Saturnale


Par MARY YAZBECK AZOURY

100 MILLIARDS DE L.L. OU 60 MILLIONS DE DOLLARS DANS LE CIEL...
Un confrère de langue arabe, “An-Nahar” du lundi 8 septembre, publie l’information suivante: le gouvernement a dépensé cette année en billets d’avion pour les voyages officiels plus de 100.000.000.000 (100 milliards de L.L.) ou 60.000.000 millions de dollars US. Car ces messieurs se déplacent avec beaucoup de panache, leur cour entière englobant familles, ministres, directeurs, attachés, habilleurs, valets de chambre et certains ajoutent, mais cela est non vérifié: coiffeur, maquilleur et médecins... Ceci étant, les gouvernants s’étonnent, ensuite, du déficit budgétaire, bloquent les augmentations et matraquent le peuple de taxes indirectes. L’incroyable, c’est que le peuple accepte de quelques parvenus qui le gouvernent, des abus pour le moindre desquels il aurait en d’autres temps, d’autres lieux décapité vingt rois. C’est la lâcheté infinie de ces Libanais qui rampent devant la force, qui sont impitoyables pour la faiblesse et les fautes, mais indulgents pour les crimes et qui sont patients jusqu’au martyre devant la violence d’un hardi despotisme qui emmène le Liban à cette situation. Le peuple est tombé sous le joug des accapareurs, de filous enrichis qui l’oppressent d’une manière impitoyable.

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VERT, ROUGE... ROUGE, VERT... OU EST PASSÉ LE JAUNE?
Beyrouth se modernise. Les feux de signalisation sont installés dans la capitale. Dans le Beyrouth “développé”, c’est-à-dire Ras Beyrouth, Hamra, Sanayeh, Raouché, Jnah, etc... Les trois couleurs sont bien réglées. Quant à Achrafieh (en voie de développement) essayez de circuler, vers ou à partir de la place Sassine entre 11h et 14h et vous assisterez à la plus grande pagaille jamais vue de mémoire de Beyrouthin, même pendant la guerre... Donc du côté de la place Sassine, on passe du vert au rouge et vice-versa, sans “jaune”... Pour quelle raison? Dieu seul le sait. Donc c’est un peu à l’auto-tampons que l’on joue. L’amusement en moins, l’indignation en plus. Ajoutez un peu d’assaisonnement avec la présence d’un agent de police qui donne des instructions contraires à celles des feux et vous pourrez imaginer un peu les scènes quotidiennes... Selon le code de la route, les instructions d’un agent de police priment sur les signaux routiers... Même si les signaux lui en donnent l’autorisation, un conducteur ne peut s’engager dans un carrefour si, dans la direction qu’il va emprunter, l’encombrement de la circulation est tel, qu’il serait vraisemblablement immobilisé dans le carrefour gênant ou empêchant ainsi le passage des conducteurs dans la direction transversale... Quant aux conducteurs et conductrices, ils n’ont pas l’air d’avoir même remarqué l’installation de ces feux. Il est demandé d’urgence aux autorités d’expliquer ou de sévir...

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CONCERT UNIQUE... UN PEU DE ROSTROPOVICH... UN PEU DE TOUFAYLI...
Cette année a été l’année des festivals au Liban... Un grand bravo pour les organisateurs. Maintenant que la saison est presque terminée, il faudrait établir un bilan et éviter les erreurs accumulées. Tout le monde le sait, la perfection n’est pas de ce monde, mais on peut toujours améliorer et s’améliorer. Ceci étant, il faudrait relever quelques points. Un spectateur qui s’était démené pour avoir des billets pour lui et des amis étrangers pour le concert Rostropovich a eu la surprise d’entendre, pendant plus de 45 minutes, le discours de cheikh Sobhi Toufayli, retransmis par haut-parleur dans Baalbeck. Comme ce groupe n’a trouvé des places que vers la vingtième rangée, il a dû se contenter d’admirer les étoiles dans le ciel au son de la voix de Toufayli... Quant à Rostropovich, seuls les privilégiés de la première douzaine de rangées ont pu l’apprécier. Bravo quand même au Comité du Festival de Baalbeck.

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FESTIVALS, FOLKLORE ET HYGIÈNE...
Quant au Festival International de Byblos, il faudrait que les organisateurs s’y prennent mieux l’an prochain. Les présents ont souffert d’un manque de ponctualité aberrant, des retards dans le spectacle de 1 à 2 heures. De chaises très peu confortables, d’une indiscipline totale des présents dont les téléphones portatifs dérangeaient continuellement et d’un manque d’hospitalité flagrant. Après le spectacle, qui s’est terminé en raison des retards à une heure fort avancée de la nuit, pas moyen, mis à part le Byblos Fishing Club de trouver un bistrot, un café, une trattoria qui leur servent le moindre casse-croûte, ou rafraîchissement. Quant aux sanitaires, mieux ne pas en parler... Or, il existe des sanisettes mobiles que l’on utilise dans tous les pays du monde. Avant d’organiser des festivals, il faut s’assurer du confort des spectateurs dont la plupart sont venus de très loin qui, nature oblige, doivent visiter un certain lieu. Là, à Byblos c’était franchement catastrophique...”

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FESTIVAL DE BEITEDDINE: PLUS DE RIGUEUR CÔTÉ TECHNIQUE! Quant au festival de Beiteddine qui en est à sa énième édition, les organisateurs doivent être impitoyables quant à la qualité technique. Une meilleure sonorisation, une meilleure distribution de chaises. Ne pas tolérer des auditeurs debout, à moins que l’on prévoit un espace pour eux. Et aussi, de meilleurs et plus nombreux sanitaires avec eau courante ne manquant jamais... Il ne suffit pas d’emmener une bonne troupe pour faire la réputation d’un festival. Un festival est un tout: confort, organisation, ponctualité, qualité, discipline ou expulsion des spectateurs insoumis.

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MINISTÈRE DU TOURISME OÙ ÊTES-VOUS?
Tout le monde le sait, le ministre du Tourisme est essentiellement occupé par le développement de sa région... Qu’il lui donne la priorité passe! Mais qu’il s’occupe un peu de la foire qui existe ailleurs! Une dame étrangère qui a voulu assister au festival de Byblos, décide de loger dans le coin pour visiter le lendemain les ruines. Réservation est faite en bonne et due forme. On lui avance le prix de 100$ la nuitée, sans petit déjeuner et sans le service inclus pour un hôtel “dit” 3 étoiles, dont la chambre ne comprend même pas un petit frigo appelé “mini-bar”. Quelle n’est pas la surprise de l’intéressée qui, arrivée sur les lieux veut déposer sa valise et se rendre au spectacle. On exige d’elle, le paiement anticipé de la nuitée, alors qu’on avait relevé toutes les informations nécessaires sur son passeport. Puis le hic! lorsqu’elle demande un reçu, ces messieurs lui répondent “Cela n’est pas nécessaire...” Elle insiste poliment, l’homme excédé lui tourne purement et simplement le dos... Le spectacle devant commencer, elle renonce et se rend à la forteresse. Quant au retour, elle demande s’il est possible d’avoir un rafraîchissement, un sandwich ou n’importe quoi, réponse encore plus sèche ... “Pas de room-service”... Et voilà l’hospitalité new-look. Comme c’est un week-end et qu’elle ne sait à qui raconter son aventure, notre étrangère aboutit chez nous!


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