|
LE CRÉPUSCULE DU CHANCELIER |
||
Au
moment où l’Europe des Quinze s’apprêtait à Stockholm
à élargir la famille européenne (de 15 à 20
membres), alors que les quarante pays du Conseil de l’Europe délibéraient
en l’absence des Etats-Unis, à Strasbourg, le rôle de cette
organisation et leur attachement à ses principes fondamentaux, à
savoir: La démocratie pluraliste, le respect des droits de l’homme
et la prééminence du droit; au moment où la France
et l’Allemagne œuvrent, inlassablement, à régler leurs différends,
notamment sur le volet social du traité de Maastricht, le crépuscule
du chancelier Helmut Kohl est à plus d’un titre inquiétant.
L’ère Kohl, touche-t-elle à sa fin? Confronté à
la crise socio-économique la plus grave de l’après-guerre,
un chômage record et le coût trop élevé de la
réunification, lâché par l’opinion qui l’accuse de
ne pas avoir tenu ses promesses, le chancelier est en mauvaise posture.
L’Allemagne ne l’est pas moins. Elle ne peut pas plus que la France et
l’Italie respecter les critères du traité de Maastricht pour
entrer triomphalement dans l’union monétaire en 1999.
Cette impasse compromet, sérieusement, la réélection du chancelier Helmut Kohl, placée sous le signe de l’unification européenne. A en croire les observateurs, rien ne va plus pour le chancelier allemand, saisi comme son pays par le doute. Minée par la crise budgétaire la plus forte de son histoire, ébranlée par son différend avec son partenaire français, un des plus proches depuis le traité d’amitié entre les deux pays, l’Allemagne n’est pas au zénith, “l’Empereur Kohl, le Sage de Bonn” qui a battu le record de longévité de Konrad Adenauer, ne l’est pas non plus. Usé par le pouvoir qu’il comptait conserver jusqu’à la fin du siècle, attaqué sur son budget déficitaire, prisonnier d’une majorité ingouvernable, condamné par les sondages, le dernier dinosaure européen subit de plein fouet une crise qu’il n’a pas su éviter, au risque d’être emporté avec le nouveau modèle rhénan qu’il tente sans succès d’imposer. Climat de fin de règne? Helmut Kohl avait les coudées franches tant qu’il permettait
aux Allemands la réalisation d’un rêve national: la réunification
des deux Allemagnes. Sept ans après, il paraît infiniment
plus difficile de les mobiliser sur l’Europe dans un pays où la
récession bat son plein, d’autant plus que son économie,
lourdement endettée, n’a pas engagé, lorsqu’elle en avait
les moyens, les réformes qui lui auraient permis de combler ses
déficits et de se qualifier pour Maastricht. Aujourd’hui, l’Allemagne
est en crise, le chômage élevé a dépassé
toutes les lignes rouges (4.500.000 chômeurs), 12% de la population
active, le plus fort taux jamais enregistré et pour compléter
la série noire des déficits publics, une quasi stagnation
de la croissance pèse de tout son poids. Il n’est pas du tout surprenant
que les Allemands lâchent leur chancelier et que le nombre d’eurosceptiques
atteigne son paroxysme, près de 80% se disent hostiles à
l’Union monétaire prévue pour 1999.
|
“Le chancelier Helmut Kohl a mis la barre trop haut et s’est piégé lui-même. Son gouvernement est aux abois. Il risque de saborder la réunification allemande qu’il a lui même suscitée” Joschkar Fischer
|