Le
déploiement en force des effectifs de l’armée et des FSI
à Baalbeck-Hermel dimanche dernier, à l’effet de réprimer
le mouvement protestataire des partisans de cheikh Toufayli, a laissé
craindre des affrontements entre la troupe et les manifestants. Il n’en
fut rien. Si l’on excepte quelques incidents isolés, tout a bien
fini, grâce à la sagesse dont a fait montre le commandement
militaire. Notre photo: les sapeurs-pompiers procèdent à
l’extinction de pneus brûlés à même la chaussée
à Baalbeck.
“Il nous faut,
tout d’abord, rendre hommage à la Grande Muette dont l’attitude
sage et le comportement affranchi de toute irascibilité, ont évité
le pire, dimanche dernier à Baalbeck-Hermel.
Les ministres de l’Intérieur et de la Défense n’avaient
pas besoin: le premier, de proclamer la ferme détermination du Pouvoir
à appliquer la loi et, surtout, à faire respecter la décision
gouvernementale interdisant les manifestations; le second, de suspendre
l’effet des permis de port d’armes durant le dernier week-end, plus précisément
le 26 octobre, date fixée par cheikh Soubi Toufayli, animateur de
la “révolte des affamés”, pour couper les rues du caza au
moyen des toutes sortes de véhicules, dont les tracteurs et autres
machines agricoles.
Cheikh Toufayli avait tenu à préciser que son mouvement
n’était pas dirigé contre les Pouvoirs publics ou plus exactement
contre le gouvernement - comme celui du 6 mai 1992, ayant provoqué
la chute du Cabinet Karamé. Et, surtout, qu’il s’agissait d’un mouvement
contestataire pacifique, en signe de protestation contre la négligence
des doléances des Békaaiotes, dont les conditions de vie
laissent à désirer.
Le “cheikh rebelle” avait également tenu à mettre en
garde ses partisans contre toute voie de fait contre les forces de l’ordre
et les effectifs de l’Armée “qui sont nos fils et nos enfants”.
Les hommes de troupe se conformant, sans doute, à la consigne
du commandement militaire, ont agi avec prudence et sans agressivité.
Aussi, ont-ils empêché toute confrontation et effusion de
sang. Il est heureux qu’on n’ait eu à déplorer aucun accrochage,
si l’on excepte quelques coups de feu tirés dans la région
située entre Brital et le jurd du Hermel, où les habitants
de soixante treize villages du caza ont coupé les routes et brûlé
des pneus à même la chaussée.
Tout s’est terminé par l’arrestation de vingt-trois perturbateurs
et cheikh Toufayli a annoncé “la fin du second round”, en laissant
entendre que ce qui suivrait serait plus grave.”
De plus, il a arrêté un certain nombre de mesures, “destinées
à exercer des pressions sur le Pouvoir, afin de l’amener à
rechercher des solutions adéquates aux problèmes qui se posent
aux citoyens dans leur vie quotidienne”. Parmi ces mesures, il en est une
qui interdit aux ministres et aux députés de se rendre à
Baalbeck-Hermel.
Il n’a pas manqué de rendre hommage à “l’esprit de discipline”
des forces de sécurité et de l’Armée, tout en déplorant
les incidents fomentés par des éléments incontrôlables
Cela dit, et en ce qui concerne l’application de la loi et la décision
gouvernementale de fermer les stations radiophoniques (et de télévision)
ne disposant pas d’une licence en bonne et due forme, on est en droit de
se demander pourquoi la radio du “cheikh rebelle” n’a pas encore cessé
d’émettre... Le président Salim Hoss a bien fait d’adresser
au gouvernement, par le canal de la présidence de l’Assemblée,
une question écrite pour s’enquérir des raisons ayant retardé
l’application de la décision haririenne... Puisse la réponse
du Premier ministre s’avérer convaicante! |