LA COURONNE FLAGEOLANTE
Le Liban est une république et c’est tant mieux... Comme cela,
nos gouvernants n’endurent pas le supplice de la couronne qui flageolle,
contrairement à nos Miss...
Depuis le temps que l’on organise et que l’on procède à
des élections éphémères en tout genre, il ne
s’est pas trouvé parmi nos géniaux organisateurs - de futurs
Nobels sans doute - quelqu’un capable de concevoir ou de commander une
couronne qui reste bien sagement sur la tête des couronnés.
A chaque élection, on voit les “reines” en train de gesticuler pour
maintenir en place leur couronne éphémère.
Les organisateurs n’ont-ils jamais examiné ou regarder dans
un musée quelconque une couronne? Ne savent-ils pas qu’elle tient
grâce à un peigne, ou une pince à cheveux ou un élastique
ou n’importe quel autre artifice? On a pu alunir, on a envoyé Pathfinder
sur la planète rouge, on a obtenu “Dolly” et nos braves Libanais
sont incapables d’ajuster une couronne.
Ah! frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie.
LIBANAIS TARTUFES...
A en croire les réactions des Libanais devant des photos dites
pieuses ou des symboles religieux reproduits chez de grands couturiers,
dont la majorité d’entre eux est catholique, romaine, croyante et
pratiquante on penserait que les Libanais sont de petits saints, qui s’aiment
les uns les autres, pratiquent la charité et respectent les commandements
de Dieu et de l’Eglise.
Ceci en théorie.
Mais qu’est-ce qu’il en est en réalité?
Ce sont de véritables tartufes, prêts à n’importe
quels compromis et compromissions quand il s’agit de leurs intérêts.
A l’heure où la Chapelle Sixtine a retrouvé ses peintures
originales, sans rajout et camouflage, nos petits vertueux sont choqués
de voir des modèles de grands couturiers représentant des
croix...
Or, s’il est vrai que la Croix est un symbole religieux, elle n’est
pas pour cela exclusivement l’apanage d’une certaine communauté.
Il y a toutes sortes de croix, y compris les croix qui sont des récompenses
attribuées en témoignage d’appréciation. S’il est
vrai que le mot croix est associé à la Croix de Notre Seigneur,
il faut avoir l’esprit mal tourné pour voir dans chaque élément
décoratif une atteinte à une croyance religieuse.
Les Chrétiens ont toujours été réputés
pour leur largeur de vue, pour leur joie de vivre, et pour leur tolérance,
contrairement à d’autres religions.
Vivre et laisser vivre sans voir le mal, là où il n’y
est pas devrait être la règle de tous ces bigots complexés.
Qu’ils commencent à appliquer la règle d’aimez-vous les
uns les autres et le reste leur sera donné par surcroît.
ITALIA BELLA...
Le Liban vit à l’heure de l’Italie. Après la visite du
Premier ministre Prodi et de plusieurs délégations italiennes,
le Liban s’apprête à recevoir le président de la République
Italienne, qui sera en visite d’Etat du 5 au 9 novembre 1997. Ce sera le
couronnement de relations amicales entre les deux pays qui n’ont jamais
été meilleures.
D’ailleurs, les Libanais d’aujourd’hui sont de plus en plus italophiles,
si l’on croit le nombre d’étudiants inscrits à des cours
d’italien et qui affichent complet, dans n’importe quel institut où
l’italien est enseigné.
Cette italophilie ne date pas d’aujourd’hui, mais c’est aujourd’hui
qu’elle est si apparente. Sans doute l’activité incessante de diplomates
chevronnés qui ne ménagent ni leur fatigue ni leur temps
y est pour beaucoup.
Comment ne pas aimer un pays où la langue est si belle que pour
le mot chômeur, on emploie l’euphémisme “disoccupato” ou désœuvré.
SÉCURITÉ AVANT TOUT
Une charge de dynamite lancée sur l’AUB.
Une autre charge lancée sur la gare routière Charles
Hélou...
Beaucoup plus de bruit que de mal.
Mais là n’est pas la question.
Le problème est qu’il est évident qu’il y a des fauteurs
de troubles, des gens qui ne veulent pas que le Liban recouvre toute sa
santé...
Elémentaire dira-t-on...
Mais alors, pourquoi tous ces barrages, pourquoi toutes ces forces
déployées pour intimider le pauvre citoyen innocent...
Il est évident que toutes les mesures doivent être prises
pour éviter de telles bavures.
Mais est-ce prévenir des actions terroristes que de traîner
à minuit des jeunes gens ou jeunes filles qui pour tout crime ont
oublié soit leur carte grise, soit leurs papiers d’identité.
Evidemment, ils sont coupables, mais d’un péché véniel!
Tout récemment encore, un jeune journaliste a été
harcelé toute la nuit, parce qu’il avait oublié son
permis de conduire. Interpellé, il a demandé l’autorisation
de téléphoner sur son propre téléphone cellulaire
à sa famille qui lui apporterait en moins de cinq minutes le document
en cause. L’agent a refusé sèchement. Il l’a traîné
au dépotoir où la voiture a été confisquée.
Le lendemain, le jeune homme a dû passer la matinée en formalités:
aller payer l’amende au Palais de Justice, se rendre au poste de Jeitawi,
puis retourner au dépotoir.
L’amende a été payée: 100.000L.L. auxquelles se
sont ajoutés des frais divers... En tout 150.000L.L.
Tout au long de son séjour au dépotoir, le jeune homme
ainsi que tous les autres interpellés ont été abreuvés
d’injures et d’insultes:
“Espèce d’animaux, d’ânes, d’imbéciles...”
Rien que cela.
Il est entendu que les agents n’ont pas été à
Eton, Cambridge et Oxford... On ne peut leur demander de se comporter en
gentlemen. Ce qu’on exige d’eux c’est un minimum de politesse, auquel le
citoyen, même coupable, a droit.
Est-ce trop demander à M. Michel Murr de donner des instructions
afin que les Libanais soient traités plus courtoisement, même
s’ils n’arborent pas de plaques minéralogiques spéciales
ou bleues?