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LA CONQUÊTE DU PAYS PAR LAURENT-DÉSIRÉ
KABILA
Considéré comme un rempart contre le commu-nisme, Joseph-Désiré
Mobutu qui se fait appeler Mobutu Sese Seko, est longtemps sous la protection
de la CIA et des puissances occidentales qui le lâchent, progressivement,
après la chute de l’URSS. Son bilan est désastreux. Le pays
le plus riche et le plus vaste d’Afrique avec un sous-sol qui renferme
les plus gros gisements de cobalt, de diamant et de cuivre dans le monde
est considérablement appauvri. Il n’a ni armée, ni gouvernement,
ni Etat. La dictature instaurée par le maréchal Mobutu n’enrichit
que les siens et lui fait amasser une fortune considérable estimée
à plus de sept milliards de dollars. L’immense pays est un fruit
mûr prêt à tomber dans les mains du chef de l’Alliance
des forces démocra-tiques Laurent-Désiré Kabila, au
lourd passé de marxiste-maquisard qui mène, dès octobre
1996, la guerre civile dans l’est du pays aidé par les tutsis du
Rwanda et les pays limitrophes sympathisant avec sa cause. La conquête
du Zaïre par Kabila se fait sans résistance réelle.
Les soldats déployés pour le combattre se transforment en
pilleurs et accentuent l’humiliation de la déroute. Revenu au pays,
Mobutu qui s’est fait soigner en Suisse d’un cancer de la prostate et prolonge
sa convalescence en France, tente de redresser la situation en changeant
d’équipe gouvernementale, appelant même à la barre
son ennemi invétéré le chef historique de l’opposition,
Etienne Tsishekedi. En vain. Les jeux sont faits. Kabila est aux portes
de Kinshasa. Il ne reste plus à Mobutu qu’à se rendre au
Togo et, de là, au Maroc où il achève de mourir. De
Mobutu à Kabila, le pays change de main et de nom. Le Zaïre
est désigné sous le nom de République démocratique
du Congo. Et le transfert de pouvoir se traduit par le transfert de richesses.
Les habitants de Kinshasa se plaignent de la présence de militaires
étrangers sur leur sol. Leurs vélleités de résistance
sont durement réprimées. Pendant ce temps, des dizaines de
milliers de réfugiés hutus errent à travers le pays.
On signale la disparition ou la mort de quelque deux cents mille d’entre
eux. Les enquêtes de l’ONU se font de plus en plus pressantes. Mais
qui est donc responsable de ces morts?