Chronique


Par JOSE M. LABAKI  

 

BENJAMIN NETANYAHU FOSSOYEUR PROFESSIONNEL DE LA PAIX

Et d’accentuer: “les gens qui soutiennent le Likoud à travers le monde ont payé pour saboter le processus de paix et pour assassiner Itzihac Rabin.”
Certes, après un conflit de cent ans, une coexistence commençait à s’instaurer entre Palestiniens et Israéliens; il y avait un espoir, une confiance naissante. Le gouvernement Netanyahu a détruit cette confiance réciproque et y a substitué le mépris, le manque de respect et l’arrogance envers ses présumés partenaires arabes.
Contesté par l’opinion israélienne au sein de son propre parti, Benjamin Netanyahu paraît comme étant le fossoyeur professionnel par excellence du processus de paix au Proche-Orient.
Son ministre des affaires étrangères et principal challenger, David Lévy, refuse de négocier avec le numéro 2 de l’OLP Mahmoud Abbas (Abou Mazen) sans un mandat préalable net et précis. Il ne fera aucun pas, sans savoir la véritable position de son gouvernement et les paramètres dans le cadre desquels il pourra agir. “Je ne mène pas une diplomatie privée, dit-il, il faut que tous les sujets de cet entretien soient discutés à l’avance avec B. Netanyahu”. David Lévy se plaint, surtout, d’avoir été écarté à maintes reprises, dès que sont abordées les questions importantes dans les négociations israélo-palestiniennes. Il convient de signaler en l’occurrence que des centaines d’Israéliens (500.000), se sont rassemblés devant la résidence de B. Netanyahu à Jérusalem, en signe de protestation, pour réclamer haut et fort sa démission.
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Au moment où Yasser Arafat plaide auprès de Jacques Chirac et Helmut Kohl, les exhortant à un plus grand engagement de la communauté européenne au Proche-Orient; où les “émissaires-médiateurs” américano-européens et russes effectuent des démarches pour sortir le processus de paix de l’impasse, sur le terrain, les échecs continuent à faire école. C’est un constat dont nul ne sait s’il est temporaire ou définitif. Qu’il s’agisse d’une décision tactique ou d’un tournant stratégique, il est clair désormais que les Etats-Unis, bien qu’ils s’en défendent au quotidien, ont pris acte de leur incapacité à ressusciter le processus de paix israélo-arabe, en déshérence depuis l’arrivée de B. Netanyahu au pouvoir. Martin Indyc, ambassadeur américain à Tel Aviv, l’a reconnu: “Le cœur d’Oslo est cassé”, dit-il. Au terme des accords historiques conclus dans la capitale norvégienne et scellés en grande pompe à Washington en septembre 93, il était promis aux Israéliens la sécurité et aux Palestiniens une autonomie, fut-elle à géométrie limitée, ainsi qu’une voie crédible pour la négociation de leurs droits dans le cadre d’un accord sur le statut définitif des territoires occupés par Israël depuis juin 1967.

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L’infatigable médiateur américain, Dennis Ross, a tenté en vain, dernièrement, à trois reprises, de ramener les anciens partenaires de paix à la table des négociations. Trois essais, trois échecs. Pis encore, le président Bill Clinton se refuse, comme le lui réclame incessamment la communauté internationale et Yasser Arafat lui-même, dans une missive personnelle, à faire pression sur B. Netanyahu et son gouvernement, afin de cesser leur entreprise expansionniste, face à une situation dangereusement bloquée, une bombe à retardement, risquant d’un moment à l’autre d’exploser.
Accusé par les Palestiniens et les Arabes, toutes tendances confondues, de prendre systématiquement parti en faveur de leur allié israélien, les Etats-Unis, principal parrain du processus de paix, prennent acte de leur impuissance et semblent, malgré toutes les apparences, se retirer en douceur du jeu. C’est lamentable et pourtant vrai.
La Communauté européenne, elle, s’engouffre derechef dans la brèche et tente avec l’aide de Moscou, où l’envoyé spécial des Quinze, Miguel Moratinos négocie vainement, de trouver une solution à ce processus de paix moribond. Le ministre russe des Affaires étrangères, Evguéni Primakov, actuellement en mission au Proche-Orient, aurait plaidé auprès du gouvernement israélien la continuité des négociations. Dialogue de sourds, langue de bois?
En effet, le terrorisme partagé d’une part et les actes unilatéraux de colonisation à Jérusalem-Est, en Cisjordanie, au Golan et, ailleurs, créent l’impression que les questions de statut définitif sont prédéterminées et d’autres se trament, pour détruire la confiance sur laquelle reposait le partenariat pour la paix. Face à cette situation dramatique, les deux parties vont devoir agir, Israël en premier, pour reconstruire la confiance. Contraints par l’histoire et la géographie de partager leur destin, Arabes et Juifs accepteront, tôt ou tard, d’imaginer la paix. Aucune autorité, aussi puissante soit-elle, ne pourra le faire à leur place.
La récente tournée régionale de l’émissaire américain Dennis Ross, qui vient de prendre fin la semaine passée, pourrait bien être la dernière, après un périple au Proche-Orient, effectué par le secrétaire d’Etat Madeleine Albright couronné d’échec, indignée par la passivité de B. Netanyahu, face à la crise.
Quant au patron du conseil de sécurité de la Maison-Blanche Sandy Berger, qui dirigea autrefois l’antenne américaine du mouvement “la paix maintenant”, a fait savoir que le président Clinton n’avait pas l’intention de s’engager davantage dans le processus de paix au Proche-Orient, tant que le gouvernement Netanyahu ne s’explique, ce qu’il a fait pour relancer les négociations le dimanche 26 octobre. David Lévy, chef de la diplomatie israélienne a, semble-t-il, reçu le même message maintes fois réitéré de son homologue américain, Madeleine Albright. “Vous connaissez mon numéro de téléphone, lui aurait-elle dit. Lorsque vous serez prêt à stopper la colonisation, appelez-moi.”
Raidissement américain ou scénario? En tout cas, la gestuelle américaine accompagnée du ton le plus acrimonieux qui se soit vu dans les relations officielles entre les deux sempiternels alliés depuis l’époque d’Itzihac Shamir dans les années 91-92, commence à inquiéter les responsables israéliens. Les Etats-Unis continueront-ils à ravaler le processus de paix et assurer leur responsabilité dans cette partie du monde? L’avenir nous le dira.
La menace d’une nouvelle mésaventure au Proche-Orient n’a pas disparu. L’avenir de la paix dans cette région dépendra de la solution définitive qui sera donnée au problème palestinien. Etat palestinien viable ou autonomie élargie, que Yasser Arafat et la Communauté internationale rejettent? Sur cette fin de siècle, les dirigeants israéliens devront trancher, accepter ou refuser le compromis historique avec les Palestiniens dont tous les négociateurs ont discuté depuis 1917. Le partage, ce qui est pour les Ara-bes la Palestine historique, et pour les Juifs, la terre promise biblique, serait-il en route? 

 
 
“Les leaders du Likoud ont cyniquement exploité les attentats, semant la panique dans le cœur des Israéliennes

Leah Rabin
dans “Itzihac Rabin, notre vie, son héritage. Chez Laffont 1997
 

 


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