Evénements de la semaine
 
D’ERIVAN À TOKYO, VIA TÉHÉRAN ET PÉKIN...
 
A la tête d’une nombreuse suite, le Premier ministre entreprend des pérégrinations au bout du monde, pour soi-disant intéresser ses interlocuteurs à nos problèmes et les convaincre de contribuer à la reconstruction.. Ne serait-il pas préférable de les accueillir dans nos murs - à l’instar du chef de l’Etat italien - où ils ont l’occasion de se renseigner sur nos besoins? Au “Forum des amis du Liban”, 30 pays donateurs avaient promis 3 milliards de dollars qu’on attend, vainement, depuis le 16 décembre 96... Notre photo: M. Obuchi, ministre japonais des A.E. et M. Hariri.

Au moment où le chef du gouvernement entamait sa visite à Tokyo, à la tête d’une délégation de ministres, de conseillers, de hauts fonctionnaires et de l’incourtable directeur de l’ANI, le président de la République italienne débarquait à Beyrouth. Il aura sans doute quitté notre capitale où moment où M. Hariri regagnera ses pénates, chargé d’honneurs, de promesses (d’aide) et de beaux souvenirs...
L’homme de la rue s’interroge sur l’utilité de tels voyages coûteux et pratiquement inutiles, du mo-ment que notre pays n’en a recueilli jusqu’ici que des déclarations d’in-tentions de la part des homologues de notre Premier ministre.
Le Japon, on le sait déjà, a accordé des prêts de près de 120 millions de dollars, destinés à finan-cer des projets d’utilité publique en rapport avec l’environnement et les projets hydrauliques, dont le barrage de Chabroub cher aux députés du Kesrouan!
Est-il nécessaire d’effectuer le déplacement à Tokyo, à Téhéran, à Pékin et ailleurs pour obtenir d’au-tres aides financières ou techniques? De telles démarches ne pourraient-elles pas être entreprises sur place, par l’entremise de l’ambassade de ces pays ou même par l’inter-médiaire des chefs de nos missions diplomatiques qui y sont accré-dités?
A quoi servent donc les ambassades, si ce n’est à de pareilles tâches, ce qui économiserait au Trésor bien des dépenses dont le pays pourrait profiter, alors qu’on surcharge les contribuables de nouveaux impôts et taxes dont les recettes doivent soi-disant combler le déficit budgétaire?
“Nous frapperons à toutes les portes et irons jusqu’en Chine pour obtenir l’appui et l’aide des Etats amis”, assure le ministre d’Etat pour les affaires financières qui accompagne le président du Con-seil dans toutes ses pérégrinations (Lire ses déclarations ailleurs dans cette livraison).
Oui, mais à quoi bon entrepren-dre de si longs voyages, si on devait en revenir les mains vides ou presque? Si l’on excepte les agré-ments de telles visites officielles où on est bien accueilli et royalement servi par ses hôtes qui se distinguent toujours par leur entre-gent et leur généreuse hospitalité...
Au lieu de nous rendre à Rome, le président italien est venu, en personne, à Beyrouth, ce qui lui permet d’avoir une idée nette de la situation et de nos besoins, notamment dans les domaines où les Italiens excellent. D’ailleurs, ils ont déjà mis la main à la pâte en apportant leur contribution à l’œuvre de la reconstruction et à la remise en état de nos infrastruc-tures.
“Etends tes pieds à la dimension de ton tapis”, dit le dicton popu-laire. Pour ne l’avoir pas fait, nos dirigeants se sont aventurés dans des entreprises folles ayant hy-pothéqué le pays pour le présent et l’avenir... Fait curieux: à Tokyo, le chef du gouvernement s’em-ploierait à intéresser ses inter-locuteurs au projet relatif au palais des congrès, en les incitant à participer à son financement...
S’il se préoccupait davantage de ce brave peuple qui n’arrive plus à vivre décemment, la grogne n’aurait plus tendance à s’amplifier et à se généraliser chaque jour davantage... 


Home
Home