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Tenons-nous
bien: après une longue éclipse, le “parrain” russe revient
en force au Proche-Orient pour s’atteler, dit-on, à réactiver
le processus de paix. Seul ou en coopération avec l’Europe et sans
coordonner son action avec les Etats Unis? Et dans ce cas, comment réagira
Washington? Notre photo: M. Evguent Primakov, chef de la diplomatie russe.
Après une longue éclipse ayant résulté de la dislocation de l’ex-Union soviétique, le «parrain» russe de l’opération de paix proche-orientale, prend de nouveau conscience de ses responsabilités et décide de les assumer. De fait, à l’issue d’une visite au palais Bustros, le représentant du gouvernement de Moscou au Liban, a annoncé l’arrivée de M. Evgueni Primakov, chef de la diplomatie russe, à Beyrouth le 24 octobre, dans le cadre d’un périple qui le mènera dans six autres pays de la région: la Syrie, Israël, les zones où se pratique le régime d’autonomie (palestinienne), l’Egypte et la Jordanie. Objectifs de la tournée: examiner les questions d’intérêt commun, échanger les vues sur les moyens de renforcer les relations entre Moscou et les capitales des Etats figurant sur l’itinéraire de M. Primakov et, naturellement, étudier les moyens à mettre en œuvre, à l’effet de sortir les négociations arabo-israéliennes de l’impasse, L’initiative russe intervient au lendemain de deux événements ayant leur importance: Primo, la visite du président Chirac à son homologue de Russie et, secundo, la tenue, la semaine dernière du sommet du conseil de l’Europe à Strasbourg. MM. Chirac et Eltsine ont décidé d’intensifier leur coopération, en vue de trancher les conflits tant régionaux, qu’internationaux. Ils ont réitéré leur détermination à œuvrer ensemble dans ce domaine au cours du sommet et l’ont prouvé, en proposant la mise sur pied d’une «troïka» franco-russo-allemande, celle-ci devant agir au nom de tous les partenaires européens. Ici, une question se pose, d’autant que les Etats arabes demandent avec insistance aux Européens de jouer un rôle plus actif au Proche-Orient: La Russie œuvrera-t-elle en accord avec les pays d’Europe et Moscou se dissociera-t-il de Washington? Il y a lieu de signaler, aussi, le fait pour les Russes de vouloir installer des missiles à Chypre, vraisemblablement, en vue de faire pression sur Ankara et l’amener à favoriser le règlement de la crise chypriote. Les Américains n’ont pas encore réagi, mais ils ne tarderaient pas à se manifester, car ils ne voudraient pas laisser cette chasse gardée, qu’est l’île, leur échapper. Cela dit, on serait curieux de savoir sous quelle forme et dans quelles conditions l’alliance franco-russo-allemande (et européenne, en général) se traduira sur le terrain et si les U.S.A. laisseront les Européens se comporter à leur guise, surtout si ces derniers croient pouvoir prendre l’initiative d’une action unilatérale, sans juger nécessaire de la coordonner avec la capitale fédérale... ... Et dans ce cas, ne faudrait-il pas craindre l’émergence d’une nouvelle guerre froide, dont les peuples de la région feraient les frais? |