Enfin,
le gouvernement reconnaît le gaspillage dans les sphères étatiques
et opte, un peu tard, pour une politique d’austérité, visant
à ramener le déficit budgétaire de 50 à 37,34
pour cent. Comment s’y prendra-t-il, s’il ne recourt pas, comme d’habitude,
à l’institution de nouveaux impôts et surtaxes qui grèvent
le budget des gagne-petits? Le Pouvoir serait bien inspiré s’il
suivait l’exemple de Londres et de Rome, ces deux capitales donnant la
preuve de leur souci de la chose publique et tenant compte, en priorité,
de l’intérêt des citoyens.
Le rapport
présenté, jeudi dernier, à la commission parlementaire
des Finances et du Budget, par les organismes chargés de contrôler
les dépenses de l’Etat, fera couler beaucoup d’encre et de salive,
surtout lors du débat parlementaire.
Car le volume du gaspillage - et des malversations - est tellement
énorme, que les contribuables ont le droit de dénoncer la
politique fiscale du gouvernement dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle
est inique. Puis, les citoyens n’ont plus confiance en ceux qui détiennent
les cordons de la bourse (étatique), du moment que le Trésor
paraît être devenu pareil au tonneau (percé) des Danaïdes.
Il est donc impossible de le remplir, si grand que soit le montant de l’argent
qu’on y verse.
L’Argentier de la République a beau soutenir “qu’il s’agissait
moins d’un rapport de la Cour des comptes ou de l’Inspection financière,
que d’une étude comparative entre les prévisions budgétaires
de 96 et 97”, il n’en reste pas moins que les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Comment justifier le fait pour les frais de construction d’une école
technique d’atteindre 9 milliards de livres, alors qu’ils étaient
estimés, initialement, au tiers de ce chiffre?
Comment les frais d’imprimés du ministère du Tourisme
ont-ils augmenté quinze fois en une année, passant de 40
à 600 millions?
Que dire de la facture inimaginable d’achat d’engrais, de plantes et
de pousses destinés aux jardins du palais présidentiel de
Baabda qui s’est élevée à 142 millions de livres cette
année, contre 60 millions en 1996, celle des jardins du palais du
gouvernement à Sanayeh s’étant élevée à
105 millions, contre 45 millions l’an dernier?
Autres révélations effarantes: le ministère des
Finances a payé un milliard de livres depuis le début de
l’année courante pour des travaux et heures supplémentaires,
contre 400 millions en 1996, alors que 276 dossiers d’adjudications ont
été expédiés en un jour par un département
ministériel, en procédant, naturellement, selon le procédé
du gré à gré!
Sans perdre de vue les frais pharamineux des voyages officiels, les
délégations à l’étranger ayant compté
chaque fois vingt et trente membres.
Des responsables se font accompagner de leur smala (barbier, coiffeuse
et manucuriste compris). Tout ce beau monde voyage aux frais de la princesse,
sans bourse délier et revient chargé de cadeaux et de beaux
souvenirs... Qui paye la facture? Le pauvre contribuable, naturellement
qu’on veut encore plumer...
L’exemple d’austérité et de rigueur dans la gestion de
la chose publique nous est donné par le Royaume Uni et l’Italie.
De fait, une dépêche datée de Londres rapporte que
la reine Elizabeth II a décidé d’envoyer à la ferraille
le “Britannia”, en novembre - à moins de son rachat par quelque
repreneur privé - ayant jugé inutile d’utiliser ce yacht
pour le seul transport de la famille royale.
A Rome, les députés ont rejeté le projet de budget
98, provoquant la chute du Cabinet Prodi... Il est vrai que nous ne sommes
ni à Rome, ni à Londres, mais quand même, il y a une
limite à tout, même à l’indécence... |