PLUS DE TROIS DÉCENNIES DE L’HISTOIRE TOURMENTÉE DU ZAÏRE DISPARAISSENT AVEC LA MORT DE MOBUTU DIT LE «LÉOPARD» 
Le maréchal Mobutu avec Nelson Mandela et 
Kabila lors des pourparlers sur l’Outenica. 
Sa toque de léopard et son bâton de maréchal, signes distinctifs qui faisaient partie de sa personnalité, disparaîtront avec lui à l’instar de plus de trois décennies d’histoire contemporaine commencée dans l’allégresse à la faveur d’un coup d’Etat le 24 novembre 1965 et achevée dans la débâcle le 16 mai dernier, début d’un exil qui devait s’achever au Maroc le 7 septembre où Mobutu Sese Seko décédait à 66 ans, à l’hôpital Mohamed V des suites d’un cancer de la prostate. Arrivé au pouvoir le 24 novembre 1965 après avoir été le collaborateur et le fossoyeur de Lumumba, Joseph Désiré Mobutu déjoue, un an plus tard, un complot dont il est l’objet, crée en 1967 un parti unique, le mouvement populaire de la révolution et entreprend dès 1971-72 la zaïration du pays auquel il donne le nom du fleuve Zaïre qui le traverse de part en part. A la suite de deux guerres civiles dans le Shaba, il autorise le multipartisme.

LA CONQUÊTE DU PAYS PAR LAURENT-DÉSIRÉ KABILA
Considéré comme un rempart contre le commu-nisme, Joseph-Désiré Mobutu qui se fait appeler Mobutu Sese Seko, est longtemps sous la protection de la CIA et des puissances occidentales qui le lâchent, progressivement, après la chute de l’URSS. Son bilan est désastreux. Le pays le plus riche et le plus vaste d’Afrique avec un sous-sol qui renferme les plus gros gisements de cobalt, de diamant et de cuivre dans le monde est considérablement appauvri. Il n’a ni armée, ni gouvernement, ni Etat. La dictature instaurée par le maréchal Mobutu n’enrichit que les siens et lui fait amasser une fortune considérable estimée à plus de sept milliards de dollars. L’immense pays est un fruit mûr prêt à tomber dans les mains du chef de l’Alliance des forces démocra-tiques Laurent-Désiré Kabila, au lourd passé de marxiste-maquisard qui mène, dès octobre 1996, la guerre civile dans l’est du pays aidé par les tutsis du Rwanda et les pays limitrophes sympathisant avec sa cause. La conquête du Zaïre par Kabila se fait sans résistance réelle. Les soldats déployés pour le combattre se transforment en pilleurs et accentuent l’humiliation de la déroute. Revenu au pays, Mobutu qui s’est fait soigner en Suisse d’un cancer de la prostate et prolonge sa convalescence en France, tente de redresser la situation en changeant d’équipe gouvernementale, appelant même à la barre son ennemi invétéré le chef historique de l’opposition, Etienne Tsishekedi. En vain. Les jeux sont faits. Kabila est aux portes de Kinshasa. Il ne reste plus à Mobutu qu’à se rendre au Togo et, de là, au Maroc où il achève de mourir. De Mobutu à Kabila, le pays change de main et de nom. Le Zaïre est désigné sous le nom de République démocratique du Congo. Et le transfert de pouvoir se traduit par le transfert de richesses. Les habitants de Kinshasa se plaignent de la présence de militaires étrangers sur leur sol. Leurs vélleités de résistance sont durement réprimées. Pendant ce temps, des dizaines de milliers de réfugiés hutus errent à travers le pays. On signale la disparition ou la mort de quelque deux cents mille d’entre eux. Les enquêtes de l’ONU se font de plus en plus pressantes. Mais qui est donc responsable de ces morts?

 
 


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