Ce
ne sont pas les détracteurs du Pouvoir qui préconisent “un
changement à partir du sommet de la pyramide”, mais deux membres
du gouvernement, en l’occurrence les ministres de l’Information et des
Transports. Quand ce changement a-t-il quelque chance de se réaliser?
D’après ces derniers, il faudra attendre les élections présidentielles,
dans l’espoir que de nouvelles figures émergeront sur la scène
politique et entreprendront les réformes que les citoyens attendent
depuis belle lurette...
“Il faut reconsidérer
l’ensemble de notre politique”. “Un changement à partir du sommet
de la pyramide s’impose.”
Ce ne sont pas les détracteurs du Pouvoir qui le disent, mais
deux membres du gouver-nement et les plus proches de son chef, en l’occurrence
les ministres de l’Information et des Transports.
Le premier reconnaît qu’il existe des erreurs dans les pratiques
du pouvoir, “car, observe-t-il, le pays doit-être transposé
de l’instabilité à la stabilité politique”. Et d’ajouter:
“Le Liban a franchi un long chemin au cours des cinq dernières années,
mais est appelé à faire face à de grands défis
à l’avenir; il doit se préparer à les relever.”
Mais ce changement tant souhaité et combien nécessaire
“à partir du sommet de la pyramide”, quand s’opèrera-t-il?
Le même ministre insinue que peut-être, les élections
présidentielles entraîneront un changement gouvernemental.
“Il y aurait de nouvelles figures et cela donnerait au Liban de l’élan
pour affronter les échéances régionales”....
Quant au second ministre, celui des Transports, il a reconnu pour la
première fois, au cours de sa conférence de presse hebdomadaire,
que nous traversons une crise très grave: “Il faut la stopper pour
ne pas atteindre la phase du danger. Ceci doit nous amener à reconsidérer
l’ensemble de notre politique.”
Ces deux responsables ont mis du temps pour faire ces constatations.
Mais ils n’ont pas découvert la lune: ces vérités,
bien des hommes politiques n’ont cessé de les rappeler sous l’hémicycle
et en dehors du parlement.
Malheureusement, on leur a tourné l’oreille sourde, en soutenant
mordicus que “tout allait pour le mieux” sous notre ciel!
Pourquoi ce changement de ton de la part des membres du Cabinet, en
ce moment précis et à quelques mois des présidentielles?
Sans doute, les ministres en place depuis tant d’années songent,
à présent, “à la ligne du retour”, comme dit le dicton
populaire et se soucient, naturellement, d’assurer leur avenir politique...
On lira, ailleurs, dans cette livraison, les déclarations du
ministre d’Etat pour les affaires financières et on touchera du
doigt le ton et l’état d’esprit de l’homme, totalement différents
qu’il y a quelques mois.
De fait,il prétend prêter l’oreille à toutes les
propositions et y souscrire, si elles s’avèrent plus valables que
les siennes. De plus, il assure ne pas s’attacher à l’annexe NÞ9
jointe au projet de budget 98, ni aux impôts et taxes qu’elle projette
d’instituer.
Cela dit, il est curieux de relever un changement de ton, aussi, à
la Chambre où le président de la commission parlementaire
des Finances - très proche du palais de Baabda - juge exagérées
les dépenses prévues par le projet de budget. Aussi, invite-t-il
le gouvernement “à les étudier d’une manière plus
minutieuse et, surtout, à les comprimer (dans une proportion de
20%), “sinon la commission se chargera de procéder à la compression
des prévisions budgétaires de l’an prochain” (sic).
Enfin, un parlementaire se réclamant du bloc du chef du Législatif,
a clairement laissé entendre lundi, à l’issue de la réunion
de la commission mentionnée, que “la loi de finances ne peut pas
passer à la Chambre dans sa forme actuelle”...
A son retour de Tokyo, le Premier ministre aura, sans doute, la surprise
de découvrir une Assemblée très peu docile, dont les
membres ne se laisseront pas mener comme des moutons de Panurge...
...A moins que les “décideurs” - toujours eux - recourent à
la politique de la carotte et du bâton! |