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Les lustres, les boiseries peintes et les tapis sont un régal pour les yeux. |
Une belle peinture ancienne décorant un coin du salon. |
Chaque 14 juillet, les jardins de l’Elysée accueillent une foule nombreuse. |
DU COMTE D’ÉVREUX AU BANQUIER BEAUJON
En 1718, Henri de la Tour d’Auvergne, comte d’Evreux, voulant acquérir
une demeure digne de son rang, demande à l’architecte Claude Mollet
de lui construire un hôtel particulier dans le faubourg Saint-Honoré.
Elégant et bien agencé, avec des salons d’apparat, le bâtiment
s’ouvre sur un grand jardin côtoyant la place déjà
plantée d’arbres, que l’on commence à appeler Champs-Elysées.
A sa mort, survenue en 1753, le comte d’Evreux lègue son hôtel
à son petit-neveu, mais avec beaucoup de dettes. Pour régler
les échéances de son grand - oncle, celui-ci est obligé
de vendre le domaine et ses meubles.
C’est, alors, que la marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV,
l’achète. Bien qu’elle habite Versailles, elle souhaitait une résidence
parisienne en tant que protectrice des lettres et des arts. Elle décore
richement le palais, mais elle y séjourne très peu, n’ayant
vécu que jusqu’à quarante-trois ans. Quand elle meurt, en
1764, l’hôtel devient la propriété de Louis XV qui
s’en sert comme garde-meubles, avant de le vendre au banquier bordelais
Nicolas Beaujon. Cet épicurien, qui aime les belles femmes et les
plaisirs de la vie, transforme les parterres réguliers du jardin
en bosquets romantiques. Durant les fêtes qu’il organise, on imagine
alors les couples d’amoureux blottis derrière les arbres. A la veille
de sa mort, le banquier fait une dernière affaire en revendant l’hôtel
au roi Louis XVI.
DE LA DUCHESSE DE BOURBON À VIGNY
Le palais de l’Elysée change encore de propriétaire quand
Louis XVI le donne à sa cousine, la duchesse de Bourbon, mère
du duc d’Enghien. Mais la Révolution est proche et en 1793, la duchesse
est arrêtée et ses biens sont mis sous séquestre. Le
parc est ouvert au public et on installe les presses de l’imprimerie nationale
sur les beaux parquets du palais. Cependant, sauvée par la chute
de Robespierre, la duchesse réintègre son hôtel. Elle
n’a plus beaucoup d’argent et pour subsister, elle loue le rez-de-chaussée
à un organisateur de bals nommé Hovyn.
Nous sommes sous le règne du Directoire et le palais retentit
avec la musique des orchestres et les danses à la mode. Mais cela
ne va pas durer longtemps, car rien n’est éternel dans ce monde.
Rappelé à Dieu, Hovyn meurt et sa fille n’a pas la vocation
de son père. Pour mieux rentabiliser l’héritage du Palais,
elle en loue les appartements à des familles parmi lesquelles se
trouvent les parents d’Alfred de Vigny. C’est, ainsi que le futur poète
passera son enfance à jouer dans le parc de l’Elysée.
AUTOUR DE L’ÉLYSÉE-NAPOLÉON
Au début du XIXème siècle, le palais est vendu
à Joachim Murat, maréchal de France et époux de Caroline
Bonaparte. Devenu roi de Naples et devant habiter en Italie, il cède
son domaine à Napoléon. Appelé alors Elysée-Napoléon,
l’édifice qui était très endommagé par les
journées révolutionnaires, retrouve toute sa splendeur. Chargé
de sa restauration, l’architecte Barthélemy Vignon fait construire
le grand escalier d’honneur à deux rampes dont les barreaux en forme
de palmes s’appuient sur des couronnes d’olivier.
C’est à l’Elysée que l’empereur, de retour de l’île
d’Elbe, prépare la campagne des Cent Jours. C’est là aussi
que le 22 juin 1815, il signe son abdication.
Arrivons au 2 décembre 1852 où l’on voit le prince-président
Louis Napoléon Bonaparte, qui est installé à l’Elysée,
réussir son coup d’Etat. Proclamé empereur, sous le nom de
Napoléon III, il quitte sa résidence pour les Tuileries.
Il ne se désintéresse pas, cependant, de l’Elysée
qui devient sous le Second Empire la résidence officielle des souverains
étrangers.
DE MAC-MAHON À FAURE
En 1873, le palais de l’Elysée est définitivement affecté
aux présidents de la République. Adolphe Thiers y séjourne
durant quelques mois seulement, car il préfère demeurer à
Versailles. Le président qui lui succède, Patrice Mac-Mahon,
le grand vainqueur de Magenta, en Italie, habite le palais jusqu’en 1879.
Après Jules Grévy qui renouvelle son mandat à soixante-dix-huit
ans, Sadi Carnot donne à sa tâche un bel éclat, au
double sens de ce mot, puisqu’il installe l’électricité dans
l’ancien hôtel du comte d’Evreux. Son épouse est aussi la
première présidente qui inaugure “l’arbre de Noël pour
enfants pauvres”.
QUELQUES SOUVENIRS MARQUANTS
On ne peut citer tous les présidents qui habitèrent l’Elysée
depuis la fin du XIXème jusqu’à notre époque. Mentionnons,
cependant, quelques souvenirs marquants. En 1940, après le départ
du maréchal Pétain, l’Elysée reste fermé. Il
rouvrira ses portes en 1947 pour recevoir le premier président élu
de la IVe République, Vincent Auriol. Aidé de son épouse
Jacqueline, il rend au palais tout le faste du passé, en organisant
de grands banquets dignes de l’art culinaire français. Par la suite,
René Coty et son épouse s’imposent par leur simplicité,
en donnant des repas par petites tables, beaucoup plus intimes. Ils aiment
faire du jardinage et Paris découvre avec eux le goût des
plantes exotiques.
L’hôte le plus prestigieux que va accueillir l’Elysée,
en 1959, est certes le général Charles de Gaulle. Mais il
n’aime pas ce palais du faubourg Saint-Honoré. Il le trouve trop
somptueux après ses précédents «meublés
de garnison». Les appartements privés qui donnent sur la rue
l’étouffent aussi, car les rideaux sont tirés en permanence
pour éviter les regards indiscrets. Yvonne de Gaulle, elle aussi,
déteste sa nouvelle résidence et bien qu’elle ne se dérobe
pas à ses devoirs, les réceptions lui pèsent.
DE POMPIDOU À CHIRAC
Avec le mandat de Georges Pompidou, en 1969, le palais subit un nouveau
décor très moderne. Il faut dire que Claude, la nouvelle
présidente, se passionne pour l’art contemporain. Dans le grand
salon central, les sculptures de Hans Arp et les toiles de Soulanges côtoient
les boiseries Second Empire, tandis que les meubles de la salle à
manger sont dessinés par Paulin.
Cinq ans plus tard, Valéry Giscard d’Estaing, fait retrouver
à l’Elysée toute son ancienne aristocratie. Il remplace notamment
les peintures d’avant-garde par des tapisseries du XVIIIe siècle.
Avec lui, c’est la première fois que le vieil hôtel se familiarise
avec deux labradors, heureux de gambader sur les pelouses du jardin.
Avec l’actuel président Jacques Chirac, le palais de l’Elysée,
qui n’a subi aucune transformation à l’intérieur, poursuit
magnifiquement la pérennité de ses institutions républicaines.