Saturnale

Par MARY YAZBECK AZOURY  
À QUAND “MISS NOMBRIL”?
Le Liban vit à l’heure électorale... des Miss de toutes catégories.
On a eu les Miss Fleurs, Miss Fruits, Miss Beauty, Miss Liban, Miss Blonde, Miss Brune, Miss Rousse. On n’a pas encore eu Miss Grise... et pour cause. Les Libanais qui imitent un peu tout le monde, auraient pu suivre la mode made in USA et élire leur “Miss Granny” ou “Miss Grand Mère”...
Et pendant que nous y sommes, il serait amusant d’élire “Miss Nombril”.
Cela serait pour le moins original...
Au fond, qu’est-ce que le nombril?
C’est la petite cicatrice du cordon ombilical, au milieu du ventre et qu’il est très à la mode d’exhiber... Il y a le nombril tout rond et sympathique, il y a le nombril un peu ovale, il y a même le nombril carré. C’est un peu la seconde figure de l’être humain.
Dis-moi quelle est la forme de ton nombril, je te dirais qui tu es.
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LA COURONNE FLAGEOLANTE
Le Liban est une république et c’est tant mieux... Comme cela, nos gouvernants n’endurent pas le supplice de la couronne qui flageolle, contrairement à nos Miss...
Depuis le temps que l’on organise et que l’on procède à des élections éphémères en tout genre, il ne s’est pas trouvé parmi nos géniaux organisateurs - de futurs Nobels sans doute - quelqu’un capable de concevoir ou de commander une couronne qui reste bien sagement sur la tête des couronnés. A chaque élection, on voit les “reines” en train de gesticuler pour maintenir en place leur couronne éphémère.
Les organisateurs n’ont-ils jamais examiné ou regarder dans un musée quelconque une couronne? Ne savent-ils pas qu’elle tient grâce à un peigne, ou une pince à cheveux ou un élastique ou n’importe quel autre artifice? On a pu alunir, on a envoyé Pathfinder sur la planète rouge, on a obtenu “Dolly” et nos braves Libanais sont incapables d’ajuster une couronne.
Ah! frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie.

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LIBANAIS TARTUFES...
A en croire les réactions des Libanais devant des photos dites pieuses ou des symboles religieux reproduits chez de grands couturiers, dont la majorité d’entre eux est catholique, romaine, croyante et pratiquante on penserait que les Libanais sont de petits saints, qui s’aiment les uns les autres, pratiquent la charité et respectent les commandements de Dieu et de l’Eglise.
Ceci en théorie.
Mais qu’est-ce qu’il en est en réalité?
Ce sont de véritables tartufes, prêts à n’importe quels compromis et compromissions quand il s’agit de leurs intérêts.
A l’heure où la Chapelle Sixtine a retrouvé ses peintures originales, sans rajout et camouflage, nos petits vertueux sont choqués de voir des modèles de grands couturiers représentant des croix...
Or, s’il est vrai que la Croix est un symbole religieux, elle n’est pas pour cela exclusivement l’apanage d’une certaine communauté.
Il y a toutes sortes de croix, y compris les croix qui sont des récompenses attribuées en témoignage d’appréciation. S’il est vrai que le mot croix est associé à la Croix de Notre Seigneur, il faut avoir l’esprit mal tourné pour voir dans chaque élément décoratif une atteinte à une croyance religieuse.
Les Chrétiens ont toujours été réputés pour leur largeur de vue, pour leur joie de vivre, et pour leur tolérance, contrairement à d’autres religions.
Vivre et laisser vivre sans voir le mal, là où il n’y est pas devrait être la règle de tous ces bigots complexés.
Qu’ils commencent à appliquer la règle d’aimez-vous les uns les autres et le reste leur sera donné par surcroît.

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NOTRE PÈRE QUI ÊTES AUX CIEUX
“Restez-y.
Et nous, nous resterons sur la Terre qui est quelquefois si jolie...» chante Jacques Prévert... dans «Pater Noster”.
Qu’en pensent nos Tartufes?
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ITALIA BELLA...
Le Liban vit à l’heure de l’Italie. Après la visite du Premier ministre Prodi et de plusieurs délégations italiennes, le Liban s’apprête à recevoir le président de la République Italienne, qui sera en visite d’Etat du 5 au 9 novembre 1997. Ce sera le couronnement de relations amicales entre les deux pays qui n’ont jamais été meilleures.
D’ailleurs, les Libanais d’aujourd’hui sont de plus en plus italophiles, si l’on croit le nombre d’étudiants inscrits à des cours d’italien et qui affichent complet, dans n’importe quel institut où l’italien est enseigné.
Cette italophilie ne date pas d’aujourd’hui, mais c’est aujourd’hui qu’elle est si apparente. Sans doute l’activité incessante de diplomates chevronnés qui ne ménagent ni leur fatigue ni leur temps y est pour beaucoup.
Comment ne pas aimer un pays où la langue est si belle que pour le mot chômeur, on emploie l’euphémisme “disoccupato” ou désœuvré.

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SÉCURITÉ AVANT TOUT
Une charge de dynamite lancée sur l’AUB.
Une autre charge lancée sur la gare routière Charles Hélou...
Beaucoup plus de bruit que de mal.
Mais là n’est pas la question.
Le problème est qu’il est évident qu’il y a des fauteurs de troubles, des gens qui ne veulent pas que le Liban recouvre toute sa santé...
Elémentaire dira-t-on...
Mais alors, pourquoi tous ces barrages, pourquoi toutes ces forces déployées pour intimider le pauvre citoyen innocent...
Il est évident que toutes les mesures doivent être prises pour éviter de telles bavures.
Mais est-ce prévenir des actions terroristes que de traîner à minuit des jeunes gens ou jeunes filles qui pour tout crime ont oublié soit leur carte grise, soit leurs papiers d’identité.
Evidemment, ils sont coupables, mais d’un péché véniel!
Tout récemment encore, un jeune journaliste a été harcelé  toute la nuit, parce qu’il avait oublié son permis de conduire. Interpellé, il a demandé l’autorisation de téléphoner sur son propre téléphone cellulaire à sa famille qui lui apporterait en moins de cinq minutes le document en cause. L’agent a refusé sèchement. Il l’a traîné au dépotoir où la voiture a été confisquée. Le lendemain, le jeune homme a dû passer la matinée en formalités: aller payer l’amende au Palais de Justice, se rendre au poste de Jeitawi, puis retourner au dépotoir.
L’amende a été payée: 100.000L.L. auxquelles se sont ajoutés des frais divers... En tout 150.000L.L.
Tout au long de son séjour au dépotoir, le jeune homme ainsi que tous les autres interpellés ont été abreuvés d’injures et d’insultes:
“Espèce d’animaux, d’ânes, d’imbéciles...”
Rien que cela.
Il est entendu que les agents n’ont pas été à Eton, Cambridge et Oxford... On ne peut leur demander de se comporter en gentlemen. Ce qu’on exige d’eux c’est un minimum de politesse, auquel le citoyen, même coupable, a droit.
Est-ce trop demander à M. Michel Murr de donner des instructions afin que les Libanais soient traités plus courtoisement, même s’ils n’arborent pas de plaques minéralogiques spéciales ou bleues?


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