Editorial


Par MELHEM KARAM 

 
I - NETANYAHU ET LE LAPSUS LINGUAE SCANDALEUX 

Benjamin Netanyahu et la plupart de ses ministres ont voté, par erreur, l’abrogation des ac-cords d’Oslo. Ce fait a embar-rassé Washington qui a exercé des pressions sur Israël pour l’amener à reprendre les négociations avec l’autorité palestinienne, lesquelles ont commencé cette semaine. Un étrange incident s’était pro-duit lundi dernier à la Knes-set, lorsque le Premier minis-tre Netanyahu, un grand nombre de ministres et de députés du “Likoud” ont approuvé, à la demande du “Moledet”, parti extrémiste de droite, une motion réclamant en toute simplicité l’annu-lation des accords d’Oslo et une nouvelle occupation de la ville d’Hé-bron, évacuée par l’armée israélienne durant le premier mois de l’année. 
Bien que le texte de la motion ait été rejeté, définitivement, ce vote a suscité une tension dans les milieux politiques, journalistiques et dans le monde. Les explications fournies par Meir Sheerit, président du rassemblement parlementaire du Likoud, selon lequel le Premier ministre et la plupart des membres du Cabinet Netanyahu ont voté un texte, suite à une “erreur technique”, n’ont convaincu personne, sinon quelques politiciens. Le journal “Maariv” a demandé si cette erreur camouflait un accord secret conclu entre le Premier ministre et le “Moledet”, en vertu duquel ce parti appuierait le gouvernement lors de la discussion, par l’opposition, de sa politique. Ce parti qui a deux députés à la Knesset, est le plus extrémiste en Israël. Il est connu pour son hostilité aux accords d’Oslo et pour toute sorte de négociations avec les Palestiniens. Son président, le général Zeevi, est de ceux qui appellent à l’éloignement de tous les Palestiniens en vue de leur implantation dans les Etats arabes. 
Le lapsus linguae de Netanyahu est inquiétant, car il n’indique pas que le climat est propice à une reprise calme des négociations. Ni que la rencontre d’Abou-Mazen et de David Lévy aux Etats-Unis, sous les auspices de Madeleine Albright, chef du département d’Etat, rencontre qu’Israël s’emploie à ajourner, apporterait beaucoup d’espoirs. Netanyahu accuse les Palestiniens d’avoir refusé de négocier autour de la situation définitive dans les territoires et de n’avoir pas tenu leurs engagements en ce qui concerne la sécurité. Il soutient que les Palestiniens en demandant le retrait de l’armée israélienne des zones “B” en Cisjordanie, ainsi que prévu dans les accords signés, ne songent qu’à récupérer des territoires à utiliser et des droits à exercer, à l’effet de poursuivre la lutte contre Israël. 
Dans une réplique à Netanyahu, le leader de l’opposition travailliste, Ehud Barak, a mis en garde contre le danger de la guerre que provoqueraient l’arrêt et la paralysie du processus de paix. “Le danger, dit-il, est écrit sur le mur”, avant d’ajouter: “Ceux qui sont assis sur les sièges des ministres ne peuvent présenter des excuses quand se produiront les faits effroyables prévus. La guerre, par rapport à ceux qui ont la mémoire courte, n’est pas une promenade touristique”. Ainsi, s’est exprimé l’ancien général qui sait de quoi il parle, en tant qu’ex-chef d’état-major de “Tsahal”. 
Quant à Netanyahu, il a obtenu la confiance qu’il espérait du parlement par 44 voix contre 36, la Knesset comptant 120 membres. Cependant, ce que tous touchent du doigt et ce qui entrave la mission de Lévy, c’est que les tergiversations israéliennes commencent à indisposer Washington. Le ministère américain des Affaires étrangères a demandé à Israël de ne plus perdre de temps. Puis, James Rubin, porte-parole de la Maison-Blanche, a exprimé les souhaits du président Clinton de voir les tractations prendre fin en Israël et la rencontre Lévy - Abou-Mazen à Washington déboucher sur les résolutions attendues avant la fin du mois d’octobre. 
Et David Lévy, quoi qu’il fasse du camouflage, est muni d’une procuration l’habilitant à promettre d’arrêter la colonisation exigée par les Palestiniens, ceux-ci étant soutenus par la capitale fédérale. Comme il porte le calendrier des retraits israéliens des zones résidentielles non mentionnées dans les précédents accords. 
En conclusion et, selon le langage des footballeurs, la balle est, aujourd’hui, dans le camp israélien.

II - AVEC LE PRÉSIDENT ZÉROUAL, MAIS...  

La “journée d’Algérie” devant se tenir lundi prochain 10 novembre, à l’invitation d’éléments sincères, nous sommes tous avec elle. Tous aussi, nous signons la pétition réclamant la formation d’une commission d’enquête, agréée par le gouvernement, appelant à l’arrêt de la sauvagerie, du terrorisme et de la criminalité dans l’Etat frère. 
En ce jour, nous disons aux Algériens et aux Algériennes avec une foi émanant du fond du cœur: “Prenez note de ce que le cœur de tout homme partout dans le monde vous appuie, en vous exprimant son affection, son sentiment et son amitié. Tous les organismes humanitaires sous le ciel, se joignent à vous pour se tenir à vos côtés et aux côtés du Pouvoir à Alger, qui œuvre en faveur de la stabilité et afin de prévenir l’aggravation de la tension, laquelle engendre la violence. 
Tout le monde souhaite que la trêve proclamée par tous les opposants soit une trêve efficace, susceptible de ramener la concorde et la cohésion des rangs en Algérie, cette patrie chère à notre cœur”. Tel est le message de l’amour. 
En ce qui concerne la falsification des récentes élections municipales, le président Liamine Zéroual a répondu en disant que l’opposition démocratique est ouverte à tous. A cette occasion, tout le monde se rappelle ce qui s’est  passé à Belgrade. Mais le chef de l’Etat algérien n’accepte pas le fait d’occuper la rue pour porter le gouvernement à capituler, surtout qu’il s’est soucié de donner aux opposants le droit de manifester. Ainsi, les masses humaines remplissaient les rues sans que le moindre incident y fut signalé ou que soit versée une goutte de sang. 
Le président Zéroual, c’est un fait connu, n’est pas de ceux qui capitulent devant la peur ou sacrifient un gouvernement ayant à sa tête Ben Yéhia parce que deux de ses ministres ont démissionné. La confrontation entre le gouvernement algérien et la rue persiste; quant à son épilogue, peu de gens le connaissent. Si l’opinion publique soutient le gouvernement d’Alger et le président Zéroual dans leur refus de capituler sous les pressions, le terrorisme et les massacres, c’est parce qu’elle appuie le droit des citoyens à une protection et à une sécurité totales. 
Les élections municipales ont porté un message qui ne doit échapper à aucun des responsables. Le boycottage a été pratiqué de bonne foi et doit être ainsi compris, le président Zéroual ayant légalisé maints modèles démocratiques. Il a organisé un référendum constitutionnel ayant débouché sur l’élection d’un chef d’Etat. Puis, il y a eu les élections législatives ayant donné au président un grand crédit populaire. Ainsi, ses charges sont grandes à l’égard de ses concitoyens qui fondent sur lui des espoirs illimités. Ce qui doit être dit dans ce domaine, c’est que les dernières élections auraient produit un plus grand impact, si la proportion de la participation au scrutin avait été plus élevée. 
Aujourd’hui, l’Algérie fait face à une offensive féroce de la part des fondamentalistes et des fanatiques. Le plus important objectif de sa résistance quotidienne doit consister à préserver dans l’Etat les bases de la civilisation humaine: la culture, l’enseignement, le travail, la joie et le bien-être. Et ce, aux fins d’affronter un fait douloureux, à savoir: une politique économique inspirée par la Banque Mondiale et des systèmes institués dans les sociétés privées. Ceci montre qu’à l’intérieur du désespoir et de la perdition sociale, les manipulateurs du fondamentalisme ont toujours mobilisé les militants et les volontaires qu’ils recherchent, pour persévérer dans la violence. 
L’expansion du climat de terrorisme a fait prendre conscience aux Algériens d’une priorité absolue: le besoin de sécurité. Ces sujets ne cessent d’être classés au second degré. Toujours est-il que le dialogue politique ne peut être exclu ou camouflé d’une manière permanente et éternelle. Ce que méritent l’Algérie et son peuple est moins l’intervention, qu’un tribunal pareil à celui de Nuremberg. Car les criminels, ça et là, sont les mêmes, en toute franchise. 
 

Photo Melhem Karam

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