MESURE ANTI-DÉMOCRATIQUE 

par EDOUARD BASSIL  
 
Le projet de loi sur les municipalités ne devrait pas passer à la Chambre des députés comme une lettre à la poste. A moins que le mot de passe parvienne, au moment opportun, aux dignes représentants de la nation, leur enjoignant de voter dans le sens souhaité par les “décideurs”!
De fait, le projet en question suscite des réactions en chaîne, toutes défavorables au texte gouvernemental, parce qu’il prévoit la nomination du tiers des conseillers municipaux, ce qui le rend tout simplement anti-démocratique.
Est-il possible que l’Etat marche à reculons? En ce sens, qu’après avoir procédé à l’élection de tous les conseillers au suffrage universel en 1963 - date à laquelle a eu lieu le dernier scrutin municipal - il en nomme le tiers trente-quatre années plus tard?
Quelle explication donner à cette hérésie, hormis le désir des gouvernants d’assurer des sièges à leurs hommes-liges au sein des municipalités dans les grandes villes et les centres d’estivage?
Et pourquoi donc se soucieraient-ils de s’infiltrer, par personnes interposées - et de quel droit? - dans les conseils municipaux, le peuple devant être en mesure de porter son choix, librement, sur ses représentants locaux?
En plus des milieux politiques et parlementaires, l’Ordre des avo-cats a également réagi, en deman-dant à l’Assemblée nationale de rejeter l’article du projet gouver-nemental habilitant le Cabinet à nommer les conseillers.
Faute de quoi, le Barreau invite “les parlementaires soucieux de préserver le système démocra-tique”, à présenter un recours en invalidation sur le projet de loi au Conseil constitutionnel...
Il est curieux que le ministre de l’Intérieur, auteur dudit projet, n’ait pas tenu compte des avis défavorables à son texte, après avoir laissé entendre qu’il y tiendrait compte pour débarrasser ce dernier de ses lacunes... 

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