La
crise socio-économique génératrice d’un marasme étouffant
n’ayant pas eu son pareil en pleine guerre a, croyons-nous, pour origine,
l’oligarchie qui s’est emparée du Pouvoir politique, empêchant
les autres partenaires d’y participer et, partant, d’assumer leurs responsabilités.
Ainsi, le gouvernement agissant selon son bon plaisir et faisant la sourde
oreille aux critiques et aux conseils désintéressés
des experts, s’est avéré incapable d’anticiper les problèmes
pour les résoudre avant leur aggravation.
Ripostant à
ses détracteurs, le Pouvoir les met chaque fois au défi “de
proposer des solutions de rechange”, alors que le gouvernement s’avère
incapable d’anticiper les problèmes socio-économiques, en
vue de les résoudre avant leur aggravation. Et cela se passe de
preuves, la crise actuelle étant la conséquence de la politique
d’improvisation.
Puis, les gouvernants accaparent tous les rouages étatiques
et agissent à leur guise, refusant de partager les responsabilités
avec d’autres fractions, pourtant plus compétentes et plus représentatives.
“Le Liban auquel nous aspirons, a observé un homme politique,
a besoin d’éléments transcendants. Malheureusement, ceux-ci
sont combattus ou empêchés d’agir, alors que les feux de la
rampe sont braqués sur des gens moins qu’ordinaires”.
Justement, la cause du “mal libanais” réside dans l’oligarchie
qu’est devenu le pouvoir politique, dont les rênes sont entre les
mains de ceux qui sont les moins qualifiés pour les détenir!
En fait, c’est le “gouvernement d’un groupe” ayant une tendance déterminée,
se croyant nanti d’une autorité à lui conférée
par les “décideurs”. Ce groupe est atteint du complexe de supériorité
qui se retourne, généralement, comme un boomerang contre
quiconque en est affligé.
Peut-être avons-nous besoin d’un “mouvement de dissidents” pour
nous en débarrasser, pareil à celui qui s’était formé
en ex-Union soviétique après la mort de Staline, en 1953.
Ce mouvement contestataire s’était manifesté parmi les
intellectuels: les Sakharov, Soljenitsyne, Plioutch, Koraliev, Boukovski
et bien d’autres avaient des opinions politiques diverses, mais ceci ne
les avait pas empêchés de militer en vue de faire respecter
la liberté et les droits de leurs concitoyens. C’était, à
leur avis, et ils n’avaient pas tort, le seul moyen de rétablir
le système démocratique qui ramène le pouvoir au peuple,
par le canal de ses représentants authentiques...
Il importe, à présent, que l’intelligentsia libanaise
prenne conscience de sa responsabilité et, se libérant, du
complexe de la peur et de l’esprit défaitiste, lance un mouvement
d’envergure, destiné à remettre le pays du Cèdre sur
le bon chemin.
Au moment de prendre l’avion dimanche pour la Cité du Vatican,
S.Em. le cardinal Sfeir a répliqué, sans les citer nommément,
à ses critiqueurs de la dernière quinzaine. Ceux-ci l’avaient
pris à partie pour avoir décrit la situation interne en des
termes clairs, donnant une image exacte de la conjoncture, surtout en ce
qui concerne la présence de forces non-libanaises sur notre territoire.
“Nous ne faisons pas de la politique, a dit en substance l’éminent
prélat, mais nous nous contentons de rappeler certains principes
indispensables au bon déroulement de la vie politique... Nous espérons
qu’un jour viendra, que nous souhaitons proche, où les Libanais
assumeront toutes les responsabilités et décideront eux-mêmes
du destin de leur patrie... Quiconque pense le contraire, est un défaitiste
ou ne veut pas que son pays recouvre son statut d’Etat libre, indépendant
et souverain.”
Sans autre commentaire! |