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d’un artiste datant de la période grecque et une bibliothèque bourrée de l ivres sur la musique. |
Le salon de Walid Akl où trône son majestueux piano à queue, un “Steinway”. |
de travail: un ordinateur, un fax, un minitel, un appareil photo à trépied et longue vue. |
Comme il nous était agréable d’écrire dans ces mêmes pages il y a 28 ans et, plus exactement, le 8 mars 1969, au lendemain de ce merveilleux récital au Théâtre du Liban, qui est resté vivant dans la mémoire de tous les mélomanes libanais:
WALID AKL, UNE VALEUR ENTIÈRE
L’émerveillement ne cessa de croître tout au long du récital
Walid Akl donné le 4 mars au Théâtre du Liban.
Une salle archicomble (on avait dû placer des chaises supplémentaires
jusque sur la scène) et enthousiaste, acclama le jeune pianiste
qui affrontait pour la première fois le public libanais. Cette réussite
totale, nous la devons en premier lieu à la forte personnalité
de ce musicien qui, d’emblée, a su conquérir son auditoire
et le convaincre.
Walid Akl, en effet, ne possède pas seulement ce mécanisme
parfait qui lui permet de s’exprimer en toute liberté, mais il prouve
encore cette stabilité, cette souplesse et ce dynamisme, autant
d’atouts et de qualité qui font de lui un musicien authentique.
Quand il joue, c’est une source musicale et limpide qui semble jaillir
de ses mains et dont le cours, tour à tour serein, tourmenté,
tumultueux, toujours transparent va nous enchanter avec Bach-Busoni, nous
émouvoir et nous prendre véritablement avec cette grande
“Sonate Funèbre” de Chopin...
Mais au fait Walid, pourquoi cette “Sonate Funèbre” que tu as
inscrite à cette soirée tout au début de ta carrière?
Avais-tu déjà le pressentiment que ta vie de musicien, ta
véritable vocation, serait à ce point si brève?
Dis-nous encore cette “Sonate” que tu as tant de fois jouée
par la suite, était-elle devenue pour toi ce “leitmotiv” qui te
hantait constamment?
Tu sais, tes programmes ont toujours été sévères,
voire austères et il nous fallait à tout moment une grande
attention et beaucoup de concentration pour te suivre, pénétrer
ta pensée intime et profonde.
A l’issue de ce récital, tu te souviens, M. Joseph Zaarour,
alors directeur général de l’Education nationale, te remettait
au nom du président Hélou, la médaille du Mérite
Libanais.
A l’émouvant mot d’allocution qu’il prononça à
cette occasion, louant tes qualités et, par-dessus tout, la fierté
du Liban et particulièrement du Metn - tu es si attaché et
amoureux de ta ville natale de Mhaïdssé, Bickfaya, tu répondais
spontanément, avec simplicité et émotion: “Cette médaille
je la porterai toujours en mon cœur”.
Et de fait, bien que tu te sois établi en France dès
1962, tu n’as jamais oublié le Liban, ton port d’attache.
Ce retour assidu aux sources était pour toi tout à la
fois un pèlerinage, un besoin et un réconfort moral.
Tu nous permettras, n’est-ce pas, d’évoquer quelques moments
d’émotion que nous avons ressentis à l’écoute de quelques-unes
de tes nombreuses prestations.
Mais, auparavant, comment ne pas remercier et consoler, surtout, ton
professeur au Liban, Mme Yolande Sfeir-Anti qui nous pressait toujours
de venir écouter son jeune et talentueux élève.
PLÉNITUDE DE SON, PROFONDEUR DE L’EXPRESSION
... Sensible à l’extrême, ce musicien nous fait partager
ses émotions. Une œuvre jouée par lui prend son sens véritable;
il semble avoir épluché les détails pour poursuivre,
libérer de douter, un rêve intérieur auquel nous prenons
part.
Nous pensons plus spécialement, ici, à cette fantaisie
gigantesque qu’est “D’après une lecture de Dante” de Liszt. Walid
Akl devait nous la présenter avec une entière maîtrise
certes, mais aussi et, surtout, avec conviction et une profondeur de pensée
remarquable.
(G.B. “La Revue du Liban”
NÞ802 du 11 mai 1974)
UN VÉRITABLE ARTISAN DE SON ART À
LA RECHERCHE CONSTANTE D’UNE ESTHÉTIQUE NOUVELLE
A chacune de ses apparitions, Walid Akl nous donne davantage la preuve
de sa conviction de mieux servir la musique et par là, nous communiquer
cette joie intérieure qui est l’émanation même du “Beau”.
...Ce que nous lui devons d’abord, c’est le choix toujours renouvelé
de son programme.
Cette année: “Oratorio en 3 actes de Haydn”, “5 pièces
de Rachmaninov”, “Fantaisie et Fugue” sur “Ad nos ad salutarem undam” de
Liszt Busoni.
Comme il est aisé de le constater, ce sont là des œuvres
colossales hérissées de difficultés. Il n’en est pas
une seule qui ne demande de la part de l’interprète, non seulement
une connaissance parfaite du clavier et une étude approfondie du
texte, mais une endurance à toute épreuve et une concentration
de tous les instants.
Ces qualités se trouvent également réunies chez
Walid Akl qui, dans son jeu, recherche plus qu’une émotion, un équilibre
constant...
(G.B. “La Revue du Liban”
NÞ1729 du 27 mars 1993)
LA DERNIÈRE PENSÉE DE WALID
Du dernier concert auquel nous avons assisté le 26 mai de cette
année à l’amphithéâtre Jean-Paul II de l’Université
Saint-Esprit de Kaslik, nous ne relevons qu’un mot, le voici:
Nous nous devons de saluer, tout d’abord, la très heureuse initiative
de l’artiste et des organisateurs, d’avoir offert les recettes de cette
merveilleuse soirée au Comité des parents de “Jesus and Mary
School” pour l’allocation de bourses scolaires et universitaires.
Un geste qui en dit long.
Ce soir-là, Walid, tu as mérité d’accrocher une
palme de plus à ton brillant palmarès.
... ET LES ÉLOGES DE LA PRESSE INTERNATIONALE
Walid, si tu as conquis le cœur et l’estime des Libanais, ton public
étranger n’était pas en reste.
Quel enchantement pour nous lorsque nous parvenaient de tes nouvelles
d’un peu partout de par le monde.
Nous avons presque toujours eu le privilège de les publier en
primeur dans nos pages.
De ces nombreuses appréciations, nous retenons aujourd’hui deux
d’entre elles qui nous semblent être des plus significatives.
“LA DERNIÈRE HEURE” - BRUXELLES DU 23.10.69
“... S’il a pu être comparé (Walid Akl) au regretté
Dinu Lipatti, c’est grâce à ce don de poésie, à
cette noblesse qu’il imprime à ses interprétations de sonates
de Scarlatti, à cette finesse de toucher...”
“HET LAATSTE NIEUWS” - OCTOBRE 1969
“... Quand Walid Akl se trouve devant son piano, on a l’impression
d’avoir l’image bien connue de Chopin. Le charme visuel est transformé
automatiquement en un charme auditif...
“... Le corps et les bras restent presque sans mouvement, seul en soulevant
et en déplaçant au minimum, ce jeune artiste arrive à
sortir le maximum du clavier. Les complications rythmiques diaboliques
de Prokofiev parcouraient dans une clarté idéale autour d’une
continuation thématique, étaient partout faciles à
suivre et chantaient dans une liberté absolue...”
Nous avons, toutefois, un reproche à te faire Walid.
Tu n’as pas respecté tes engagements des 19 et 20 septembre
à la grotte de Jéïta. Tu étais pourtant si correct
à tes rendez-vous.
Mais pardonne-nous, nous ne savions pas que tu étais convié
à un si “divin concert”...
Les cloches ne cessent à présent de sonner le glas en
ta belle ville de Mhaïdssé.
Mais nos oreilles, elles, sont toutes attentives à l’écoute
de cette remarquable et précieuse intégrale des “Sonates”
de Haydn que tu as préparée et enregistrée des années
durant, avec un soin infini, un amour intense et une absolue fidélité,
pour que nous puissions demeurer constamment en ta compagnie dans la plénitude
et la joie de la musique.
N’est-ce pas là le plus beau des testaments!