une fois, le pays des Cèdres. Or, les émigrés de la troisième génération n’ont pas eu la possibilité d’apprendre l’arabe dans les pays d’accueil, parce qu’il n’y existe pas d’écoles enseignant cette langue et la plupart d’entre eux n’ont pas eu l’occasion de connaître la mère-patrie... Quant au ministre de l’Habitat et des Coopératives, il réclame le réexamen du projet de loi sur la naturalisation des Libanais d’outre-part, “car il nous faut du temps pour l’étudier d’une manière objective”. A l’instar de son collègue de la Défense, il considère que ce projet a été examiné en Conseil des ministres à la hâte, après avoir été élaboré d’une façon improvisée. On ne peut faire montre de plus de mauvaise foi et de cynisme!


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