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DÉCONFESSIONNALISONS LA NATURALISATION DES LIBANAIS D’OUTRE-MER

Le chef de l’Etat a dit lundi aux émigrés du Brésil, qu’ils pouvaient déjà accomplir les formalités pour récupérer la nationalité libanaise. Or, une campagne est amorcée ici - après avoir été déclenchée en terre brésilienne par un membre de la suite présidentielle - dont le fer de lance est le Parti socialiste progressiste de M. Walid Joumblatt (notre photo). Le Centre libanais pour les études juridiques et économiques met en garde contre l’adoption du “critère de la domiciliation”. En ce sens qu’un émigré doit élire domicile dans la mère-patrie, pour pouvoir redevenir libanais à part entière... Alors que c’est la loi du sang et non du sol qui doit prévaloir.

“Chaque fois qu’une question vitale est soulevée, on fait pré-valoir le sentiment confes-sionnel sur l’intérêt national”, a observé dimanche dernier le cardinal Sfeir. Il a évoqué, notamment la naturalisation des Libanais d’outre-mer, problème faisant l’objet, actuellement, d’une vive controverse. Surtout depuis que le Conseil des ministres a approuvé un projet de loi permettant à nos frères émigrés qui le désirent de redevenir libanais avec leur progéniture. Ainsi, au sein du Cabinet Hariri, les ministres ne sont pas d’accord à ce sujet. Certains membres du gouvernement - et l’un d’eux a accompagné le président de la République au Brésil - a, en quelque sorte, désavoué le chef de l’Etat, en se prononçant en faveur du retrait du projet mentionné, “parce que dans sa forme actuelle il menace l’unité nationale”. Pourtant, les gens du pouvoir ne cessent de ressasser que “les émigrés ont un rôle important à jouer dans l’essor de la mère-patrie et sont appelés à con-tribuer à sa reconstruction”. Comment le pourraient-ils si on les empêchait de reprendre leur nationalité d’origine; de redevenir libanais à part entière? Puis, pourquoi avoir accordé la nationalité libanaise à des milliers de personnes - dont des centaines de Palestiniens - n’ayant pas élu domicile au pays des Cèdres et la refuse-t-on aux Libanais authentiques et à leurs descendants? Parmi les déclarations faites par des hommes politiques et de religion musulmans, la plus étrange est celle de cheikh Abdel-Amir Kabalan, vice-président du Conseil supérieur chiite, qui a dit: “Si on venait à naturaliser des millions de maronites établis dans les pays d’émigration, nous exigerions la naturalisation d’un nombre égal de chiites d’Irak” (sic). Cela est absurde, car ces derniers sont des Irakiens, alors que nos frères de la diaspora ont du sang libanais dans les veines et, par conséquent, ont le droit de récupérer leur nationalité d’origine. “L’Etat a le devoir de la leur accorder”, pour repren-dre les termes du ministre de la Santé. Fait à signaler: après s’être montré enthousiaste pour la naturalisation - au terme d’une tournée dans les pays d’accueil - le ministre des Emigrés, égale-ment membre de la suite prési-dentielle au Brésil, a atténué de son ardeur. Il vient de faire chorus avec son collègue de la Défense, insinuant “qu’on ne doit pas accorder la nationalité libanaise d’une manière anar-chique et arbitraire”. Ces voix discordantes sur-prennent d’autant plus que le président Hraoui n’a cessé d’an-noncer la ratification imminente par l’Assemblée nationale du projet sur la naturalisation et d’engager nos compatriotes vivant en terre brésilienne (et ailleurs) à resserrer les rangs et à former un lobby au service du Liban - “parce que vous en êtes les fils” - pour en faire une force de pression à l’instar du lobby sioniste qui soutient Israël sous tous les cieux... Or, d’après les voix fielleuses qu’on entend ces derniers temps, le projet de loi sur la naturalisation ne semble pas devoir passer comme une lettre à la poste! Surtout après la visite à Beyrouth d’une délégation, de l’association des émigrés libano-arabes qui se signale, notamment, par son anti-libanisme...


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